Jour 1

Une nouvelle fois, je me retournais dans mon sac de couchage, la crainte au ventre. Je pressent déjà le mouvement des chars d'assaut sur le sol. Je ne suis qu'un traître à leurs yeux, et ils viendront sans aucun doute me descendre. Et si ce n'est pas eux, ce sont les autres humains du village que nous avions démolit par le feu. La vision du corps de cet enfant couvert de poussière et de terre me remontait une nouvelle fois à l'esprit quand je rouvris les yeux. Inutile de dormir, je n'y arriverais pas ce soir.
Je passe ma veste sur mes épaules et quitte l'abris de ma tente. Mon pistolet à la ceinture, je compte mes dernières balles : 3... Je n'irais pas bien loin avec ça.
La nuit est froide, je commence à courir pour me réchauffer. Allez John, ne te décourage pas... Les camps d'entrainements avaient été bien plus terrifiant que ta situation actuelle.

Je me presse entre les arbre à vive allure pour réchauffer mon corps, jusqu'à ce que mes pieds butent sur une branche, causant ma chute dans la terre. Je me relève rapidement, arme au point, le sang battant dans mes tempes. Piège ? Embuscade ? Non... Mon regard se pose sur la masse blanche qui luit légèrement sous l'éclairage de la lune... On aurait dit un gros chien, couché sur le sol... Je m'approche lentement, mon arme dressée. Il bouge encore... Pourtant je sens sur lui une odeur pestilentielle. Une blessure peut-être...
Ce que je croyais être un chien était en vérité un loup, semblable à ceux que mes camarades avait capturé. Mais contrairement à yeux, je ne suis pas cruel...
Je m'approche lentement et je vois son regard briller dans ma direction. Il ne semble même pas avoir la force de bouger une patte. Je tends délicatement une main et la pose proche de son visage. Je ne sais pas lire dans les yeux des animaux, mais je sens en lui une rage de vivre, une volonté de s'en sortir... Semblable à la mienne.
Je glisse ma main le long de ses poils collants.

"Tout va bien se passer, ne craint rien..."

Je parle à voix basse, alors qu'il semble fermer les yeux. Je ne sais pas s'il m'a compris, ou encore si ce n'est que la fatigue. Je passe ma veste autour de lui et commence à le traîner au sol, n'ayant pas la force de le porter.

Jour 3

J'allumais un feu, faisant chauffer une boite d'haricot et un morceau de lapin que j'avais capturé la veille à l'aide d'un collet. Le loup semble toujours endormi, au fond de ma tente... Ses blessures semblent en meilleures état depuis que je m'en suis occupé. Je suis pas vétérinaire, mais je sais comment passer une compresse sur des plaies au moins.
Je croque dans la viande juteuse, mastiquant en levant la tête vers les étoiles. A croire que ce loup m'avait inspiré une grande pitié.