Encore une fois, Athos était parti à la recherche de nouvelles choses, et surtout à la recherche de quoi se mettre sous la dent. Il était devenu indispensable de chercher, la chasse n'était plus possible : toute proie avait fuit ou était morte depuis si longtemps que manger leur viande provoquerait des maladies incurables. Alors Athos avait décidé de prendre un rendez vous avec son apprenti pour lui apprendre à se servir de son odorat. C'était indispensable pour elle, vu qu'elle ne pouvait pas voir. Et non seulement c'était indispensable, mais aussi elle avait les meilleurs chances pour réussir puisque lorsqu'un sens fonctionne mal, les autres sont bien puis puissants qu'à la normale.

Athos avait alors conduit Lidyk jusqu'à la clairière, pour chercher des choses qu'on aurait pu manger.

"Viens fillette, suis moi. Ici, nous allons sûrement trouver de quoi se mettre sous la dent, au moins des racines et des baies comestibles. Tu ne peux pas les voir donc il te faudra tout faire pour les sentir sans être empoisonnée. Montre moi déjà de quoi tu es capable. "

Il la regarda et attendit qu'elle tente de trouver quelque chose.

Athos arqua un sourcil aux paroles de la petite louve. Il la croyait plus volontaire. Il griffe un peu le sol pour s'assurer de sa prise, puis envoya d'un coup de patte un nuage de poussière sur sa nouvelle apprentie.

Il lâcha alors, d'un ton tout à fait naturel comme si son geste avait été des plus normaux du monde dans un contexte d'apprentissage :

" C'est pas cet endroit qui sent mauvais grognasse. C'est ton odorat qui est mauvais. Si tu cherches tu trouveras ! Aller maintenant que tu as le nez plein de poussière dit moi. Que sens tu? "

Athos se mit à humer doucement l'air. Certes ça sentait la terre séchée et une odeur de brûlée flottait dans les airs, mais derrière cela , on sentait l'odeur de la mousse qui tentait de se frayer un chemin sur les arbres morts, l'odeur sèche de la paille qui grattait les narines, herbe asséchée par un temps pareil , on sentait aussi les différentes choses qui composaient cette odeur de brûlée, car toutes les choses brûlées ne sentaient pas pareil. Le plastique brûlé sentait autre chose le bois, le bois était à son tour différent de la terre brûlée, et la terre différente de l'herbe.

Allez petite louve. Montre moi que je ne me suis pas trompé. Montre que tu vaux le coup qu'on se batte pour t'apprendre ce que l'on sait.

Elle renifla l'air, clairement hargneuse, agacée d'avoir été aussi humiliée par un adulte, mais trop orgueilleuse de faire le plaisir à Athos d'éclater en petite crise gamine, et s'avouer ainsi sensible.

Athos esquissa un sourire sournois. Bien. C'était exactement ça qu'il fallait aux sekmet.  Cette hargne. Cette rage de vaincre et de ne jamais se laisser soumettre. La soumission à son alpha était certes nécessaire mais relative par rapport à l'importance de la confiance et de la foi qu'on avait en lui. C'était cela la clé de la réussite. 

Athos grogna légèrement à la réponse des plus faciles et des moins recherchées de la petite. Il griffa hargneusement  le sol, faisant s'élever un léger nuage de poussière qui pouvait agacer les narines sensibles  de la petite louve. 

" Feignasse. Tu sais très bien qu'il y a plus que cela encore. Cherche ! Sens ! Tu ne vas pas assez loin. Tu ne vois pas assez loin. "

Athos employait le ton qui l'avait tant caractérise lorsqu'il était général, cette façon autoritaire et imposante de s'exprimer sans que personne ne trouve à y redire. La petite n'était pas disciplinée, certes, mais elle était en mesure de comprendre que voir n'était pas un don qui lui serait un jour accordé, elle devait alors apprendre à voir autrement.

"Cesse de grogner. Tu sais que va ne sert à rien, comme tu sais comme tu ne peux pas voir avec tes yeux. Tu sais quel est ton problème ? Tu ne veux pas voir. "

Des paroles dures. Peut être trop dures pour une petite de cinq à six mois. Mais c'était nécessaire.  Il allait lui apprendre à voir. Mais d'abord elle devait prendre conscience qu'elle devait voir !

Elle réagissait, mais pas aussi violemment qu'il l'avait prévu. Il aurait espéré plus de ... Rage. Mais la petite faisait tout pour se contrôler, pour éviter de tout faire foirer, peut être aussi pour éviter de se prendre une raclée. Elle s'agace, grogne un peu et tourne sur place. Athos la laisse faire sans un bruit, même lui entend à peine sa respiration. Il faut dire que l'ancien chasseur était passé maitre dans l'art de se faire invisible. Invisible au flair de n'importe quel animal. Invisible aux yeux de tous, et aux oreilles de tous. La petite Lydik ne savait pas vraiment vers où se tourner, si bien que quand elle parla, elle regardait à droite d'Athos même si elle lui faisait bel et bien face.


" Et toi tu n'entends que ce que tu veux entendre. Ce n'est pas parce que tu ne vois rien que je vais te ménager. Je ne ferai pas de favoritisme avec toi, ni parce que tu as ces yeux là, ni parce que tu es la fille de Nilaya. Je ne favorise pas Illidan, aucune raison que je ne te favorise toi. Tu ne peux pas voir avec tes yeux Lidyk, alors tente de voir avec tes autres sens ! Tu ne veux pas voir, non pas parce que tu n'en as pas la volonté, mais parce que tu t'es faite à l'idée que tu ne verrais jamais. Or c'est faux. Tu peux voir. Mais vois avec tes autres sens. Allez. Ré-essaye ! "

Il allait falloir recadrer cette petite. Elle était perdue, persuadée d'être tellement différente que son cas était désespérée, et elle bouillonnait de rage de devoir affronter une telle réalité. Athos savait qu'il allait la recadrer. Parce qu'il ne supporterait pas longtemps une gamine capricieuse, aussi "fille de Nilaya" qu'elle était.

Il lui doit un violent coup de patte, pas assez pour lui faire mal mais assez pour que, surprise, elle roule au sol sans meme comprendre ce qui lui arrivait. Durement et en un éclair, il la plaqua au sol, les épaules contre terre.

"Ecoute moi bien petite geignarde! Si tu es venue pour te plaindre de ta misère et en vouloir au monde entier d'être née handicapée alors soit ! Tu peux partir et nous quitter, je ne veux pas de loups lâches incapables de s'assumer ou d'essayer de s'en sortir Lidyk ! Tu as beau essayé d'être mordante et de te brusquer par la parole, tu n'as rien qui puisse berner qui que ce soit ! Regarde toi ! Tu en veux à la terre entière, tu n'essaies même pas de tirer partie de ta situation, tu vois tout en noir sans même essayer de comprendre ! Comprendre quoi tu me diras hein? Parce que finalement, est-ce qu'il y a quelque chose à comprendre dans le fait que le Destin t'ait rendue aveugle ! Je pense que oui ! Tu as été mise à l'épreuve par cette faiblesse ! Il ne tient qu'à toi de surmonter cet obstacle et de transformer ce handicap en force! Mais si tu ne veux rien Lidyk, si tu ne veux pas écouter mes conseils, si tu crois mieux savoir que tout le monde et si tu crois que, parce que je suis voyant, je ne peux rien t'apprendre, alors part! Mais sache que personne ne t'apprendra ce que tu veux savoir à moins que tu ne le veuilles vraiment toi même. Parce que dans tes yeux je ne vois que de la rage. Pas de la volonté. "


Il se dégagea en poussant un grognement, il la laissa sortir de sa prison charnelle. Elle ne semblait pas vouloir partir. Apparemment.


"Bien. Si ta petite crise d'enfant gâtée est tombée, tu vas commencer. Si tu as l'ouie assez fine, tu as pu sentir que quelque chose était dans le fourré directement derrière toi. C'est un lapin. Il s'est réfugié dans son terrier. Si tu y vas trop brusquement, si tu trébuches, il se méfiera et il te sera impossible de le ramener. Allez, à toi. "