Jauge:

Je reniflais le sol. J’avais le pelage constellait de flocons et je sentais l’air glaciale glisser sur moi. Je relevais les yeux sur l’étendue blanche. Pas qu’il neigeait mais les températures hivernales avaient congelé la plupart du paysage. J’avais faim et je sentais mon estomac se tordre si bien que je serrais les mâchoires pour encaisser la douleur. Je jetais un coup d’œil aux alentours et notais les silhouettes sombres qui se balançaient dans le vide. J’inspirai longuement et tendis l’oreille. Je ne retins aucuns bruits, on aurait dit que la forêt retenait son souffle. Je reniflais à nouveau. Je ne sentis que l’odeur âpre de la mort qui me monta à la tête. Je grattai le givre du bout de la patte en penchant la tête sur le côté. Celui-ci s’envola avec le vent et je le suivis du regard. Je reculai de quelques pas et me tapis au pied du gros tronc que j’avais repéré au paravent et au couvert duquel j’étais indétectable. Ce monde était dangereux et vicieux, j’avais conscience que sans le sentir, le danger était partout. Je ne bougeai plus, allongé, les antérieurs étendus devant moi. Je patientai ainsi longtemps. Quand la brise nordique se leva, son sifflement me berça et j’observais les ramures des arbres ployaient sous le poids des cadavres. Je pouvais rester immobile comme ça des heures à attendre la nourriture. Au bout d’un certain temps, j’entendis soudain des voix. J’en étais certain, la solitude ne me les faisait pas imaginer. Une voix, en réalité. A mon oreille, elle était grave et plutôt proche, calme et posée. J’inspirai doucement, mon souffle tiède porta une feuille morte qui tombait en oscillant de gauche à droite. Je me relevais, avec milles précautions pour ne rien agiter et rester discret. Je me penchais très lentement en avant pour jeter un œil de l’autre côté du tronc. Deux loups se tenaient face à face à une vingtaine de mètres. L’un était assis, l’autre debout et ils se regardaient. Ils n’étaient pas de la même meute, je le savais à l’odeur. Décidant qu’il était inutile de me cacher, je bondis en avant et marcher tranquillement vers eux, la tête droite et la mine sérieuse. Je m’arrêter un peu en arrière, et hochais poliment la tête à leur adresse. Peu importe qui ils étaient, la chasse était toujours plus fructueuse à plusieurs.