Je m'éloigne de ma tanière isolée pour rejoindre le nouveau territoire de ma meute. Rien ne m'attache à ces lieux, pourtant je n'ai jamais trouvé l'idée de m'en éloigner. J'ignore où se trouve mon frère mais je garde le secret espoir qu'il revienne un jour vers moi. Quand à mon père ... Allez savoir où il a bien pu disparaître. J'ai supposé que tous les deux avaient besoin de s'isoler pour supporter la disparition de ma mère. J'ai supposé que si je n'avais pas été conviée au deuil, c'est qu'ils n'avaient pas besoin de moi pour le faire. Je soupire doucement, triste de ma solitude mais bien décidée à continuer de vivre malgré tout. Il y a encore tant de belles choses en ce monde détruit, et si peu sont encore capables de les voir ... Je voudrais ne jamais perdre mon âme d'enfant, même si je suis consciente qu'en pensant cela j'ai déjà commencé à grandir. Bientôt j'aperçois mon Alpha, Helya, qui m'attend déjà. Je m'approche plus rapidement dans une attitude soumise à son autorité.

- Bonjour Koda, comment va-tu ? Explique moi ce que tu veut apprendre avec moi.

Je lui fais un signe de tête poli pour la saluer à mon tour, n'osant pas vraiment parler.

- Bonjour Helya, je te remercie de m'accorder ton temps. J'aimerais apprendre à me battre, savoir protéger nos plus jeunes louveteaux en cas de besoin. Inka ... Inka m'apprend à m'occuper d'eux, mais si un jour un danger nous guettait, j'ai peur de ne pas être à la hauteur ...

Je ne veux pas dénigrer ma première mentor aux yeux de notre Alpha. Seulement la théorie ... N'est qu'une partie de mon apprentissage. Je veux savoir quoi faire dans l'urgence.

Ma nouvelle mentor n'attend pas davantage pour acquiescer et s'emparer de ma première mission. J'observe le bois entre ses crocs, hésite une seconde, mais fronce finalement le regard et tape une fois le sol de ma patte, déterminée. Je m'approche, pose mes mâchoires autour de l'objet sombre et serre les dents dessus. J'attends une petite seconde, et tire violemment, de toutes mes maigres forces, en arrière. Helya n'esquisse pas le moindre mouvement si ce n'est un léger basculement en avant pour suivre mon offensive, sans pour autant lâcher sa prise. Étonnée, j'ai une seconde d'hésitation et la louve grise tire brutalement en arrière, me faisant lâcher dans un couinement minable. Rapidement, je rattrape ma prise dans un petit bond en avant, refusant de laisser tomber si facilement. Je serre plus fort malgré la douleur dans mes dents, et je tire de nouveau en arrière. Je me concentre alors sur ce que je tiens, mais aussi sur mes membres sous mon petit corps. Je sens les muscles tendre dans mes pattes, je sens mes postérieures s'enfoncer dans le sol et mes griffes antérieures se fixer dans la terre. Mes crocs bien serrés, je concentre ma force dans ma poitrine pour tenter de reculer davantage, et je force pour essayer d'emporter avec moi la louve adulte. Que veut-elle dire par "il n'y a pas de lâcheté" ? Dois-je me jouer d'elle ? Je réfléchis plusieurs secondes sans pour autant lâcher ma prise sur le morceau de bois, je continue de tirer en arrière et de pousser sur mes quatre membres pour gagner cette première manche.