Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Les oiseaux volent au dessus de ma tête, et j'aime observer leurs ailes gracieuses qui planent sous les nuages. Cela me rend rêveuse, à m'imaginer de pouvoir faire de même. en un instant de seconde, je suis dans leurs regards, membre de leurs plumes, dirigeante de leurs corps, jusqu'à même ressentir le vent qui plaque mon pelage contre mon corps. J'y vois les terres neutres proches de chez ma meute, et je plane par dessous celles dont j'ai entendu des rumeurs et contes, celles bien vivantes et non loin de là, à quelques pas. Ma gueule s'entre-ouvre, il fait déjà chaud. J'inspire, expire tandis que les corbeaux de passage deviennent vite plus que des points noirs dans le ciel. Tout le monde dort, je me suis réveillée de bonheur. L'idéal pour sentir l'air frais, était soit de rester à l'ombre en priant mère nature, soit nager dans des eaux ou bien faire comme moi, se bouger le popotin en brisant l'air que nous respirons tous, et créer soit même, sa propre bise qui aère pour un instant notre être. Mes yeux rubis se portent sur l'horizon, j'ai envie d'aventures et d'interdits.
Discrètement, je sors de la tanière, je passe par dessus quelques corps endormis. Je frôle parfois quelques pattes, mais sans me faire réellement repérer. Je jubile le plus silencieusement possible, avec cette malice d'atteindre fièrement mon but! Je n'ai très peu de fois quitter les terres de ma meute, surtout en l'absence d'un adulte. Il est arrivé que parfois, personne ne le sache, mais que parfois je me fasse gronder comme jamais. Me sentant libre et sans risque d'être vu, je me mis alors à me déchainer en faisant un déhanchement des fesses. Je sifflotai en même temps, ma maitrise de la fuite et je sautillai avec légèreté. La vie était tellement belle, j'avais envie de pimenter un peu celle ci, et de voir par dessus les frontières.
Mes pas m’amenèrent bien vite en direction de l'est, vers les tranchées. S'était un lieu parfois dangereux, mais cette fois ci je voulais aller plus loin que d'habitude, et prendre des risques fous. Peut être que de l'autre côté de ce lieu, je rencontrerai enfin des loups de la meute d'en face? Bien sur, je ne chercherai pas à aller directement vers eux, j'aimais juste espionner comme les grands, mais en attendant j'étais réellement seule sur terre et j'en profitai pour courir, défiant le vent que j'alimentai moi même. J'adorai ça, cette sensation, de ne faire qu'un avec la nature. Pis soudain, à travers les trous, une proie se mouva, je savais ce que s'était, et il n'y avait personne d'autre. J'avais très envie de jouer avec cette boule de poils, je connaissais un jeu, d'avant, avec ma mère, et peut être la connaissait-elle aussi?
LOUP! C'EST TOI LE LOUP!
Dis-je après avoir fait un saut par surprise, et lui tapotant le dos du bout d'une de mes pattes. Le cul en l'air, j'imitais les positions de ce jeu, incitant alors, à que le loup vienne me manger.
Kira avançait avec prudence. Elle n'était jamais sortie du territoire de la meute. La petite s'était faufilée hors de la tanière pendant que tout le monde dormait. Le soleil s'était levé tôt ce matin, et le louveteau ne voulait pas perdre une seule seconde. La nuit arriverait bien trop tôt et la plongerait de nouveau dans le noir absolu jusqu'au jour suivant. Mieux valait profiter de chaque instant de la journée quand on était presque aveugle la nuit. Kira s'aventurait aujourd'hui dans les terres neutres. On lui avait dit que c'était dangereux, papa lui avait même interdit de sortir de chez les Aldark, mais la petite avait soif d'aventures et de découvertes. Après une longue hésitation à la frontière, elle l'avait finalement passée d'un bond, avant de s'élancer en courant sur ses pattes encore un peu maladroites. Et maintenant, elle avançait entre deux murs de terre. Kira s'émerveillait. Qui avait pu construire ce labyrinthe dans le sol ? Veillant à ne pas se perdre, elle fit demi-tour pour revenir en surface. La petite observa les environs, avant de s'engager en trottinant au milieu des buissons. Au moins, si un méchant solitaire voulait lui manger les oreilles, elle pourrait se cacher. Mais, alors qu'elle accélérait, elle entendit un bruissement de feuilles derrière elle. Juste après, une forme surgit et bondit à ses côtés, lui donnant un petit coup de patte sur le dos. «LOUP! C'EST TOI LE LOUP! Kira se retourna en sursautant, se retrouvant face à un louveteau plus âgé qu'elle, au pelage blanc et aux yeux rouges comme les siens. La petite se demanda si elle aussi ne voyait rien la nuit, ou si ses yeux ne lui posaient aucun problème. Voyant que la louve inconnue attendait que Kira joue avec elle, cette dernière étira un large sourire, avant de s'élancer dans sa direction en grondant amicalement. -Grrrrrrr ! Je suis plus rapide et forte que toi !, s'exclama-t-elle. Puis elle sauta sur le dos de son amie, tentant en vain de la renverser au sol. Elle se contenta alors de lui mordiller la patte. Faisant semblant de la dévorer, la petite avait hérissé sa fourrure sur son dos et montrait ses petits crocs. -Kira gagne le combat !, clama-t-elle en se relevant et en bombant le torse. Elle redirigea son regard vers l'autre, la tête penchée sur le côté, intriguée. -Et toi, comment tu t'appelles ?»
J'éclatai de bon cœur en voyant la surprise se lire dans le regard de la petiote. Cette dernière compris vite que je voulais jouer et se mit elle aussi en condition pour mettre en place la scène. Je ne tardai pas moi aussi à grogner et montrer les crocs. Elle ne semblait pas connaitre mon jeu mais, elle fit le sien à la manière du jeu de rôle. Je me mis aussitôt à faire semblant d'avoir mal et de succomber lentement à ses morsures. Peu à peu je me laissai tomber dans la poussière de terre et fis la morte pendant quelques secondes, la langue pendante entre ma gueule entre ouverte. Je retins même ma respiration pour que cela fasse vrai. Mon regard néanmoins, suivait les pas de la boule de poils et cela trahissait ma présence réelle. Elle me demandait mon nom, sur ce je me relevais en émettant un râlement de suffoque-ment et d'envie de lui faire du mal.
RWAAA, JE REVIENS D'ENTRE LES MORTS ET DESHORMAIS TU VAS PLEURER DE M'AVOIR TUE!!
Je bavai sur moi même tout en disant cela, et je m’esclaffai en même temps, faisant de moi une piètre comédienne. J'arrêtai alors mon jeu tout en finissant d'avoir mal au ventre et léchant mes babines. Une fois mon souffle récupérée je lui souris avant de reprendre la parole.
Coucou Kira, moi c'est Mira, on est les potes des RA, hahahaha! Dis dis, toi aussi t'as les yeux rouges comme moi, t'sais que c'est rare? Je suis contente que tu sois comme moi!
Lorsque Kira bondit sur l'inconnue, celle-ci se laissa tomber au sol et fit semblant d'être morte, la langue pendante. Puis elle se releva et fit face à la petite. «RWAAA, JE REVIENS D'ENTRE LES MORTS ET DESORMAIS TU VAS PLEURER DE M'AVOIR TUE!!, gronda-t-elle. Puis elle repris un air sérieux. Elle entreprit donc de répondre à la question de la petite Aldark: -Coucou Kira, moi c'est Mira, on est les potes des RA, hahahaha! Dis dis, toi aussi t'as les yeux rouges comme moi, t'sais que c'est rare? Je suis contente que tu sois comme moi! Kira pencha la tête de côté. C'était amusant de voir que Mira avait non seulement les mêmes yeux qu'elle mais aussi un nom presque identique. La petite louve noire se mit à sautiller sur place. -Chouette alors ! Dis, est-ce que toi aussi tu ne vois pas la nuit ?»n, s'exclama-t-elle avec excitation. Si elle était vraiment comme elle, Mira pourrait peut-être l'aider à surmonter sa peur du noir ? Et même si ce n'était pas le cas, Kira l'appréciait beaucoup. Elle était l'un des rares louveteaux à ne pas se moquer d'elle et à vouloir jouer. Elle voulait être son amie, et comme ça elles pourraient jouer ensemble et explorer de nouveaux endroits interdits !
La copine semblait pas vraiment faire attention à mon jeu de dévoreur de petites louves, mais s'était pas trop grave car après tout elle attendait plus autre chose de moi que ça. Je me mis à suivre ses sauts après lui avoir confié mon nom. Mais très vite je restai perplexe à sa nouvelle question, en mettant moi aussi la tête légèrement sur le côté car qu'est-ce qu'elle voulait dire par là?
Baaa euhh, je vois pas trop bien la nuit, un peu comme tout le monde, mais je sais que ma maman elle voyait beaucoup moins que moi quand s'était sombre, mais moi ça va bien. Pourquoi toi tu as mal comme ma maman parfois? Papa me disait que j'avais des yeux en bonne santé contrairement à maman. Il disait que j'aurai pas de soucis avec ça. Je sais pas trop de quoi il parlait et toi tu vas avoir des soucis?
Après une mine un peu triste, je me mis à prendre une grande inspiration pour vite passer à autre chose car j'aimais pas cette sensation en moi et ça me rappelait aussi des choses pas cool. J'attendis quand même une réponse de ma pote puis je me mis à me grandir du plus que je pouvais tout en marchant, et ça me faisait perdre mon équilibre plus qu'autre chose! Je m'arrêtai soudainement devant une tranchée et je tournai la tête vers Kira, l'air malicieuse.
Suite à sa question, Mira sembla se calmer quelque peu. L'atmosphère devint plus pesante tout à coup. La petite louve d'ébène allait changer de sujet en voyant la mine contrariée de son amie, lorsque cette dernière reprit la parole: «Baaa euhh, je vois pas trop bien la nuit, un peu comme tout le monde, mais je sais que ma maman elle voyait beaucoup moins que moi quand s'était sombre, mais moi ça va bien. Pourquoi toi tu as mal comme ma maman parfois? Papa me disait que j'avais des yeux en bonne santé contrairement à maman. Il disait que j'aurai pas de soucis avec ça. Je sais pas trop de quoi il parlait et toi tu vas avoir des soucis? Kira pencha la tête de côté. Pourquoi n'avait-elle pas les mêmes soucis qu'elle malgré la couleur identique de leurs yeux ? Et quel était celui de sa mère. La petite Aldark trop curieuse décida de ne pas insister plus là-dessus. Et puis, c'était ennuyant de parler, elle préférait largement continuer de jouer avant que papa et maman ne viennent la rechercher et la ramener à la tanière en la grondant. Sa camarade semblait d'ailleurs du même avis, puisqu'elle reprit aussitôt son air enjoué et surexcité. Elle avança d'un air fier vers les tranchées, et Kira lui emboîta le pas en tentant de se mettre à son allure malgré ses petite pattes de louveteau de deux lunes. -Cap ou pas cap de sauter de l'autre côté ?, lança Mira. Kira la regarda avec amusement, avant de lancer un regard vers l'autre bord de la tranchée. Mais lorsqu'elle vit ce qui l'attendait, son ambition chuta d'un seul coup. La petite écarquilla les yeux, avant de reculer précipitamment du bord, les oreilles plaquées sur le crâne et la queue entre les pattes, terrifiée. Kira n'avait jamais été très courageuse, loin de là. -Euh ... Non ... Je n'ai pas le droit ... Et c'est trop loin, si je tombe ...», marmonna-t-elle. Elle s'assit tranquillement sur le bord, bien décidée à ne pas bouger de là à moins que Mira ne change d'avis et lui propose un autre jeu.
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