Midona & Sokka & Torak & Epsilon

La nuit régnait au-dehors, la lune surplombait les terres Sekmet et le silence avait envahi les lieux. Nombre de loups dormaient, mais pas Midona. Allongée sur le flanc dans sa tanière et se blottissant contre son compagnon, la louve haletait, déjà épuisée. Son flanc se soulevait au rythme rapide de son souffle. Les contractions étaient arrivées en fin d’après-midi, et depuis elle souffrait un peu plus à chaque minute qui s’écoulait. La jeune louve n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Allait-elle mourir en donnant naissance à ses petits ? Et si eux mourraient ? Une nouvelle contraction arracha un autre gémissement à la louve. La présence d’Epsilon la rassurait un peu. Elle savait qu’il était à ses côtés pour la soutenir. Elle releva la tête et la posa sur l’épaule de son compagnon. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’ils allaient avoir des petits et devenir une famille. Serait-elle à la hauteur ? C’était ce qui la terrifiait, mais elle savait qu’Espilon, lui, serait un père parfait.
Un instant plus tard, le premier louveteau sortit. Une petite boule de poils noire, qui poussa un petit cri aigu dès qu’il toucha le sol. Midona se redressa à moitié, observa quelques instants le louveteau minuscule aux yeux encore clos. C’était son petit, son fils. Alors qu’elle avait redouté ce moment tout au long de sa gestation, la louve se sentait désormais infiniment heureuse. Sentant un instinct primaire s’éveiller en elle, elle s’empressa de réchauffer le louveteau à grands coups de langue affectueux, avant de s’en saisir délicatement dans sa gueule pour le reposer doucement au niveau de son ventre. Aussitôt, le petit bruyant se dirigea vers ses mamelles et se mit à téter.
Mais alors qu’elle pensait que c’était tout, Midona eut de nouvelles contractions. Et bientôt arriva un second louveteau. Celui-ci avait, à l’opposé de son frère, un pelage blanc comme neige. Il poussa à son tour des petits piaillements à son arrivée en ce monde, et Midona s’en occupa de la même manière, le léchant pour le réchauffer et l’amenant aux côtés de son frère, qu’il rejoignit en se nourrissant à son tour.
Midona observa ses louveteaux, deux petits mâles, qui commençaient à s’endormir contre elle, se blottissant dans sa fourrure. Les yeux de la louve brillaient d’amour pour ces deux petits êtres qu’elle venait de mettre au monde. Elle, l’ancienne solitaire qui détestait les autres loups et souhaitait vivre seule ne pouvait désormais pas s’imaginer vivre sans Epsilon et ces deux boules de poils qu’elle se jura à cet instant de protéger au prix de sa vie. Ils étaient une famille désormais. Et elle ferait tout pour sa famille.
Se tournant vers son compagnon, elle lui donna un grand coup de langue affectueux sur le front.
«Je t’aime., lui murmura-t-elle.
Voyant que celui-ci semblait quelque peu hésitant, elle étira un léger sourire.
-Tu peux les approcher, ils ne vont pas te manger., se moqua-t-elle.
Elle frotta sa tête contre son encolure avant de reporter de nouveau son attention sur les louveteaux qui s’étaient désormais assoupis, repus.
-Tu as vu, ils sont comme nous. L’un au pelage blanc immaculé, l’autre au pelage d’ébène., ajouta-t-elle.
Elle désigna le petit noir du museau.
-Celui-ci s’appellera Sokka. Une idée pour le second ?», demanda-elle en se tournant vers Epsilon.

Torak & Midona & Sokka & Epsilon

Torak arriva dans ce monde d'une manière soudaine. Il sortit du cocon protecteur dans lequel il avait passé ces deux derniers mois, quitta la chaleur et le calme du ventre de sa mère pour émerger ici, dans sa nouvelle vie. Il voulut protester, ouvrit la gueule et inspira pour la toute première fois. L'air brulant du dehors envahit ses poumons, lui éveillant un petit cri de douleur. Toutes les sensations l'agressèrent en même temps. Le froid qui le mordait, traversant son duvet de louveteau. Les odeurs à en perdre la tête qui agressaient son minuscule museau noir qui s'agitait en tous sens. La surface dure et froide de la roche sous ses pattes encore incapables de le porter. Il venait de naître mais il n'avait qu'une envie: partir loin de toutes ces choses étranges, revenir dans ce cocon qu'il aimait tant.
Puis, soudain, une langue râpeuse lui ébouriffa les poils, ne cessant de le harceler mais lui donnant à la fois un grand sentiment de réconfort. Le monde était encore noir pour lui, ses paupières le protégeant des lumières de l'extérieur encore trop éclatantes pour ses yeux. Mais il sentait que la mâchoire qui venait de le saisir était douce et attentionnée. Il fut posé contre une énorme masse de fourrure, dans laquelle il se blottit avant d'être attirée par une odeur appétissante. Rampant précipitamment vers cette dernière, il se cogna dans une autre petite masse agitée tout comme lui, et l'imitant, il se mit à téter le lait chaud qui lui permettrait de devenir un louveteau fort.
Le petit but longuement, avant de s'arrêter, repus, pour aller se blottir contre sa mère et son frère, savourant le contact doux et réconfortant de leurs pelages contre le sien. Là, à l'abri de ce monde qui attendait qu'il grandisse pour l'explorer, dans la tanière de la famille qu'il aimait déjà, le louveteau s'endormit paisiblement, apercevant déjà quelques bribes des rêves qui animeraient sa première nuit ici bas.