Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Je me trouve au milieu de la foret aux pendus tandis que le soleil se couche à l'horizon. J'ai choisi d'attendre la fin de la journée pour revenir m’entraîner depuis les derniers dans les ruines de la ville morte. Je m'étais bien reposé depuis le temps. Et j'avais prévu d'attendre le début de l'automne pour continuer de m'entretenir physiquement car l'été demande plus d'énergie. La chaleur fait que l'on se fatigue plus vite, trop vite et nécessite d'avoir plusieurs points d'eau à portée de patte ainsi que de la nourriture en quantité conséquente pour retrouver de quoi reprendre des forces rapidement dans la foulée d'une débauche d'énergie. Raison pour laquelle, je me disais que l'automne serait la saison idéale pour terminer ma montée en puissance qui aurait rendu le vieux Elmo fier de moi. Le visage de mon premier mentor s'impose à moi avant de fondre dans les méandres de mon esprit. Que nenni , j'avais oublié que l'été ne durait pas quelques mois mais toute l'année. Bah, ce n'était pas une nouvelle constante rendant la survie ici bas particulièrement âpre qui allait m’empêcher de faire ce que je voulais. Raison pour laquelle je suis en train d'observer les environs d'un œil profondément critique.
Le peu de verdure qui subsistait dans le coin semble avoir radicalement fané. Tout semble désormais décrépi, friable et sans vie. Les lieux sont terriblement vides et silencieux comme si leurs habitants avaient tous désertés ou étaient tous morts quelque part dans le coin. Plus que jamais, ces bois sont empreints de malédiction. La malédiction qui poursuit tous les vivants quels qu'ils soient. Je balaie les alentours d'un regard désabusé avant de me consoler en me disant que cela fera toujours parfaitement l'affaire pour un entraînement. Puis, je m'élance au trot vers un bosquet tout proche, aux branches plus décharnées que jamais. Ma vitesse est relativement faible et mes pattes foulent le sol à une amplitude régulière. Mais, cela n'a aucune importance puisque c'est bien le but recherché. Je m'échauffe à un trot modéré en gardant le regard résolument fixé devant moi. Mes muscles se chauffent lentement mais sûrement sous ma peau tandis que mes pas frappent le sol et que mes coussinets amortissent les impacts. Je trotte le plus longtemps possible et dévie ma trajectoire du bosquet pour me rallonger le chemin. Décidant de m'engager sur un échauffement plus long qu'à l'ordinaire pour travailler mon endurance plutôt que ma capacité à effectuer des efforts explosifs.
Je trottine en augmentant l'allure de ma course par pallier comme j'ai l'habitude de le faire. Passant donc à un trot plus soutenu, j'aspire une grande gorgée d'air tout sauf frais tout en courant au milieu de la foret vidée de ses habitants. La sensation de me trouver dans la ville morte me taraude longtemps tandis que mes foulées se font plus amples. Un bond soudain me propulse au dessus d'un tronc d'arbre et un autre me fait retrouver le sol un peu plus bas. Je me jette entre deux arbres suffisamment proches pour que l'ouverture soit difficile à atteindre en mouvement. L'écorce érafle mon flanc droit mais je parviens à passer entre les deux dans un bond leste. Je me baisse brusquement pour éviter de me prendre une branche pendouillant mollement. L'odeur de décomposition des corps suspendus en hauteur est étouffante et putride alors j'augmente encore ma vitesse pour mettre de la distance entre ce charnier humain et ma personne. Je ne suis pas loin du galop mais ne coure pas à toute allure pour autant. Un bond puissant permis par une forte impulsion de mes pattes arrières me permet de passer au dessus d'un buisson d'épineux rabougri. Ce bond est bien vite suivi d'une succession de bonds plus légers entre des arbres étonnement rapprochés.
Un saut à droite puis un autre à gauche, puis inversement et ainsi de suite sur une bonne dizaine de mètres. Une fois ce parcours de slalom achevé, mon pelage complètement trempé de transpiration et de l'écume me dégoulinant du coin des babines, je puise dans mes ressources pour accélérer une nouvelle fois et doubler la cadence. Je ne suis plus très loin de ma vitesse de pointe mais ne cherche pas franchement à l'atteindre. Mes foulées sont puissantes et amples, et mes muscles se tendent sous ma peau tandis que le souffle commence à me manquer. C'est au galop que je traverse une bonne partie des bois. Le vent siffle à mes oreilles tandis que je file telle une balle de bâton de feu au milieu des derniers restes de verdures forestières. Je ne cherche pas à atteindre ma vitesse de pointe ce soir parce que je préfère tenter de découvrir sur quelle durée je peux tout donner dans un sprint final sauvage. J'avale les mètres les uns après les autres et mon cœur se déchaîne dans mon poitrail. Le sang pulse dans mes veines et mes oreilles pendant qu'une décharge d'adrénaline se dilue dans mon être. Lorsque l'on avance à une vitesse aussi rapide, la vision se floute et on ne distingue plus que les formes des obstacles se dressant devant nous. J'ai juste le temps de me jeter sur le coté dans un écart pour ne pas percuter un tronc recourbé puis de bondir au dessus d'une large souche me barrant la route avant de fouler de nouveau la terre ferme à une allure bien moins élevée car passer un obstacle a la fâcheuse tendance à vous ralentir.
Mais de toute manière, cela se révèle opportun puisque j'ai la sensation que je n'aurais pas pu tenir cette allure dix minutes de plus. Je continue donc de galoper au milieu des bois à une allure réduite avant de passer au trot toujours en suivant mon modèle des paliers successifs. Je continue de courir pour ne pas m’arrêter trop brusquement et travailler ma résistance avant de revenir au pas au milieu du bosquet. Il me faut de longues minutes pour retrouver mon souffle et cesser d' haleter avant de m'allonger négligemment à l'ombre d'un arbre. Je n'en ai pas fini pour ce soir mais j'ai bien mérité un peu de repos.
Ne faisant nullement attention au temps de repos, étant donné que j'estime que je prends naturellement le temps nécessaire à chaque récupération entre deux séances d’entraînement je profite de la fraîcheur relative accordée par l'ombre du pin sous lequel je me trouve le plus longtemps possible. Une fois suffisamment reposé et de nouveau prêt à me salir les pattes pour progresser, je me relève tranquillement avant de m'étirer longuement en observant une nouvelle fois les alentours. La nuit est en train de tomber lentement mais sûrement telle une chape de plomb au dessus de nos tètes. La nuit. La meilleure partie de l'existence depuis que la canicule a décrétée sans consulter personne qu'elle officierait de mai à novembre. Je m'ébroue presque par réflexe avant de m'éloigner de quelques pas de mon repaire de fortune. J'ai reconnu l'effluve de mon cher neveu plus tôt dans la journée. J'ai hâte de revoir Rhaegar et de constater qu'il a encore grandi et mûri de lui même. Ce petit est tellement précoce, il l'a toujours été. Puis, nous retournerons auprès d'Ebène. Cette séparation n'a que trop duré. Une fois à quelques mètres, je me mets à creuser dans le sol avec acharnement. Acharnement est le bon terme étant donné que la terre s'est asséchée sous la brûlure du soleil. Mais, j'y vais avec méthode et patience. Enfonçant dans un premier temps mes griffes pour retourner un petit espace de terre et la craqueler.
Je tente de les enfoncer le plus profond possible pour me faciliter la tache qui se révèle ardue. Mes griffes ne tardent pas à remuer le sol et je ramène mes pattes dans un mouvement brusque pour arracher la terre brûlée de son berceau. Une fois la surface égratignée par mes assauts, je peux à présent creuser avec plus d'aisance. Les muscles de mes pattes sont mis à rude épreuve car cela n'a rien de comparable avec de la terre boueuse ou arable. Mais, je ne me décourage pas et continue de creuser avec mes pattes avant. Je dois encore m'attaquer à la base avant de parvenir enfin à remuer la terre et à la faire voleter ça et là. Il fait frais sous terre à ce que je constate. Je continue de creuser en occultant ce fait. Les muscles de mes pattes sont tendus et je ralentis un peu pour retrouver mon souffle et reposer mes pattes quelques instants avant de repartir dans ma besogne. De la terre continue de quitter le trou pour aller s'entasser sur le coté. Mes mouvements sont réguliers et mécaniques. Il n'y a pas grand chose à faire lorsque l'on creuse un trou en même temps. Penché en avant, je creuse encore et toujours et me retrouve bien vite de nouveau recouvert de transpiration. Je réitère le même mouvement durant de très longues minutes avant de me figer en observant la profondeur du trou. Pas mal du tout comme résultat pour un sol aride. J'essuie mes pattes sur le sol avant de balayer les environs du regard. Un arbre tout proche me semble adéquat pour la suite de mes idées.
Mais pour le moment, je fais travailler mes pattes arrières cette fois et propulse la terre expulsée dans le trou tout juste creusé. J'envoie une série de coups de pattes arrières dans le petit tas de terre. Une fois le trou à peu près rebouché. Je m'ébroue histoire de redevenir présentable pour la suite de mon entraînement. Une fois cela fait, je m'élance dans un bond vers l'arbre ayant attiré mon attention. Je percute le tronc de l'épaule avant de me jeter sur le coté et de rouler sur moi même. Une fois de nouveau sur mes pattes , je me mets à tourner autour de l'arbre sans le quitter des yeux avant de bondir dans sa direction en claquant des mâchoires dans le vide avant de reculer dans un autre bond. Je répète le mouvement tout en tournant autour du tronc noueux. Une série de bonds et de claquages de mâchoires plus tard je me dresse sur mes pattes arrières en m'aidant du tronc pour rester debout et plante fermement mes crocs dans le bois que je serre durement avant de retirer mes crocs et les planter une nouvelle fois dans le bois sec.
Je trace un sillon dans le bois avant de reculer pour retomber sur mes quatre pattes. Je crache quelques copeaux de bois avant de me jeter sur le coté dans une roulade maîtrisée. Je fonce une nouvelle fois en avant et percute le tronc de mon autre épaule avant de pivoter sur moi même et lui décocher un coup de patte arrière. Puis, je me lance dans une série de feintes en baissant la tète, sautillant sur place, plongeant vers l'avant avant de remonter brusquement en arrière. Je me jette ensuite en avant et envoie un coup de tète dans le tronc. Avant de me mettre à labourer la surface plane de l'arbre de mes griffes aiguisées. Mes griffes font chanter la matière brune. Des copeaux de bois volèrent ça et là tandis que je m'acharnais encore et encore sur ma cible d’entraînement. Je creuse une fois de plus dans cette soirée mais dans le bois usé cette fois ci. Je recule dans un bond de repli avant de plonger une nouvelle fois vers ma cible et plaquer une patte sur le tronc tandis que mes crocs ravagent le bas au niveau des racines. Mes crocs se taillent un chemin sinueux dans le bois tandis que je laissais libre cours ma furie. Je donne quelques coups de ma patte avant dans l'espace au dessus de ma tète avant de repartir dans une série de coups de griffes précis et volontaires. Mais la fatigue finit par réclamer son du et c'est fourbu que je mets fin à mon entraînement. Il est temps d'aller pioncer. Demain est un autre jour.
J'étais dans ma tanière de fortune lorsque la terre avait tremblée il y a quelques jours et le phénomène m'avait réveillé et tiré brusquement de mon sommeil. Ces secousses s'étaient présentés comme le point d'orgue d'une succession de déséquilibres tous plus incongrus les uns que les autres. L'automne n'était pas venu alors que son heure était arrivé. L'été se prolongeait sans que l'on ne comprenne vraiment pourquoi. Et personne n'avait vraiment le temps de se pencher sur la question étant donné que le soleil brûlait toute forme de vie, que l'on crevait littéralement de soif et qu'il n'y avait plus aucune proie vivante du moins à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Le monde était bien trop occupé à tout faire plus que jamais pour survivre quelques instants de plus pour se concentrer sur des questions philosophiques à trois francs. Même ma légendaire bonne humeur qui avait survécu à tant d'épreuves, tant de pertes, tant de déceptions de doutes et d'autres aspérités de la vie fondait comme neige au soleil c'était bien le cas de le dire sous les rayons de cette canicule ne souhaitant pas vraiment fondre elle même. L'été n'a pas du intégré le fait que toutes les bonnes choses ont une fin et qu'il devait nous laisser goûter aux vents de l'automne, à la fraîcheur délicieuse amorçant les vents d'hiver.
Je ne suis pas un grand chasseur étant donné que ça a toujours été le domaine d'Ebène mais il me semble que l'automne était une saison giboyeuse en proie à l'instar du printemps. L'été trop sec et l'hiver trop froid nous contraignait à nous serrer la ceinture. Mais, il semblait que nous allions devoir apprendre à nous serrer la ceinture et bien toute l'année ma foi. J'avais pourtant une raison de sourire. L'effluve reconnaissable entre mille de mon neveu flottait sur les terres arides.
Le gamin avait décidé de rentrer après avoir compris que je lui laissais le choix de son avenir quitte à ce que mon frère me tue pour cela. Un sourire en coin étire lentement mes babines tandis que je chemine à la recherche d'une pitance quelconque. Un rat crevé, une carcasse de lièvre, n'importe quoi fera l'affaire. Je préfère ne pas entretenir l'espoir de dénicher une carcasse de cerf ou autre cervidé conséquent en terme de viande. Autant ne pas s'infliger de souffrances inutiles. Un seul et même sang. Bientôt, père, frère et fils seront de nouveau réunis. Et peu importe ce qui pourra alors advenir puisque nous l'affronterons ensemble. Le museau à l’affût. Je chemine dans le désert.
Destin
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Mar 4 Oct - 17:16
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