Une nouvelle promenade, en tout tranquillité. Le ciel s'obscurcissait au fur et à mesure que je me dirige vers le campement Aldark. Je sens des gouttes d'eau glisser sur mon pelage, alors que je lève l’œil vers le ciel qui me couvre la tête. La pluie vient m'accueillir ?
Très rapidement, c'est des trombes d'eau qui tombent du ciel, mouillant mon pelage entièrement, rendant le sol boueux, tâchant mes pattes.
Ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire... La pluie ne me dérange pas plus que ça. C'est plutôt l'odeur proche qui me rappelle des choses. Akuma se trouvait dans le coin, comme d'habitude. Il faut croire que nous avons commencer un jeu du chat et de la souris assez amusant pour moi. Pour elle aussi peut-être mais ça, je ne peux pas le dire pour elle ~
Je continue ma progression dans la pluie, avant de m'arrêter, me retournant alors lentement, restant immobile, posant mon unique oeil sur la fourrure blanche qui approche.

- Surprise par la pluie ?

Chantais-je tranquillement quand elle fut à ma hauteur pour m'entendre.

Je m'approche lentement, laissant l'eau ruisseler le long de mes poils. Elle aussi semble être là sans attendre grand chose. Est-ce qu'elle apprécie la pluie ? Et bien, au moins une chose à noter. Personnellement, je m'enfiche, ça ne laisse qu'une odeur de chien mouillé sur la peau. Elle ne nettoie rien, ni le corps ni l'esprit.
Elle me répond en toute simplicité, mais je vois dans son regard quelque chose de particulier. Quelque chose qu'elle cache. Ma curiosité est simple, c'est ma source de divertissement.
Est-ce que j'allais jouer, ou être direct ? J'hésite sur la stratégie à adopter. Tient, c'est bien la première fois que j'hésite à faire quelque chose.

- Quel est donc ce petit regard que tu as là ? C'est bien la première fois que je le vois... C'est presque aussi intéressant que ton air énervé. Un peu plus... Mystérieux, je dirais ?

C'était sans doute le bon adjectif. Je tourne la tête à droite, la faisant alors craquer lentement. Tel un serpent, je marche un coup sur le droite, un autre sur la gauche, me faufilant entre les gouttes de pluies jusqu'à me trouver proche de son museau, la regardant de mon oeil unique.

- Que caches-tu ?

Lui demandais-je de but en blanc. Cette stratégie là, c'était la mienne. Aucune subtilité, aucun "entourage" de mes intentions. Je ne fais que ce que me dicte mon cerveau anormal.

A voir sa réaction, il semblerait qu'elle se prenne au jeu, sans pour autant vouloir me laisser gagner tout de suite. Bien... Comme on dit : plus ça dure, meilleur c'est. Un sourire moqueur s'étira sur mes babines alors qu'elle glisse le long de mon corps, la queue venant caresser mon museau. Cette attitude séductrice n'est là que pour cacher sa faiblesse, je le sais déjà.
D'un bond, je me retourne et lui bondis dessus, la plaquant sauvagement au sol. Plaçant une patte de chaque côtés de son corps pour lui empêcher toute retraite, mon sourire moqueur devient bien plus carnassier, mon oeil brille d'une petite lueur malsaine que j'apprécie dessiner moi-même. Je claque les crocs au dessus de son museau.

- C'est moi qui pose les questions... Et tu ne m'as pas répondu ~

Je commençais à lui mordiller l'oreille, bien que mordiller soit assez léger comme terme, étant donné que je n'y allais pas de patte morte.

Elle semble se régaler de la situation. Littéralement. Je n'ai qu'à voir son expression pour y lire la satisfaction, ainsi que le contentement. Je cesse de lui mordre l'oreille, me redressant sur mes pattes au dessus d'elle pour nous retrouver truffe à truffe, mettant volontairement de la distance.
Tant que je n'ai pas ce que je veux, je ne ravis personne, c'est la loi de l'échange équivalent. Sauf que je prends et je ne donne rien, comme je n'ai pas réellement ce que les autre appellent "une morale" ou une "conscience".

- Tu sais que je trouve intéressant d'apprendre de nouvelles choses... Et je juge la valeur de ce que j'obtiens une fois que je l'ai... Petite chose.

Ajoutais-je en passant un coup de langue sur son museau, volontairement moqueur avant de bondir vers l'avant, la libérant par la même occasion. La connaissant, je risquais un coup de crocs dans les côtes. Ce qu'il vaut mieux éviter. Marchant sous la pluie qui semble gagner en intensité, je tourne la tête vers elle.

- Alors. Je t'écoute ~

Je penchais la tête sur le côté, la défiant du regard. Parle, dis moi tout... A moins que tu ne veuilles que je te fasse parler ?

Elle ne veut toujours pas répondre. Mieux que ça : elle répond à mes provocations. Je me demande à quoi elle peut bien jouer. Mais c'est un jeu amusant dans lequel je me glisse volontairement. Dans lequel je me glisse pour l'atteindre plus facilement. Si simplement.
Je pars toute expression sur mon visage, alors que la pluie goutte le long de mon visage, coulant contre mes plaies pour enfin s'écraser à mon menton, puis au sol.
A quoi joues-tu Akuma ? Quelle danse fais-tu ? Je m'interroge, je réfléchis. Qu'il est bon de réfléchir pour s'occuper un petit peu l'esprit.
Le passé, le passé, le passé... Je me répète ce mot et peut-être bien pour la première fois, c'est un sourire dément qui s'étire lentement sur mon visage, alors que mes yeux ne reflètent rien... Le néant absolu. Il n'y a que ce sourire, ce cruel sourire qui faisait peur à mon frère. A ma sœur. A ma mère et à mon père. Ils avaient tous peur car je suis un monstre un peu trop proche de la terre. Un démon un peu trop proche des mortels. Xyrion et moi nous comprenions bien sur une seule chose : nous sommes différents des autres.
Je fais deux pas dans sa direction, sec. Je la prends au cou et la plaque d'un revers sur le sol. Aucun subterfuge, aucune rage. Comme un mécanisme automatique qui se calquait en moi. Cette chose sans âme que je suis réellement.
Je relâche ma prise, posant ma patte sur son visage, juste sous son oeil. Un geste, et je le percerais sans aucun regret. Sans aucune honte.

- J'ai torturé mon frère à mort pour m'amuser. J'ai violé ma sœur pour m'amuser. Je l'ai tué quand elle a mis bas. J'ai aussi tué l'enfant. J'ai même tué mes parents, car ils m'ennuyaient. Je vais t'apprendre une chose : tuer est une chose facile. Faire souffrir est une chose facile.

Ma voix est froide, cassante, sans l'ombre d'une agressivité. Une simple élocution de faits passés. Le passé.

- C'est lassant à force. Cette comédie me lassera aussi un jour. Tu me lasseras. Et ce jour-là je te tuerais sans même me souvenir de ton nom. Essaye de faire en sorte que ça n'arrive pas trop tôt... Dans ton propre intérêt bien sûr.
Le seul intérêt que tu as, c'est celui que je te donne. Tu n'es rien d'autre... Faible, facile... Encombrante. Mais tu aimes ce que je te fais. Tu aimes que je te donne de l'importance quand je te blesse. Car c'est les seuls instants où tu en as.
Garde les précieusement... Ça ne durera pas. Mon-Amour.

Ajoutais-je sur ces deux derniers mots sans l'ombre d'une émotion. D'un violent coup de patte, je laisse une trace sanglante sur sa joue avant de me redresser, m'en allant par la même occasion. Je suis le maître du jeu, et c'est ainsi. Elle devrait s'en souvenir à présent.