Cela faisait des jours et des jours que je tournais en rond en hésitant à le lui dire. Je ne savais pas quoi faire, je n'avais pas du tout, mais alors pas du tout l'habitude de ce genre de situations. Il fallait avouer que de toute façon je n'avais jamais connu de fille. Jamais je n'en avais eu envie d'ailleurs, ma vie c'était ma famille, mes plantes et mes soins. Puis elle était apparu, baignée de cet aura de lumière, si belle et merveilleuse, si combative, si forte, si tout ce que je n'étais pas. Nous étions puissamment et irrémédiablement incompatibles. Nous étions les exacts opposés, les inverses, le ciel et la terre, l'eau et le feu, la terre et l'air. Alors pourquoi? Pourquoi est-ce que j'aimais tellement sa compagnie, au point que nous nous étions permis des gestes que je n'aurai même pas pu imaginer? Tout avait commencer ce jour où elle m'avait forcé à l'entrainement. A ca! Je m'en souviendrais ! Je détestais m'entrainer, je détestais la violence, et elle m'avait poussé à le faire. Je l'avais fait, parce que j'étais impressionné, littéralement, et puis aussi parce que je ne voulais pas être ridicule devant la princesse Navnik.

Après cela, on s'était revu plusieurs fois, on avait discuté parfois, ri aussi, puis entrainé - pour mon malheur! - parfois. J'avais savouré chaque instant, profité de ces moments magiques. Jusqu'à ce qu'une nuit, alors que j'étais allongé à la belle étoile, le nez dans les petits soleils de la nuit noire, j'avais ressenti une chose terrible dans mon cœur, comme un coup de poignard qui me donnait presque envie de verser une larme. Pourquoi? J'avais essayé de comprendre mon désarroi, ma soudaine tristesse venue de nulle part, moi qui était quelqu'un pourtant de difficilement déstabilisable? Puis j'avais essayé de mieux sentir ma douleur, mieux la comprendre et l'analyser. Qu'est ce que je ressentais alors? Un manque, un manque certain, profond, douloureux. De la solitude aussi, en cet instant précis. Et une image m'étais apparue : son visage. Je croyais devenir fou : pourquoi je la voyais à ce moment précis? Pourquoi son visage était la première chose qui m'apparaissait qu'en je pensais à l'idée de manque? C'était étrange, et j'étais retourné me couché dans la tanière d'Emarok, dans un coin, alors que mon père était étalé de long en large en plein milieu, en train de faire vibrer la tanière de ses ronflements qui me faisaient toujours sourire.
Le lendemain matin, j'étais toujours aussi perturbé de mon apparition d'hier. J'avais beau réfléchir, je n'arrivais pas à saisir comment moi j'avais pu être destabilisé à ce point. Mais finalement, il fallait que je me rende à l'évidence, je n'arrivais pas à le croire : j'étais amoureux, fou amoureux d'elle, amoureux transi jusqu'à souffrir de son absence. J'avais secoué la tête. Non, ce n'était pas possible ! Elle était la Princesse des Navnik, et moi je n'étais rien ! Fils de personne, rejeton bâtard d'une inconnue abandonné au vieux guérisseur! J'avais serré les dents, si fort que je m'étais mordu la lèvre et que je sentais du sang couler dans ma bouche.


C'était ce jour là où je m'étais réellement rendu compte de l'amour que j'éprouvais pour Althéa. Elle m'appréciait, je le savais. Mais je doutais très fortement qu'elle ressentais la même chose pour moi. Alors j'avais longtemps hésité avant de lui donner rendez vous, pour tentez de la sonder, de voir un peu en approchant le sujet, d'examiner ses réactions, comme bon guérisseur que j'étais désormais. Car je n'étais plus un simple apprenti. Je partageais maintenant la tanière de mon père adoptif en tant que Guérisseur. Nous avions découvert un nouveau territoire, j'avais saisi l'occasion, ou plutôt réussi à trouver un bon prétexte, pour donner rendez vous à Althéa. Je lui avais proposé qu'on aille ensemble explorer cette nouvelle terre.

J'attendais maintenant son arrivée. En tournant un peu nerveusement en rond. Allait-je avoir, un moment dans nos recherches, avoir le courage de lui dire ce que je ressentais pour elle?

Love In The Middle Of A Firefight

J'étais resté un instant bouche-bée. La voir me faisait toujours le même effet. Sa prestance, sa grâce et en même temps sa force naturelle me rendaient fou d'elle. Elle était si ... belle. Tout simplement belle, mais tellement impressionnante à la fois. Si impressionnante que je me demandais même si j'aurai le courage de lui avouer ce que j'avais sur le cœur. J'étais plutôt du genre sentimental, du genre à chercher les mots justes, à prendre le temps de peser mes mots pour exprimer exactement ce que je pensais. Moi qui ne parlais pas beaucoup, c'était une façon ... d'économiser mes mots. Je serrais les dents, alors qu'elle s'approchait. Alors qu'elle trottinait joyeusement jusque moi, un air radieux sur le visage, je sentais mon cœur s'emballer. Elle lança qu'elle était contente de me voir. Ô Althéa ! Si tu savais à quel point c'était réciproque !

"Content de te voir, tu vas bien? "


J'avais cherché un peu mes mots, et je balbutiais un peu, gêné. Elle avait l'habitude. En général quand elle me voyait comme cela, elle riait. Et moi je ne pouvais qu'anticiper sur son rire en lançant une petite mou qui essayait de cacher un sourire plus grand.

"Tu m'as appris à chasser. Mais moi, je suis plutôt un chercheur. J'imagine que tu chasses plus que tu ne cherches. Alors je compte bien te montrer à mon tour... Si tu le veux évidemment."

J'avais été un peu gêné sur la fin. Que se passerait-il si elle n'avait aucune idée de se balader avec moi pour chercher? Après tout, elle était venue. Pourquoi ne voudrait-elle pas chercher? Oui mais... Si cela l'ennuyait? Je me mordis encore la lèvre inférieure. Trêve de questions stupides. Si Althéa pouvait lire dans mes pensées, elle se moquerait bien de moi et de mes réflexions !

D'un regard charmeur mais à demi assuré, je l'invitais à me suivre vers l'intérieur de la tour. Des marches s'étendaient devant nous, je regardais autour de moi. Des plantes avaient poussé entre les grosses pierres, certaines d'entres elles pouvaient peut-être m'être utiles. Et nous allions peut-être trouver de beaux objets...