Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 On n'échappe à rien, pas même à ses fuites // Pumpkin

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Ven 11 Nov - 21:34

© made by Islande



Cantilène de l'Impératrice

Le solitaire est un diminutif du sauvage, accepté par la civilisation.

F.5 A.8 E.7





Mon sang pulse si fort à mes oreilles, que cela en devient affreusement douloureux. Mes pattes labourent le sol si durement qu'elles y laissent de profonde entaille. J'ai rarement couru aussi vite et aussi longtemps. Je l'entends me talonner, je sens presque son haleine putride envahir mon oxygène. Ma langue, rougie par l’effort, pend entre mes babines blanchies par l'écume. Dans un espace éloigné, très éloigné de ma conscience, je sais que je suis sur un territoire occupé par une meute, nombreuse et peut ouverte aux partages. On me l'a expliqué ça, oui. Éviter de mettre les pattes sur un terrain conquis. Je le sais bien, pour sur. Mais ai-je eu le choix ? Non. Évidemment que non. Je suis trop maligne pour faire ce genre de bourde, ordinairement. Mais là, c'est différent... je sens les mâchoires de l'hellhound essayer de se refermer sur ma queue. Je pourrais me retourner et me battre, oui. Je suis suffisamment puissante pour terrasser un chien, mais... pas suffisamment cependant pour ignorer qu'il est dardé d'explosif. Alors je galope, fuit cet être suicidaire qui semble déterminé à me tuer. Pourquoi ? Encore une fois, je n'en sais rien. Il veut ma mort et ça me suffit comme explication. Ça me suffit pour comprendre que je dois fuir afin de préserver ma vie. Alors je cours je ne sais où, tout ce que je sais, c'est que je ne m’arrêterais pas avant que mon cœur ne me lâche. Comment fait-il ce sale chien pour me suivre ainsi ? Quel type d'entrainement a-t-il subit afin de pouvoir concurrencer l’endurance d'une louve, même jeune ? Ne sent-il pas ses muscles le brûler ? Ses poumons ne manquent-ils jamais d'aire ? Doit-il sa force à sa simple folie ? Moi, en tout cas, j'ai encore bien toute ma tête et c'est bien la seule chose qui peut encore me sauver. Car mes forces m’abandonnent, je le sens. Peut-être que... si je ne mourrais pas de faim et de soif, que si je pouvais enfin goûter au repos et à la paix, peut-être alors aurais-je pus courir plus vite et plus longtemps. Certainement. Mais mon jeune corps est déjà usé de toutes ses privations, de cette attention quasi constante que demande notre survie en ces temps bien sombre.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, il fallait que mes pattes foulent un terrain instable, abîmé par la main destructrice de l'homme. Je filais comme une flèche blanche le long d'un sentier pleines d'odeur lupines. Au fond de moi j'hurlais ma rage, où sont donc passé les loups vivants ici ? Ne pourrait-il pas me filer un coup de pattes ? Je ne pouvais finalement que compter sur moi-même et ce n'est franchement pas une grande nouvelle. Ça n'a absolument rien de surprenant. Ici, si tu veux survivre, tu te dois de le mériter. À mon tour donc de prouver que j'ai ma place en ce monde bariolé de danger.

Les grands actes sont parfois empreints de pure folie... et aux vues de ma situation dramatique, je n'avais plus que cette dernière carte en mains. Seul un geste fou pouvait me sauver à présent. Puis... qu'avais-je à perdre ? Si je continuais ainsi, j'allais mourir. Alors je sauta, me jetant dans le gouffre que nous longions depuis quelques longues minutes. Il était certainement le résultat d'un éboulement dû aux explosions meurtrières des humains. Gracieuse et tendue dans les airs, je garda mes yeux ambré fixé sur la paroi que je comptais atteindre, de l'autre côté de l'énorme trou. Si je n'avais pas suffisamment sauté loin, c'est certainement la mort qui m'attendait au bout du compte. Mais celle-là, je l’aurais choisi, ce qui change presque tout. Je lâcha un grognement de surprise et de satisfaction quand je sentis la terre froide et humide sous mes coussinets. J'avais réussi ! Je roula brutalement sur le sol, ne pouvant pas réceptionner dignement un saut pareil. Me relevant rapidement, j'us tout juste le temps de voir que le chien avaient suivit mon geste désespéré. Le fou. Aussi puissant qu'il était, il ne pût pas reproduire pareilles prouesses, car le poids de son armure et de ses explosifs ralentit considérablement son envolé. J'eus le temps de voir sa rage folle briller dans ses yeux avant qu'il ne s'écrase sur la paroi, provoquant une explosion qui fit s'écrouler le morceau fragile sur lequel je me trouvais encore. Sale cleps...!

Je me souviens vaguement de la suite, je me rappelle chuter et rouler contre la terre qui s'écroulait sous moi. J'ai été malmenée par ma chute, mais j'ai tout de même réussi à rouler plutôt que de chuter. Je crois, sans en être sûr, avoir percutée quelque chose de chaud, de vivant et de plutôt imposant dans mon vertigineux éboulement de terrains. Et quand je dis vertigineux, je parle de quatre bons mètres à valdinguer dans la boue et les cailloux. Je crois que je vais bien... Je crois que je n'ai rien de cassé. Je crois que... je vais attendre 5 min avant d’ouvrir les yeux, hein. Juste le temps de m'assurer que mon cœur est toujours là, que mes poumons n'ont pas explosés et que mes muscles ne se sont pas déchirés durant ma course. Je sais que mes oreilles vont bien car j'entends le lugubre croassement des corbeaux, au loin. Mais merde quoi... foutez-moi la paix...

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Jeu 17 Nov - 11:46

Ton reflet n'est pas un ennemis.


Il fut un temps, un lointain souvenir désormais, où j'étais heureuse. La chaleur du feu caressant mon pelage dense et brillant, la main des enfants réconfortants mes muscles endoloris par de longues et éprouvantes chasses desquelles je leur ramenais bon nombre de proies délicieuses. Oui, ce temps là était une idylle, mon utopie dans un monde cauchemardesque, pitoyable.

Les bombes, les coups de feu, j'avais appris à les ignorer. J'avais aussi appris à surmonter cette haine que me vouait les humains du village. Cette rage qu'ils éprouvaient à la moindre vision lupine. Je savais que j'étais cependant en sécurité, mon anneau veillant sur moi, pas comme certains de mes congénères dont la peau flottait accrocher à des ficelles après avoir été séparer de leur chair.
Aucune émotion de tristesse ou de mépris me venaient s'ajouter à ce spectacle macabre. Si leurs peaux flottaient c'est qu'ils avaient été faibles, et les faibles ne survivaient pas. Oui, il fallait être fort chaque jours, se battre pour garder ce que l'on possède ce qui fait de nous ce que nous sommes. Alors pourquoi...? Pourquoi tout cela n'est plus qu'un souvenir douloureux? Lointain... Imparfait...

Mon coeur saigne encore. Il a été témoin de ma faiblesse tout comme mes yeux qui quand s'élevait la fumé des ruines de la maison où je vivais, étaient impuissants. Ce jour de faiblesse qui me hante depuis lors. Ce jour où ma famille entière qui comptait sur moi à périt sous les bombes des Hellhounds, de leur armée imbue de pouvoir, de puissance.
Oui, mon coeur est lourd. Il porte ce fardeau, ce poids mort.
Alors pour oublier, moi aussi je marche. Je marche à travers ces terres dont j'ignore tout. Pour y parvenir, j'observe à quel point la désolation de ces lieux est signe de souffrance que d'autres ont dû subir eux aussi, et pourtant... Oui pourtant, je sais qu'au fond de moi, je n'en ai rien à foutre que des loups aient pu à leur tour souffrir des hell'. Tant que moi je ne souffrais pas! Car il n'y avait que moi qui comptait. Moi et seulement moi. Pourquoi je devrais souffrir?!
En colère, je frappe la terre complètement déséchée. Un nuage de poussière s'envole alors devant mes yeux, et à travers je perçois un mouvement. Fronçant les yeux, je le traverse en toussotant. Stupide poussière...
Au loin, j'aperçois un loup courir. Mais pas seulement pour l'exercice, non, une telle lancée ne peut avoir qu'un seul objectif, survivre.

Mon pouls s'accélère, j'ai l'impression d'avoir un mirage sous les yeux du jour où moi-même je fuyais pour survivre aux Hellhounds. Sauf que non, ce n'était pas moi. La blancheur de son pelage sous le soleil déchirant rend le spectacle douloureux pour ma rétine mais je n'écoute pas cette brûlure bien trop légère pour être objet d’inquiétude. Non, seul ce qui se déroule sur les yeux m'importe désormais, car devant moi, c'est un loup qui fuit pour sa vie, mais même si cela n'est qu'un détails, celui à sa suite est lui, bien plus précieux pour mon intérêt personnel. Un hell... Un putain de chien hellhound!
Je jure intérieurement et me met à courir dans leur direction. Ils sont loin mais mes prunelles injectées de sang à la vue de cet être putride, immonde, ne les lâche pas d'une semelle. La pulsion meurtrière qui m'habite se réveille alors. Tuer, je dois tuer. Rien d'autre que cela n'importe. Tuer ces bêtes est mon seul but, mon seul salut, quitte à y perdre la vie à mon tour, tant que j'ai accomplis mon devoir, ce but auquel j'ai failli une seule et unique fois... la fois de trop...

Mais alors que je les observais, à leur suite, je me rends compte que la folie ne c'est pas installé que dans mon esprit. La louve dont les effluves de panique baignent désormais l'air ambiant, est désespérée. Elle a peur, elle veut survivre à ce monstre. Un pincement au cœur me ramène une fois encore en arrière à cette époque où j'étais cette louve. Cette louve qui courrait lâchant le plus de phéromones dans l'air pour appeler quiconque dans les entourage à l'aide. Je fronce les yeux à ce souvenir. Je me rends compte que je ne suis pas mieux que ce chien car je ne pense qu'à moi - même, encore une fois, oubliant la louve qui vit en ce moment même la détresse que j'ai subis il y a peu de temps. Je dois... Je dois l'aider! Mais me dire ça, c' est comme abandonné mon but, ma vengeance, mais la vie n'importe t -elle pas plus que la vengeance?
J'ai un goût amer en bouche. Le goût de la défaite et de la déception. Mais je sais que je dois passer outre ce sentiment. Je sais que je ne peux plus fonctionner comme je le faisais autrefois. Je ne serais plus cette louve égoïste, non, sinon je ne mériterais pas de faire partis des Sekmets. Cette meute qui m'a sauvé de ma fin imminente...

Accélerant de plus belle, avec en l'esprit un nouvel objectif, oubliant mes pulsions meurtrières, je cours désormais pour tuer ce clebs, mais aussi sauver l'âme de celle qui aurait pu être moi il y a de ça, seulement quelques mois.
Mais alors que je me rapproche enfin, que je suis si près du but, la folle se jette dans une crevasse créée par la main humaine, ou plutôt, par leurs engins destructeurs. Je freine des quatre membres pour ne pas la suivre dans sa folie et la regarde les yeux grands ouverts, le cœur au bord des babines. Elle parvient à retomber de l'autre côté et mon cœur a un raté. Je soupire de soulagement. Mais mes oreilles se redressent immédiatement ainsi que tous les poils de mon corps quand mes yeux perçoivent alors la silhouette du chien fou qui c'est jeté lui aussi en travers du vide.

Fui!

Mon esprit intime à la blanche de fuir! Immédiatement!! Mais aucun mots ne franchissent ma gueule, non, elle est grande ouverte, mais la peur la rend muette...

Puis tout se déroule au ralentit. Le corps flasque du chien s'écrase contre la paroi, dans une explosion de sang, je vois son crâne s'y briser, puis arrive son corps et son armure qui comme dans une scène de film au ralentit, touche la roche et émet un simple "tic" puis cinq autres accélérés et j'ai tout juste le temps de me coucher que l'explosion déchire le ciel, pourfendant l'air et la terre.
Le sol tremble sous mes pattes et mes oreilles me font soudainement atrocement mal mais je me redresse malgré tout, chancelante, pour voir si la louve à survécu. Je vois alors que le morceau de terre où elle se trouve qui est en train de s'effriter, doucement, il menace de s'écraser au fond du gouffre de terre. Je m'élance alors sur la paroi ardue pour courir en son fond, j'ai à peine le temps d'y parvenir, haletante que je me jette sous le corps de la louve qui allait se fracasser au fond après avoir rouler-bouler sur quatre longs mètres. Le choc est brutal! Violent. Bien plus que je ne l'aurais imaginé. Je ressens un craquement bruyant, est-ce là un de mes os? Je l'ignore... Je ressens juste des picotements , mon champ de vision s'amenuise, baigné par la noirceur. Que..? Que ce passe t-il? Je sens mes forces me quitter. Alors que le corps de la victime blanche est toujours au dessus de mon être, mes forces m'abandonnent elles aussi. Je sens le sang, je sens le fer, je sens la poussière puis soudain, plus rien.

Vite, réveil toi. Vite! Vite reprend - toi! Elle a besoin de moi! J'ai besoin d'elle! Elle, cette si belle, si douce pauvre louve poursuivit... elle a besoin d'aide... Que quelqu'un m'aide... Que quelqu'un tue ce chien qui me suit...

Elle est moi, je suis elle.

Le temps a perdu ses ailes, suspendant son jugement.

Que quelqu'un l'aide, mon esprit est éteint... j'ai crois qu'il dépérit...




5/12/5
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