Rester sagement enfermé dans la tanière de mère alors que nombre de lieux restent à découvrir ? Me tenir tranquille quand aucune figure paternelle ne peut oser vouloir m'ordonner quoi que ce soit ? Peut-être le vieux crouton se pense assez fort pour m'impressionner et me tenir assis plus de quelques minutes ? Je ricane à l'idée de tout l'affolement au camp : le Prince a disparu ! Justement je suis Prince, moi. J'ai bien d'autres choses à foutre que me pavaner en public en agitant poliment la patte. Je soupire, respire les odeurs d'un lieu qui m'est tout nouveau et des plus intéressants par dessus le marché. Je n'étais jamais venu ici, et c'est cool. J'aime être explorateur. Je me fous bien d'être petit ou de manquer de muscles. Je suis un Prince.

- Hello !

Je m'immobilise, fronce le regard sans me retourner, de dos à la voix stridente qui vient outrageusement de déranger mon repos. Après quelques secondes d'un silence pesant, je tourne lentement la tête pour observer la louvarde, bien plus grande, bien plus forte que moi.

- Tu veux venir jouer avec moi ?

Je pose sur elle un regard méprisant et hautain, comme si elle était une tâche sous mes pattes.

- Et pourquoi j'ferais ça ? T'es moche.

Non mais comme si elle méritait de jouer avec un Prince, tiens ! Pour qui se prend cette mijaurée, au juste ?

Un bond en avant et la voilà devant moi, à me dominer par sa taille de guêpe prétentieuse. un coup de museau et je peine à garder mon équilibre précaire. J'affiche une moue agacée, la fixant dans les yeux comme si elle ne valait rien. Parce que face à moi, Prince de sang, c'est le cas. Elle m'insulte ouvertement et je fronce le regard pour la fixer davantage alors que ses babines s'étirent horriblement devant moi. Sait-elle ce que lui dit la crevette maigrelette ? Qu'elle patiente un mois ou deux, voire même moins, et elle comprendra son erreur.

- C'est vrai, si je joue avec toi, je risquerais de te casser en deux. T'as juste pas de courage, mauviette.

J'étire à mon tour un sourire sardonique, laissant quelques secondes s'étaler entre sa réplique et la mienne. D'un ton présomptueux et fier, me voilà à chercher mes mots pour mieux l'atteindre.

- Pour une moche qui pue le Sekmet, je te trouve bien compatissante. T'as peur de me faire mal ? Pauv' fille, vas.

Et je lui tourne le dos en fouettant l'air de ma queue, défiant, avant de filer à toutes pattes vers des gravas pour en faire le tour et lui faire face, montrant les crocs dans un sourire machiavélique.

- T'attends quoi ? Une invitation princière ?