Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le sol gronde, sous mes pattes, et rien ne semble enclin à laisser la vie s'épanouir par ici. Depuis longtemps, le monde semble avoir oublié cet endroit, comme s'il était parmi les souvenirs de la terre et non parmi ses entités propres. J'observe les lieux en silence, me disant avec ironie qu'il est à l'image de la meute qui le possède. Sombre et inutile. Je laisse le silence s'étendre autour de moi, rompu seulement par les explosions du sol qui laissent s'échapper tout autour des relâchés de pression violents et surprenants. Voilà longtemps pourtant, que les geysers ne m'impressionnent plus. Je pense au passé, me remémore ces moments que j'ai pu passer ici en tant que louveteau Sekmet. Tout ceci fait parti d'un monde révolu, disparu, presque oublié. J'inspire profondément, je ne peux encore m'empêcher de penser à ma mère. Après tout, même si elle a abandonné un louveteau, elle demeure celle qui m'a donné la vie. Elle sera à jamais ma génitrice, que je le veuille ou non. J'aurais peut-être préféré qu'elle soit morte entre temps. Alors j'aurais eu le loisir de m'imaginer des millions de versions, d'une triste déchirure familiale qu'à l'époque j'ai vécu comme la fin de mon propre monde. Au lieu de ça, me voilà obligé de faire face à mon passé et à ma mère, cette louve sombre qui a fait de moi un solitaire aigri. Je m'apprête à rebrousser chemin, quand l'ombre d'un ventre-à-terre obstrue ma rétine. Un sourire carnassier étire mes babines et je l'observe plusieurs minutes, qui rampe ici et là en tâchant de ne pas attirer l'attention. Il ne me faut pas longtemps pour me rappeler, pour comprendre. L'oméga. Je me souviens de celui de l'époque, lorsque j'étais encore le petit casse-cou infatigable. D'où sort celui-là ? Est-ce le même qu'il y a trois ans ? Je commence à trotter, la tête et la queue haute, une attitude assurée hérissant mon pelage et étirant mes membres. Je m'approche rapidement de lui, par derrière, et lui flanque un violent coup de patte dans l'épaule, l'envoyant presque au sol. J'affiche un sourire narquois en le fixant, cherchant son regard fuyant de mes yeux émeraude.
– Réduit la gravité des Blessures reçues
– Augmente la gravité des Blessures de l'adversaire
BONUS CHASSE (Trait de faction)
– 2 proies au lieu d'une seule lors d'un 18 au dé
– 1 Lancer de dé de chasse supplémentaire
– +3 aux résultats du dé de chasse
Compétence d'élite :
Sam 14 Jan - 17:46
2 - 14 - 4
Depuis qu'il avait rejoint ces terres, nouvelle étape d'un voyage qui ne s'arrêterai sûrement pas ici, l'oméga avait eu tout loisir de constater qu'elles n'avaient rien de préférable à celles qu'il venaient de quitter. Humains, catastrophes, climat, rien n'avait changé. Sinon qu'il avait parcouru bien des milles à fuir, mais qu'il n'avait jamais pu voir la terre se déchirer comme elle le faisait ici. Le sol semblait flotter sur de l'eau en ébullition, tanguant de droite et de gauche, cédant sous la pression pour déchirer le pays sous une large cicatrice aux parois recouvertes d'un magma menaçant. Mais c'était tout ce qui aurai pu le surprendre.
C'était déjà beaucoup. Il devait se faire à l'idée que d'un instant à l'autre, tout se remettrait à trembler et à hurler, faisant s'écraser des arbres, des rochers, peut-être. Cette nouvelle terre semblait aimer l'ironie; elle se plaisait à se dérober sous leurs pattes pendant qu'il venait chercher la stabilité auprès de cette meute inconnue où on l'avait recruté quasiment de force. Il en aurai ri s'il était d'humeur à rire. Et en l'occurence, après avoir subi les regards dédaigneux de toute la meute alors qu'il s'efforçait d'en retenir les noms et les rôles, il n'était pas du tout d'humeur joyeuse.
Cherchant la solitude, le mâle roux avait laissé les autres sekmets à leurs occupations et errait sur ce territoire qui était devenu le sien, à un prix qu'il n'aurai pourtant jamais voulu payer; mais il n'avait pas le choix. Vivre ou mourir, dans les deux sens. D'un côté, s'il quittait la meute, alors quelqu'un viendrai à coup sûr le lui faire regretter, et de l'autre, il ne savait pas survivre seul. Il était coincé ici, tant qu'il n'aurai pas moyen plus sûr de quitter la région. Dans ce cas, autant savoir de quoi était fait le territoire sekmet; du moins c'était l'excuse qu'il avait préparé si on venait le chercher pour lui demander pourquoi était-il seul à se promener sans but alors qu'il avait un boulot à faire. En réalité, il se contentait de marcher vers où ses pas le traînaient, la queue coincée entre les jambes, les pensées fourmillantes. Il ne savait pas quoi penser de sa situation actuelle, et ça le rendait fou. Si seulement, si seulement son frère, le courageux, avait été avec lui. Mais Sphinx est mort. Sphinx est mort par sa faute et c'est son châtiment pour ne pas avoir été le secourir face au cabot qui l'a tué. Il n'avait pas le droit de se plaindre.
Si il avait été là, ils vivraient seuls, chassant ensemble, survivant à deux. Sans avoir besoin de jouer les défouloirs pour une meute dont il ne voulait pas. Ou bien, il l'aurai aidé à apprendre à se débrouiller seul, à outrepasser sa nervosité constante, et ils auraient rejoint ensemble une meute les acceptant, comme chasseurs, sentinelles, ou n'importe quoi d'autre...
« Bah alors, on s'planque ? »
Sous le coup de la frayeur, d'un côté d'une voix inconnue qui ne semblait pas vraiment amicale, de l'autre d'un rude contact alors qu'il ne l'avait pas entendu arriver et qu'il s'agissait généralement du prémice d'une bonne morsure, il sursauta et se ramassa par terre un bon mètre plus loin. Ses oreilles se rabattirent sur son crâne, tremblant autant que le reste de son corps; le loup noir ne sentait pas le sekmet. Le loup noir ne sentait pas le sekmet, le loup noir ne sentait pas le sekmet, et donc il ne se contenterai sûrement pas de lui balancer un coup d'épaule pour qu'il éponge la frustration d'une proie perdue. L'idée résonnait dans sa tête comme si quelqu'un la lui hurlait à l'oreille; il reculait aussi vite que ses pattes paralysées le lui permettaient, mais n'arriva pas à dire quoi que ce soit de compréhensible avant de buter contre un arbre et de paniquer de plus belle. Il devait offrir un spectacle bien pathétique à ce solitaire moqueur.
« Tu... T'as ... Pas le droit d'être là! T-t-t'es en ... En t-territoire interdit! »
Sa maigre tentative de se redonner un peu de contenance resta à demi coincée dans sa gorge lorsqu'il tenta de rajouter que non, il ne se planquait pas, pas du tout. Enfin, le pire à craindre était qu'il doive se planquer de lui. Vu son air, il y avait fort à parier qu'il n'était pas vraiment là pour taper la causette avec un oméga puis repartir sans provoquer du grabuge.