Je reniflais la brise nordique. Je ne percevais rien d’autre que l’odeur éventée de l’homme et celle un peu plus présente du gibier. Je me détendis un peu. Je passais ma langue sur mon poil rêche et entrepris un petit brin de toilette. Le léger vent frais glissait sur mon museau et m’apporta soudain un parfum différent de tous ceux que j’avais pu renifler ici jusqu’à présent. Je dressai les oreilles et parcourrai les alentours d’un regard perçant. Je reculais prudemment en veillant à ne rien piétiner. Je me tapis au pieds d’un arbre. Je levais les yeux sur ses branches nues et maigrichonnes qui frémissaient sous la brise et cette vision m’inquiéta. Je n’étais pas à l’abris. Et mon flair m’indiquait la présence d’un autre loup, enfin d’une louve. Je m’enfonçai un peu plus dans le sol boueux à cet endroit et retins ma respiration. J’aperçus une ombre se faufiler en contrebas près de la cabane délabrée. Je plantai mes griffes dans la boue et plissai les paupières. Je l’avais perdu. Je bondis sur mes pattes et m’élançai à sa poursuite. Je dégringolais le flanc de la petite colline en dérapant dans la poussière et arrivai en bas plus vite que prévu. Je manquais de rentrer la tête la première dans un des murs en planche de bois ronger par le temps et repris mon équilibre in extremis. Je grognais, agacé. Son fumet était presque étouffant autour de la cabane et je reconnus qu’elle appartenait à une meute. Je remuais quelques grains de poussière et je les observais s’envoler. Le vent était en ma faveur. Je me mis donc à la pister consciencieusement, son passage récent facilitant les choses. La truffe coller au sol j’avançais pas après pas. Et je tombai nez-à-nez avec elle, comme un idiot.