Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
En plein cœur de l'Étang de Vase, Eren était à la recherche d'une proie à chasser. Il suivait une piste depuis un certain temps, son museau pointé vers le sol, tout ses sens aux aguets. D'après ce que lui indiquait son flair, le lapin qu'il traquait n'était plus très loin. Il accéléra le pas en arrivant près de larges troncs d’arbres, lorsque soudain, quelque chose se mit à lui encercler fermement l'encolure. Surpris, Eren recula vivement, mais la chose l’empêcha d'aller plus loin. Il essaya encore une fois avec plus de force, seulement, sa patte se retrouvait bloquée à son tour... La peur commençait à la gagner, lorsqu'il se mit à se débattre avec vigueur. Il réalisa rapidement que chacun de ses gestes ne faisaient que de l'emprisonner un peu plus. Déséquilibré, Eren finit par s'écraser au sol, le corps entravé par plusieurs tours de la chose. Sa respiration saccadée, il tremblait de plus en plus fort. Il était tombé dans le piège d'un humain. Il avait beau se débattre dans tous les sens, il ne pouvait pas s'en libérer. Ils allaient finir par arriver. Ils le tueraient pour sa fourrure, ou bien, ils l’emmèneraient avec eux, loin de siens... Que feraient t-ils de lui ? Ils essayeraient de le faire combattre ? Ils l'enfermeraient dans une cage ? Il se voyait déjà dépérir derrière des barreaux, enfermé dans une salle sombre et lugubre. Les humains se rendraient rapidement compte qu'il n'avait rien d'un tueur. Ils s'amuseraient à le torturer, pendant qu'il attendrait de mourir, dans le fond de sa cage. Non... Il ne voulait pas finir ainsi...
Calmant ses esprits, le jeune loup essaya de faire le vide dans sa tête. Pour commencer, il devait arrêter de trembler aussi fort. Il y avait peut-être un moyen de s'en sortir, si il cessait de paniquer. Déplaçant doucement l'une de ses pattes sur le coté, Eren la passa en dessous de la chose, puis la fit délicatement sortir du nœud qui l'entravait. Il attrapa ensuite la chose qui lui serrait la deuxième patte entre ses crocs, puis tira doucement vers l'arrière afin de la libérer. Se contorsionnant vers ses pattes arrières, le jeune loup se mit ensuite à retirer la chose qui les serrait elles aussi. Il se redressa ensuite lentement, se rapprochant au maximum du tronc d'arbre. Il passa alors sa patte avant entre son cou et la chose, puis l'inclina lentement vers extérieur, jusqu'à ce qu'il puisse en dégager sa tête. Il s'assura d'être complétement libre avant d'attraper la chose entre ses crocs puis de la tirer de toutes ses forces vers l'arrière, les muscles bandés. Quelques secondes passèrent avant que la branche qui maintenait la chose ne se brise avec un craquement sonore, laissant tomber le piège à terre. Eren l'attrapa entre ses mâchoires, puis le jeta au loin. Soulagé, il rentra au camps Aldark. Il l'avait échappé belle... A l'avenir, il serait plus attentif.
Eren s'était aventuré hors des terres Aldark, là ou le terrain devenait de plus en plus montagneux. Il avait senti la trace d'une proie, près des falaises, et il l'avait suivie jusqu’ici. Elle semblait s'être réfugiée à l’intérieur d'une grotte, lorsqu'il parvint en haut de l'un des reliefs montagneux. Humant l'air, Eren réalisa que l'odeur était plus forte que jamais. Il s’engouffra à l’intérieur de la caverne à son tour, avançant avec prudence. A l’intérieur, la lumière était faible. Il se repéra à l'aide de son flair, avançant vers le fond. La piste de sa proie était brouillée par d'autres odeurs... Il commençait à se demander si il ne ferait pas mieux de ressortir lorsque tout à coup, un bruit fracassant retentit derrière lui. Il se retrouva alors dans l'obscurité la plus totale. Sentant son cœur se mettre à battre à vive allure, le jeune loup tenta de maitriser sa peur et retourna sur ses pas. Il arriva sans trop de mal jusqu'à l'entrée par laquelle il était passé un peu plus tôt. Visiblement, des pierres en bloquaient désormais l'accès... Elles ne laissaient pas même passer un brin de lumière. Eren tenta de les pousser avec son corps, forçant sur ses muscles. Il resserra les crocs en appuyant fermement sur les rochers, mais aucun d'entre eux ne semblait décidé à bouger. Il était complétement piégé... A moins que la grotte ne dispose d'autres sorties, il ne pourrait pas s'échapper d'ici.
Retournant vers le fond de la grotte, le jeune loup se mit à chercher une autre issue, à l'aveuglette. Il longea chacune des parois, cherchant un tunnel. Il finit par en trouver un très étroit, mais suffisamment large pour le laisser passer. S’aplatissant sur le sol, Eren se mit en suspension sur ses pattes afin d’avancer doucement à l’intérieur du passage. Il ne savait pas ou cela allait le mener, mais il n'avait pas d'autre choix que de le suivre. Il avança donc prudemment. Au bout de plusieurs minutes de marche, il sentit de l'eau clapoter sous ses pattes. Plus il avançait, et plus il s’immergeait dans le liquide froid. Bientôt, ses pattes n'eurent plus aucun appui. Eren n'était pas très rassuré, mais il se mit à nager avec vigueur, continuant son avancée. Il espérait retrouver la terre ferme avant d'être complètement épuisé par la nage. Battant des pattes, le loup blanc sentait ses muscles s'alourdir de plus en plus. Il atteint finalement le sol, un peu plus loin. Les muscles tendus, il marqua une pause avant de continuer. Après un certain temps, le jeune loup fut stoppé par un mur de terre. Était-ce la fin du tunnel ? Il espérait que non, mais tout portait à croire que ce passage ne menait nulle part... Inquiet, Eren se mit à creuser la terre à l'aide de ses pattes. Il continua jusqu'à ce qu'un petit éclat de lumière perce la terre. Soulagé, il redoubla en vigueur, dégageant le passage en creusant toujours plus rapidement. Une fois qu'il eut formé un passage suffisamment large pour le laisser passer, il s’empressa de rejoindre l’extérieur. Il n'avait jamais été aussi heureux de retrouver la lumière du jour.
La faim tenaillait le ventre de l'ours, lorsqu'il avait pénétré sur le territoire des loups. A la recherche de proie, l'imposant animal avançait entre les arbres tout en poussant de terribles grognements. Fracassant un arbuste sous ses pattes, il se redressa pour déclarer son imposante présence à tous les loups des alentours. Ils ne lui faisaient pas peur, et si ils tentaient quoi que se soit pour l’empêcher de se nourrir, il les briserait entre ses crocs... Il était déjà bien assez en colère pour ça, sans compter qu'il ne trouvait aucune proie. Sa faim était trop forte ! Si il ne pouvait pas chasser, alors il irait dévorer tous les loups qu'il croiserait jusqu’au derniers ! Ils avaient si bien marqué leur territoire que les retrouver ne lui serait d'aucune difficulté.
Commençant à courir, l'ours se mit à écraser violemment tout ce qui se trouvait sur son passage. Il était presque arrivé jusqu'aux tranchées, la bave au coin de la gueule, lorsqu'il aperçut un jeune loup blanc s’élancer dans sa direction. Le voir se diriger vers lui, les crocs sortis, lui donnait presque envie de rire... Ce gamin chétif croyait vraiment pouvoir l'arrêter, lui ? Cet imbécile allait bientôt finir broyé entre ses mâchoires. Accélérant l'allure, l'ours fonça droit sur lui. Lorsque le loup arriva à sa portée, il releva la patte afin de l'écraser lourdement au sol, mais sa cible lui échappa de justesse. Agacé, l'ours commença à se tourner dans la direction ou le loup avait sauté. Il sentit soudain des crocs lui entailler profondément la chair de la hanche. Poussant un grondement de rage, le grand prédateur se débattit férocement. Il vit alors le loup sauter au sol d'un bond pour se mettre à courir dans le sens opposé à celui de sa meute. N'écoutant que sa colère, l'ours s'élança aussitôt à sa poursuite. Ce sale insecte serait le premier à mourir ! Dans sa course, le loup blanc ne semblait pas très agile, mais il parvenait à se tenir hors de sa portée, pour le moment. L'ours continua de le suivre. Ils quittèrent bientôt les terres de la meute, se dirigeant vers des récifs montagneux. Devant lui, le loups n'était toujours pas fatigué, mais il avait commencé à ralentir. Sans s'en rendre compte, l'ours s'était mis à arpenter une petite falaise. Lorsqu'ils arrivèrent tous les deux au sommet, il vit soudain le loup s'arrêter, près du bord. S'imaginant déjà le déchiqueter entre ses griffes, l'ours accéléra l'allure. Lorsqu'il arriva près du bord, il vit le loup bondir vers l'arrière. Il tenta de le suivre, mais le sol, fragile, se déroba sous ses pattes. Sentant son corps tomber dans le vide, l'ours poussa un grognement de fureur. Probablement le dernier.