Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
J'étais là, allongée sur le sol, comme si je guettais une proie et pourtant, j'essayais tant bien que mal de ne pas me faire remarquer par les guerriers. Je les observais depuis le début de leur entraînement, j'étais totalement captivée par leur force et leur sérieux. On sentait qu'ils ne prenaient pas cet entraînement à la légère, bien qu'ils ne se blessaient pas en se battant, on voyait bien qu'ils ne lésinaient pas sur les coups. Au bout de quelques minutes, l'entraînement prit fin. Tous partirent se reposer, épuisés. Il ne restait qu'un loup de présent, il me semblait qu'il était un des deux généraux de la meute, mais impossible de me souvenir de son nom. Les généraux étaient ceux qui dirigeaient les guerriers et parlaient stratégie, autrement dit ils me fascinaient. Ils avaient un rôle vraiment important, surtout lors des guerres. Bien que je pensais à également retourner dans la tanière, mes pattes en firent autrement et je me retrouvai à me diriger vers le général. Face à lui, ce fut une tout autre histoire, j'étais anxieuse et ma position en était témoin : la tête baissée et la queue légèrement entre les pattes.
- Heu... je m'appelle Nuala... je suis la nouvelle nourrice de la meute...
Je devais sûrement avoir l'air ridicule à parler de la sorte, mais il m’impressionnait, je ne pouvais m'en empêcher.
- Je... trouve qu'être général, c'est vraiment...impressionnant ! Ce... ça doit être assez compliqué non ?
Ce n'était pas l'unique question que j'avais en tête. A vrai dire j'en avais plusieurs : Comment as-tu réussi à devenir général ? As-tu déjà fait un vrai combat ? Et pleins d'autres encore, mais je risquerai de l'énerver. Et puis, il fallait bien l'avouer, mes questions étaient assez ridicules. Je n'attendis pas vraiment sa réponse et m'apprêtai à partir. J'avais beaucoup trop honte à vrai dire, et pour l'instant je voulais juste m'enfuir et l'éviter pour le reste de ma vie.
- Désolée pour le dérangement. Je n'aurais peut-être pas du venir ici.