Toujours pleine d’énergie après une chasse bien mouvementée, je restais dans le sous-bois pour m’entrainer un peu. Je parcourais les environs du regard. Il allait bientôt faire nuit. Le vent soufflait doucement, et le soleil déclinait peu à peu. Une petite course ne me ferait aucun mal. J’avais besoin de me vider l’esprit. Elle qui hantait mes pensées jours et nuits. Désire de la revoir, de la rejoindre. Mais mon heure n’était pas encore venue. Je devais attendre, et attendre sans rien faire n’est pas dans mon habitude.

Le sol était sec. Les feuilles étaient éparpillées sur le sol dur. L’adrénaline montait à toute vitesse. Un sentier. Personne autour de moi. Seule. Je m’élançais sur le chemin. Faisant voler les feuilles mortes, j’accélérais. Mon cœur s’emballait. Ma respiration devenait de plus en plus forte. Je ne devais pas abandonner toute de suite. Mes coussinets me brulaient. Mes muscles étaient tendus. J’en voulais plus. Souffrir pour être meilleure. Je devais me surpasser.

Je voyais des petits rochers me barrer la route. Ne voulant pas faire un détour, je sautais par dessus. Fière de ce que je venais de faire, je continuais. Puis ce fut le tour de plusieurs petits troncs d’arbres, bandant les muscles de mes pattes arrières j’effectuais un saut plus haut que le précédent. Mais ce n’était pas encore fini, une multitude de petits débris jonchaient le sol. Je n’avais pas d’autres choix que faire du saut d’obstacle. A chaque amortissage, mes pattes avant souffraient. Je pris connaissance de muscles dont je ne soupçonnais pas l’existence. Le dernier obstacle qui me barrait le chemin pour retourner à la meute était un tronc immense. J'accelerais ma course au maximum. Je ne voulais pas échouer. Mes pattes arrières accroupies, je laissais mes muscles se tendre. Malheureusement pour moi, ma poussée n’était pas suffisante pour franchir l’obstacle.

Je m’écroulais. Mon cœur battait la chamade. J’avais du mal à reprendre mon souffle. Je tournais la tête pour voir la distance que j’avais parcourue. C’était la première fois depuis sa mort que j’avais autant couru. Levant la tête vers le ciel. Une pensée pour celle qui avait toujours étée à mes côtés.

A la fin de ma pause, je me relevais. Ma respiration était pratiquement redevenue normale. Mes pattes me faisaient souffrir. Cela ne m’empêcha pas de retourner auprès de ma meute.

Après une nuit agitée, je me levais péniblement. Le regard toujours un peu fatigué je secouais la tête. C’était encore une journée sans pluie. Je trottinais, sans vraiment savoir où aller. Mes pattes me guidaient. Le paysage défilait devant mes yeux encore endormis. J’aperçus à la dernière minute un arbre qui était au sol. Pilant juste à temps, j’observais le tronc imposant. Une idée me vint en tête. Depuis la mort de ma sœur, je désirais me venger. Mais jamais je ne m’étais entraînée pour ce jour. Si je voulais gagner, je devais devenir plus forte.

La rage prit petit à petit contrôle de mon corps. Mes crocs sortaient de ma gueule. L’arbre qui était coupé en plusieurs petits morceaux. Je pris une petite souche, mais qui était tout de même suffisamment lourde pour développer ma musculature. Je pris la branche qui était encore accroché et me mit à tracter la souche. Mes pattes s’enffonçaient dans le sol. Je pouvais sentir mes muscles se contracter à chacun de mes pas. Je glissais, trébuchais, mais continuais quand même. Plusieurs creux parcouraient le chemin que j’empruntais avec mon morceau d’arbre. A chaque trou, la souche me demandais plus de force pour la sortir du creu. C’était une épreuve difficile mais je savais que je pouvais y arriver.

Je faisais des détours pour éviter les obstacles. Puis d’un coup le débris d’arbre s’accrocha à une racine. Il était pris au piège. Je ne voulais pas le laisser ici comme ça. Tout ce que j’aurais fait n’aurait servi à rien. Avec mes pattes je me mis à creuser autour de la racine. Quand cette dernière fut dégagée, je me mis à pousser avec mon corps la souche. Elle recula avec succès. Mes muscles tremblaient. J’avais plus que mal à tous mes membres. Je marchais avec beaucoup de difficultés, mais je prenais sur moi. Je repris ma souche pour continuer mon trajet, mais mon corps refusait de m’obéir. C’était fini pour aujourd’hui.

Ce que j’avais fait précédemment n’était pas suffisant pour que je sois en mesure de battre quelqu’un. Je devais recommencer avec plus d’acharnement. Je pris un sentier différent du précédent. Le sous-bois était en perpétuel changement, rien n’était identique à ce qu’on avait vu la veille. Je commençais à trottiner doucement pour m’échauffer tous les membres. Le sol était boueux, mes pattes s’enfonçaient progressivement dans le sol. Il était difficile pour moi d’augmenter ma vitesse sans glisser. Mais je ne laissais pas la nature m’arrêter.

Je courrais de plus en plus vite, contournant tous les obstacles. A chaque rocher que je slalomais, mes pattes glissaient dans la boue et me faisaient tomber. Elle était collante et visqueuse. Je détestais cette sensation d’être prise au piège. Je pouvais entendre le rire de la nature, et cela me mettais en colère. Je ne voulais pas la laisser prendre le dessus sur moi. Je me relevais à chaque fois, courant plus vite. Sautant par-dessus chaque tronc d’arbres. Certes, je m’écrasais au sol, mais je n’abandonnais pas. La boue s’accrochait à mes pattes, alourdissant mes pas. Cela me faisait des poids parfaits pour augmenter ma force. Ma rapidité diminuait à cause de ce handicap, mais pas ma détermination.

Je fonçais sur les branches qui me barraient la route, sautant par-dessus, toujours un peu plus loin à chaque fois, toujours un peu plus haut. Je pouvais sentir mes muscles se contracter à chaque fois que je passais les difficultés. Je remarquais que depuis la dernière fois, je m’essoufflais moins vite. Heureuse de cette constatation je continuais plus énergiquement.

Puis j’arrivais sur le « parcourt du combattant ». Des troncs allongés sur le sol, des débris de carcasse métallique parcouraient le sol boueux. J’accélérais ma course. Creusant sous chaque gros tronc pour pouvoir passer par-dessous le plus vite possible. La boue qui était collée sur mes pattes me ralentissait fortement ce qui me demandait plus de force pour traverser chaque obstacle. Contournant deux fois chaque rocher qui se trouvait sur la piste. Mon cœur palpitait à toute vitesse. Je sautais par-dessus les petites branches. Je dérapais de plus en plus. J’avais mal. Mes sauts devenaient de moins en moins précis. Mon regard commençait à se troubler. Je n’en pouvais plus. Mon entrainement s’arrêta ici.

Je m’étais rendu à mon endroit habituel pour mon entrainement journalier. Je parcourais les environs à la recherche d’un entrainement à faire pour continuer ma progression. Je ne mis pas longtemps à trouver un rocher plutôt moyen et parfaitement rond. Il était en bas d’une pente assez impressionnante.

Je commençais à pousser la boule à l’aide de mon corps. Elle avait beau être petite, cela n’empêchait pas qu’elle soit lourde. Je devais faire extrêmement attention à ce que je faisais. Un seul faux pas et le rocher m’écraserait une patte. Mes pas étaient lents et lourds. Mes muscles avaient déjà atteint leur limite. Continuant mon chemin, je sortais les griffes pour m’accrocher au sol et ne pas glisser. Le rocher roulait doucement, la pente se faisait plus ardue que je ne l’avais imaginé. Tout mon corps tremblait sous le poids du rocher.

Puis le caillou se stabilisa. Il refusait de bouger d’un millimètre. Prit au piège dans un trou. Je redoublais d’effort pour le pousser plus fort et continuer mon chemin. Je le poussais encore et encore. Mais il ne bougeait toujours pas. Je me mis donc à creuser devant le rocher pour le dégager. Je continuais ma tranchée, qui me mena jusqu’au sommet. Le sol était sec et dur. Mes coussinets étaient chauds comme la braise. Je me replaçais derrière le rocher et me remis à le pousser. Il poursuivait parfaitement la tranchée que j’avais faite. Je n’avais pas fait attention au temps que j’avais mis pour effectuer ma fosse. Je poussais toujours avec autant de force. Essayant d’atteindre le sommet. A chaque pas, j’avais l’impression qu’il s’éloignait davantage. Je poussais toujours plus fort jusqu’à atteindre mes toutes dernières limites sans jamais voir l’extrémité de la montée. Je ne perdais pas espoir, je savais que je pouvais arriver à la cime du chemin.

Poussant toujours plus fort, les griffes encraient dans le sol. Je marchais jusqu’à atteindre mon but. Le rocher une fois en haut de la montée, je m’écroulais. Mon corps ne pouvait plus soulever mon propre poids. J’attendais ainsi jusqu’au lendemain.

Faible. Je marchais. Sans savoir où j’allais je continuais. Toujours faible. Cela n’allait pas durer. Furieuse de ma faiblesse je me mis sur mes pattes arrière et frappa un arbre assez fin de toute mes forces. Rien ne se passa. Furax qu’il tienne encore debout je continuais mon œuvre. L’écorce commençait à se fissurer. Folle de rage je continuais à pousser et pousser de toute mes forces. Il tremblait partiellement de temps en temps. Même les feuilles ne tombaient pas sous le poids que j’exerçais.

Je retombais sur mes pattes, tournant en rond. Je voulais l’abattre. Je regardais le sol et compris que je devais creuser autour si je voulais le mettre à terre.

Mon œuvre commença, grattant autour du tronc, arrachant les racines à l’aide de ma mâchoire. Une tranchée commençait à se former autour du petit arbre. Je me levais de nouveau recommençant à pousser l’arbre à l’aide de mes pattes avant tel un ours. Donnant plus de force à chaque coup il tremblait légèrement plus. Mais rien d’admirable. Les feuilles restaient toujours accrochées à l’arbre.

Ma colère était ma source d’énergie, fatiguer de tous mes efforts je ne voulais pas que cet arbre gagne contre moi. Je recommençais à creuser autour de l’arbre, une tranché plus profonde. Les racines se faisait plus grosse, me donnant plus de difficulté et plus de force de la mâchoire pour les arracher. Je devais même les mordiller et les griffer pour que cela soit plus facile pour moi. Le gout de la sève restait dans ma gueule, c’était infecte, mais rien n’allait me décourager. J’avais fait un trou plus large et plus profond. Je me remis alors une troisième fois sur mes pattes arrière. Poussant le tronc avec ce qui me restait de force. Il bougeait, mais tenait encore en plus. Je continuais à le pousser encore et encore, des feuilles tombaient sur mon museau. Je regardais la cime de l’arbre et recommençait. Je voulais qu’il tombe. L’écorce se brisa sous mes pattes tombant dans la tranchée que j’avais faite. Je continuer sentant le tronc vaciller. Je devais y mettre plus de force. Mais mes muscles refusaient de continuer leur œuvre. Je ne pouvais plus donner un seul coup ou gratter encore une fois la terre. Je retombais alors sur mes pattes, restant immobile. Puis m’écroula sur le sol. Je regardais tous les efforts que j’avais fourni, mais même avec cette sécheresse, l’arbre était plus fort que moi. Un jour je le dépasserais, mais pour cela je devais m’entraîner.

Mes forces était revenues assez rapidement. Je ne voulais pas refaire le même exercice donc je marchais doucement ne voulant pas me fatiguer trop rapidement. J’arrivais dans un endroit avec des arbres déraciné et coupé en plusieurs morceaux. Des souches étalées un peu partout autour de moi. Je m’avançais et une idée me vint en tête.

Je m’approchais de l’un d’eux, baissa la tête, et me mit à pousser celle qui était la plus imposante de toute. Lourde et difficilement maniable je la poussais de toute mes forces. Ne voyant pas où j’allais, je levais la tête de temps en temps pour voir ma trajectoire. Je continuais ainsi durant une bonne demi-heure, mes forces commençaient à m’abandonner. Les racines marquaient le sol et souvent s’accrochait me demandant une poussé plus importante. Les oreilles en arrière, des petites touffes de poils rester dans l’écorce de la souche. Ma respiration devenait plus forte qu’avant. Je continuais malgré la souffrance qu'éprouvait mes muscles. Je compris que je n’étais pas complètement remise de mon entraînement de la matinée. Mais je ne voulais pas laisser cette chose au milieu du passage ou je me trouvais, cela pouvait être dangereux pour les autres membres de la meute. Avec mes toute dernière force je la poussé à l’aide de ma tête jusqu’à l’amener dans un coin. Épuisée, l’estomac vide, je retournais au galop à la meute pour remplir mon estomac et reprendre des forces pour mon prochain entraînement.

Sueur sur le front, je me réveillais tétanisée. Sortant de mon antre, la lune éclairait mes gouttelettes. Le cœur battant à toute allure, je me mis à marcher doucement pour reprendre mes esprits. Puis, tapis au fond du sous-bois, un chevreuil manger tranquillement l’herbe humide. Je m’approchais doucement, le ventre frôlant le sol. Un caillou. Un bruit. Sa tête se releva en un instant, humant l’air, et partit en courant. Je le poursuivis. Courant le plus vite possible, mes foulées s’allongeaient, me donnant plus de rapidité, mais il aller encore plus vite. Je ne devais pas laisser tomber et contrôler mon rythme cardiaque, espérant qu’il ne s’épuise avant moi.

L’espoir aux aguet, je commençais à faiblir, mais pas lui. Ce n’étais pas le moment de le laisser prendre l’avantage sur notre course, j’avais une dignité. J’accélérais le pas. Sautant par-dessus une branche, puis un buisson. Je fini au milieu de plusieurs cadavres de fer. Le mammifère slalomé avec une agilité impressionnante. Cette pommade était devenue une partie de chasse, mais finalement, ce chevreuil devint mon maitre d’entrainement pour m’aider à accroitre mes capacités de course.

Bandant les muscles de mes pattes arrière de saute sur le dos d’un cadavre, avec un deuxième saut sans reprendre mon souffle je descendis de la montre inanimée. Il avait repris de la distance et mon souffle devenait saccadé. Ma vision se brouiller, et ma tête tournait. La lune commençait à disparaitre, mais je ne voulais pas arrêter. Mon mental devait prendre le dessus sur mon corps. Je m’arrêtais une second, secouant la tête dans tous les sens. Ma vision revenait et je repartis immédiatement à la recherche de mon adversaire. L’odeur nauséabonde caché celui de mon rival du soir. J’aperçut ses oreilles derrière un chevaucheur. Je ne cherchais pas à me dissimuler, courant vers lui, il repartit tout de suite et notre course débuta de nouveau. Mon corps était lourd, la faim me gagnait. Je ne pouvais pas continuer ainsi. Laissant le gibier s’en aller, je continuer ma course vers la meute.

Traversant de nouveau le sous-bois, je sautais par-dessus un petit arbre qui me barrait le chemin. Le cœur battant à toute vitesse, j’avais du mal à reprendre mon souffle. Le soleil pointait son museau sur les montagnes, la meut allait se réveiller et moi j’allais me coucher.