Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
C'est officiel, notre guérisseur va me détester ... La patte ensanglantée, je boîte jusqu'à sa tanière dont je vais finir par connaître le chemin par coeur. Je m'avance timidement devant l'entrée et guette son arrivée, l'air penaud, comme un louveteau pris sur le fait d'une énième bêtise.
Je terminais mon inventaire, alors que les filles étaient sorties des plantes ensembles. Je ne peux pas quitter ma tanière, avec l'afflux de loups blessés ses derniers temps. Les collets sont terribles, mais on y peut rien s'ils ne font pas attention. D'ailleurs, une nouvelle odeur approche... Comme presque tous les jours. Je pousse un long soupire, me dirigeant vers l'entrée de la grotte,s ne prenant même plus la peine de saluer ou de sourire. Il doit même avoir l'habitude de se faire soigner chez moi maintenant. Dans un léger grondement agacé, je finis par lâcher entre mes crocs.
- Dois-je ajouter un remède pour que tu arrêtes de chasser pendant une semaine ?
Je vais chercher de quoi le soigner, posant tous les matériaux à côté de lui. Je plonge ma patte dans la boue pour désinfecter sa plaie, puis suture le tout avec des toiles d'araignées.
Soin : Une boue pour désinfecter et toile d'araignée pour arrêter le saignement.
Alors qu'il soigne mes blessures, je reste silencieux et parfaitement immobile. J'observe au fond de sa tanière, une ombre qui se tapis dans l'obscurité et qui semble observer dans notre direction.
- Dois-je ajouter un remède pour que tu arrêtes de chasser pendant une semaine ?
Je plaque les oreilles sur mon crâne, comme un louveteau qui se ferait bêtement réprimander par sa nourrice. Pas la peine de répondre, ma seule mine indique que je ferais davantage attention à l'avenir. Et lorsqu'enfin les soins sont terminés, je prends seulement quelques heures pour me reposer avant de filer.
- Merci beaucoup ... Encore ...
En me dirigeant vers la sortie, je me promets de ne plus revenir aussi souvent. Il finira par me haïr, et ce serait dommage.