Je remonte une pente légère en rebroussant mon pelage sur tout mon corps, le regard fixe et les extrémités portées hautes. Je la vois depuis plusieurs dizaines de mètres, mais elle ne m'a pas encore repéré. Je souris entre mes babines, extériorisant mes crocs encore coulant du sang d'un lièvre. Je la regarde avec insistance et je continue de m'avancer, d'abord le pas lent, puis je me mets à trotter et j'accélère à mesure que je m'approche d'elle. Nul besoin de la connaître, ni même de savoir qui elle est. Nul besoin de se formaliser sur mon infraction à une loi de meute. Je ne me suis pas introduis sur leur territoire : c'est leur territoire qui s'est trouvé sur mon chemin. Je m'élance finalement au grand galop, les crocs à découvert en la fixant dans les yeux alors que la douce mélodie de la peur monte à mes naseaux. Je bondis violemment pour la percuter de tout mon poids et la flanque à terre, atterrissant avec force sur un sol herbeux encore tendre où je reprends aussitôt un équilibre parfait pour lui faire face, alors que la louve peine à se remettre de sa surprise. Elle ne s'attendait peut-être pas à être prise ainsi sur son propre territoire. Grondant avec férocité, je me jette sur ma nouvelle cible et lui décoche un violent coup de patte au visage avant de lancer mes crocs vers son épaule, cherchant à la capturer entre mes mâchoires puissantes et ensanglantées. Je cale quatre de mes griffes dans son pelage et serre jusqu'à trouer sa peau que je sens se déchirer sous mes doigts alors que ses premiers gémissements m'excitent comme un réflexe.

Rapidement et contre toute attente, la louve riposte avec frénésie, me flanquant au sol à ma grande surprise. Je m'écrase encore plus sous elle pour prendre un maigre élan et la percute violemment de mes pattes postérieures, l'obligeant à se dégager et me redressant en une fraction de seconde pour fondre sur elle, tous crocs dehors. Je ne réponds pas à sa remarque : comme si je n'étais pas au courant ! Je m'élance et étant mes antérieures pour les écraser sur sa cage thoracique, lui coupant le souffle avant de reculer pour charger une seconde fois, la percutant d'un coup de tête brutal dans l'épaule pour lui faire perdre l'équilibre. Je recule encore une fois mais pars en courant autour d'elle pour l'attaquer sur l'autre flanc, venant mordre violemment sa croupe dans un grondement furieux avant de griffer avec hargne ses cuisses que j'écrase sous ma masse imposante dans le but de lui empêcher toute représailles. Alors que j'ouvre mes mâchoires pour les plonger dans sa croupe une seconde fois, je reçois un violent coup qui me force à reculer pour reprendre mes esprits. Je reste interdit rien qu'un instant mais reprend bien vite ma concentration et bondis à nouveau sur elle, les crocs à découvert, balançant mes antérieures dans son épaule une nouvelle fois et plantant mes mâchoires dans son encolure pour la secouer de toutes mes forces et dans tous les sens. Je m'acharne jusqu'à sentir le sang s'écouler dans ma gorge et je la tire violemment en arrière pour la faire chuter, lâchant rien qu'une seconde pour mieux entailler son épaisse cuirasse dans un nouveau plongeon vers sa nuque.

Elle s'évertue à me repousser tant bien que mal, mais le goût du sang emplit ma gueule et excite mes sens, je m'acharne sur la femelle sans prendre garde à ce qui m'attend, à ce qui l'attend. Je gronde, plaque sur elle ma masse puissante, écrase son corps frêle sous le mien et enfonce mes crocs toujours plus loin dans sa chair sans plus faire attention à ce qui me menace derrière. Ses postérieures me repoussent, ses crocs sont aussi violent que son désespoir et malgré la peur que je sens embaumer l'air, elle résiste toujours davantage à mes offensive. Je m'écarte d'elle, lui tourne autour encore une fois, bondis à sa rencontre et la percute avec force pour la faire reculer. Je ne vois pas le précipice derrière, je n'ai d'yeux que pour cette femelle tâchée de sang qui me rend ivre de pouvoir. Je bondis en avant, lui mords la gorge avec autant de rage que j'ai de muscles et je l'attire à moi avec brutalité pour ensuite la repousser en arrière sans aucune hésitation, la flanquant au sol pour l'écraser de nouveau sous mon poids. Je m'arrange pour passer mon corps entre ses deux postérieures et ainsi l'empêcher de me repousser à nouveau. Mes crocs claquent dans le vide, mes oreilles plaquées en arrière lui montre davantage encore la fureur sur mon visage alors que mes mâchoires meurtrières cherchent à atteindre sa gorge pour mettre fin à ses jours comme à ceux d'une vulgaire proie. Parce que c'est ce qu'elle est : une vulgaire proie. Je m'écrase sur elle, laissant reposer tout mon poids sur sa cage thoracique pour lui couper le souffle et l'empêcher de respirer, tout en griffant ses épaules de mes griffes acérées.

Je plonge mes crocs puissants dans sa chair, me délecte de son sang, écrase ses muscles fébriles sous les miens, tendus par l'effort. Je la plaque au sol, j'alterne entre position de dominance au-dessus d'elle et reprise de distance pour calmer mon souffle et me re concentrer sur ma cible. Elle aussi est violente malgré sa faiblesse. Elle ignore qui je suis, et elle semble perdue. Mais une chose est sûre : elle n'a pas décidé de mourir aujourd'hui. Pourtant moi, je prendrais sa vie avec un plaisir malsain si elle m'en laissait l'occasion. Je m'élance sur elle, la percute de tout mon poids. Mais bientôt, ses crocs assassins s'écrasent sur mon museau et m'empêche d'ouvrir la gueule. Un gémissement plaintif s'échappe d'entre mes babines ensanglantées. Je ne saurais dire si l'hémoglobine est plus la sienne que la mienne tant le sol et nos pelages en sont recouverts. Brutalement, elle se redresse malgré les douleurs qui l'affaiblissent autant que moi, et mon corps finit par valser dans le vide, roulant vers le bas de la colline dans une douleur sourde qui irradie chacun de mes muscles. Je roule sur moi-même, m'efforce de retrouver mon équilibre, rampe sur le sol en voyant danser le monde autour de moi. Mais bientôt, après de longues secondes d'un souffle saccadé, je reprends mes esprits et repose mon regard cyan sur sa carcasse lâchement abandonnée là-haut. Je plisse les paupières et étire un sourire sardonique. Je m'élance. Ma course ralentie par les douleurs et l'épuisement me donne une allure bien négligée pour un guerrier, mais je n'abandonne pas et je fonds sur elle. Je détourne ma trajectoire quelques mètres avant de parvenir à elle, pour la contourner et remonter complètement au sommet. La terre sous mes pattes brûle mes muscles, entrave mes pas. Je la rejoins finalement, la fixe de mon regard déjà victorieux, et m'écrase sur elle dans une énième morsure au niveau de la nuque. Je la force à se redresser, la tire à moi, l'éloigne de la pente. Une fois mais pas deux. Pourtant, là dans mon sang, la fatigue accélère mes pulsions cardiaques et amenuise la qualité de ma respiration. Je ne tiendrais pas beaucoup plus. Je n'ai plus beaucoup de temps.

Je la prends entre mes crocs, la secoue dans les airs et la balance au sol pour mieux fondre sur elle. Grondant avec férocité, je plonge mes mâchoires dans sa chair, déchiquette chaque parcelle que je parviens à arracher à son corps. Elle est à moi. Sa vie m'appartient. L'odeur du sang se répand dans mes narines et m'excite avec une telle violence que je me sentirais presque enivré. Je balance mes pattes dans les airs et retombe lourdement sur son corps pour l'écraser un peu plus, la fondant presque dans le sol dur sous ses os douloureux. L’essoufflement n'est rien comparé au plaisir de sa souffrance qui résonne en moi. Je recule, plonge à nouveau mes mâchoires et tire sur la peau de ses cuisses, essayant par un réflexe primal de la démembrer. Mais la louve se débat avec rage, et bientôt nos fatigues combinées ne sont plus que le reflet de nos actions, comme deux fantômes qui se battent sans avoir la capacité de se toucher réellement. Ses crocs se plantent dans mon flancs, m'obligeant à un grondement de douleur. Je relâche ma prise pour reculer en secouant mon corps, la faisant lâcher prise avant de foncer sur elle tête baissée. Les crocs en avant, les oreilles plaquées sur mon crâne, je mords sa gorge avec une violence rare, bien décidé à l'abattre une bonne fois. Je l'étoufferais. Je la tuerais. Mais, au loin, des échos me parviennent. J'appuie plus fort mes mâchoires sur sa gorge. Je n'ai plus beaucoup de temps. Je compte les secondes et les pas qui séparent ma victoire de ma frustration. Encore une pression. Les pas approchent. Non, je n'aurais pas le temps. Je la relâche brutalement, laissant son corps tomber au sol dans un bruit sourd, et je m'élance au loin, dans le sens opposé des arrivants. Qu'ils la sauvent. Je la retrouverais.