En savoir plus | Mer 31 Aoû - 17:02 | |
| Jauges : 75 / 67 / 74 Je rampe sous une plaque de métal suspendue au-dessus du sol pour me frayer un chemin vers l’intérieur des tunnels. Je hume les effluves présents avec intérêt, je n’ai aucune envie de tomber truffe à truffe avec un être humain ou un loup potentiellement ennemi. Alors que je m’extirpe de sous la plaque en tendant mes muscles et en étirant mon cou pour me redresser, j’observe l’obscurité qui s’étend devant moi. Rien ne semble enclin à entraver mon chemin et je ne pouvais rêver mieux par cette journée morne. Je m’avance dans les tunnels avec prudence, m’assurant à chaque pas que je ne suis pas sur le point de tomber sur un piège quelconque. Je bondis soudainement sur un promontoire aussi froid que la plaque de tout à l’heure, supposant qu’il est fait de la même matière. Je reste là-haut, en équilibre précaire, pendant plusieurs secondes. Fixant l’obscurité j’attends que mes yeux émeraude s’y accoutument pour mieux distinguer les formes en son sein. Alors seulement, dansant sur mon esplanade de métal pour rester droit et ne pas tomber avec la plaque, je commence à arpenter les lieux du regard pour essayer de dénicher quelque chose d’intéressant. Je crois percevoir des formes raides, pointues, dans la pénombre. Et puis, sans crier gare, je m’élance. Je me propulse de mon estrade, vole au-dessus du sol pendant une fraction de seconde et dès que mes pattes touchent le sol, je pars en courant, propulsant mon corps par la force de mes quatre puissantes pattes. Je traverse les couloirs comme une furie nocturne.
Je m’élance à travers les couloirs sans faire attention à toutes les vies potentielles qui m’entourent, bien trop concentré sur les obstacles sur mon chemin. Une palette de bois déchiquetée, mes membres me projettent par-dessus l’objet donc les pointes de bois me rasent les flancs, et c’est dans un fracas sourd que j’atterris de l’autre côté avant de repartir à toutes pattes. Je vire à gauche alors que je m’aperçois foncer droit vers une paroi, et je change de couloir sans ralentir l’allure alors que mes poumons se remplissent d’un oxygène brûlant de poussière à un rythme effréné. La douleur pourtant ne me fait pas ralentir, et c’est sans réfléchir aux potentielles conséquences que je continue de foncer à travers la brume sombre des tunnels obscurs, jusqu’à m’arrêter brutalement en freinant des quatre pattes devant une odeur pestilentielle. Je m’arrête complètement, tire les oreilles contre mon crâne et retrousse le museau comme pour fuir cet effluve répugnant. La mort ? Pire, la chair en décomposition. Ici, les cadavres ne disparaissent pas comme à la surface. Nul charognard pour les dévorer, nul ver pour les nettoyer. Je grimace et m’avance, passant par-dessus le premier cadavre pour en découvrir encore un, plus frais mais tout aussi odorant que le premier. Je scrute la pénombre à la recherche d’autres corps, mais bientôt deux lueurs rougeoyantes se joignent à mon obscurité. Je redresse vivement la tête, fixant les lueurs avec grand intérêt, comme si elles étaient la réponse à mes questions muettes. Je m’approche.
Quand brutalement, un grondement m’arrive aux oreilles, me faisant vivement reculer et trébucher sur le dernier cadavre. Je m’écrase au sol, me relève à grande vitesse mais n’ai pas le temps de fuir. Deux mâchoires plus petites que les miennes mais aussi puissantes enserrent ma gorge et deux énormes pattes se pressent contre ma cage thoracique pour m’empêcher de me redresser complètement. Je gronde sauvagement, m’agite dans tous les sens et envoie des coups de pattes au hasard dans le noir en espérant toucher mon assaillant. L’animal, furieux, s’acharne à me massacrer le museau, plantant ses crocs puissants dans mon palais et déchirant mes babines sans aucune pitié. Je m’efforce de me retourner, de reprendre un équilibre sur mes pattes, mais l’animal me maintient au sol avec une telle force qu’il m’est impossible de me libérer de son étreinte. Ses pattes griffues s’enfoncent dans ma chair avec rage, comme si j’étais son prochain repas. Je me sens comme l’insecte dans la toile de l’araignée, cloué au sol et obligé de supporter de me faire enrouler dans un cocon mortel pour y attendre la mort avant que la monstrueuse créature ne vienne se repaître de mon sang à travers lui. Je grogne, me tortille dans tous les sens, jusqu’à arriver à voir le regard furieux de mon tortionnaire. Le carcajou relâche mon museau un court instant, et je profite de l’occasion pour attraper sa gueule entre mes crocs et la serrer si fort qu’il en devient hystérique de douleur. A son tour de chercher à se dégager, mais je n’attends pas qu’il reprenne le dessus. Je m’échappe à la première occasion et je m’élance dans les tunnels sans plus faire attention à rien, me concentrant uniquement sur ma course folle, mes muscles douloureux et la sortie de cet endroit sordide. |
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