Les Hellhounds sont partis depuis quelques jours désormais mais d'autres problèmes s'amoncellent les uns après les autres. Tss, il serait stupide de s'imaginer que ce monde profondément hostile puisse daigner nous accorder un peu de paix et de repos. Pourtant, il arrive que l'on s'accroche à cet espoir aussi vain que futile. Et ce pour bien des raisons. Quelle est la mienne ? Et bien, je crois pouvoir affirmer que je pèche par idéalisme. Cet idéalisme m'ayant longtemps animé. Cet idéalisme m'ayant longtemps poussé à tenter d'éclairer ce monde plutôt qu'à le rendre plus sombre qu'il ne l'est déjà. Mais, dans les affres étouffantes d'une chaleur caniculaire et le refus céleste de nous apporter la moindre goute d'or bleu mon idéalisme s'effrite à petit feu comme un rongeur savourant... Et bien ma foi, je n'en sais rien moi. Savourant ce que les rongeurs savourent hein. Il fallait avouer que la flamme en avait déjà pris un sacré coup. Et pas qu'un seul au demeurant.

Des morts d'amis et d'amours. Des morts revenus à la vie et des retrouvailles sanglantes. Quelques fois, j'ai l'impression que ce monde n'est qu'un vaste cirque dont nous sommes les pitoyables guignols chargés de divertir des forces qui nous dépassent. L'optimisme commence même à me paraître déplacé. C'est pour dire. Néanmoins, la meute prenait chaque problème méthodiquement l'un après l'autre. Et faisait du bon travail. Je ressentais une pointe de fierté en voyant mes frères et sœurs de meute s'activer. Ancien sentiment de bras droit je suppose. La rumeur du retour d'Isha m'avait chamboulé mais je n'avais pas encore eu le temps de recroiser le dragon revenu des enfers. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Ma dernière discussion avec lui au sommet de la chapelle me parait désormais si lointaine que j'ai l'impression qu'elle appartient à une autre vie. Et vu tous les évènements s'étant déroulés entre temps, c'était bel et bien le cas. Mais, je préfère ne pas me torturer l'esprit à ce sujet car j'ai bien d'autres sujets en tète. Le camp des irréductibles a été pillé de manière fort efficace et maintenant qu'ils ont pliés bagage. Nous pouvons de nouveau nous concentrer sur d'autres problèmes immédiats tels que la raréfaction du gibier qui annonce des conflits en perspective et des difficultés en tout genre.

En tant que chasseur de la meute, il est de mon devoir d'anticiper cela mais surtout de rapporter de la nourriture régulièrement. Si nous commençons à manquer de nourriture en plus d'eau, cela risque de ne pas le faire. Et puis, il y avait la louve, la louve qui occupait mes pensées depuis mon retour et le moment ou je l'avais aperçu sur les terres de la meute. Gracieuse mais puissante, douce mais autoritaire cette louve m'attirait irrémédiablement et je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir coupable à chaque fois que je la voyais ou que je pensais à elle. Ce n'était pas bien. Ma compagne venait tout juste de quitter ce monde et voilà que déjà mes yeux et semble t'il mon cœur me trahissait pour une autre. Je quitte les bords du Styx sur lesquels je me trouve et commence à me mettre en chasse. Laissant mes sens quadriller la zone à la recherche de la moindre proie. J'avance d'un pas sur et silencieux, à l'affut du gibier et entièrement concentré sur ma tache. Désormais, les histoires sont loin et le châtiment est en traque.

Mes sens affûtes par des années de chasses acharnées ne me trahissent pas et me mènent rapidement sur une piste intéressante. Mon allure ralentit encore davantage car la chasse n'est pas qu'une affaire de puissance et de rapidité. Il faut également parfois savoir se montrer subtil et patient voire très patient. Comme beaucoup je ne suis pas né patient mais je le suis devenu bien rapidement. Il faut dire qu'à force de rater des proies en se montrant trop impétueux, on finit par comprendre l'importance de la patience. La traque est un savant dosage d'un certain nombre de choses. Il faut savoir se monter subtil par moments et brutal et implacable à d'autres. Maintenant, c'est le moment. Je m'élance à toute allure vers le lièvre ne se trouvant plus qu'à quelques mètres et le poursuis le long de la rive. Mes efforts portent leurs fruits et je finis par l'immobiliser d'un bond bien placé. Il faut dire qu'il s'est épuisé plus vite que moi. D'un coup de croc, je lui sectionne la jugulaire et l'enterre dans un petit trou que je recouvre de terre aride. Puis, je prends quelques instants pour me reposer car avec cette température le moindre effort demande bien plus d'énergie qu'en temps normal. Une fois de nouveau parfaitement frais, je m’apprête à me relever pour repartir à la traque mais un mouvement dans l'eau tout sauf limpide du fleuve défunt attire soudainement mon attention. Je me rapproche donc de la surface aquatique et me penche en avant. Je plonge mes pattes avant dans l'eau et attends comme j'ai vu certains de mes congénères le faire à de nombreuses reprises. Je ne suis pas très doué en pèche. Chasser n'est pas pécher. Mais, on a tendance à négliger cette ressource par rapport aux autres. Finalement après de longues minutes, un poisson percute l'une de mes pattes et je plaque la seconde sur la première pour l'immobiliser avant de ressortir ma prise de l'eau et de la déposer sur le sol à coté de moi.

Seulement, le poisson tente de se faire la malle et de retourner d’où il vient alors j'écrase durement une patte sur le petit corps qui se brise sous l'impact. Je retente ma chance quelques instants plus tard et parviens à attraper un autre poisson grisonnant qui ne tarde pas à rejoindre son congénère dans le trou prévu à cet effet. Une odeur plus forte que celle d'une proie me pousse à me retourner lentement les sens aux aguets. Mes crocs se dévoilent dans un grondement rageur lorsque le coyote se dévoile à ma vue. Je ne perds pas une seconde à réfléchir. Il ne peut être ici à lorgner mon butin que pour une seule et unique raison. Sauf que je n'avais nullement prévu de partager avec un charognard. En quelques foulées je suis sur lui et ce n'est pas son bond de repli qui y changera quelque chose. Ma masse s'abat sur la sienne dans un choc brutal et mes crocs trouvent le chemin de sa gorge dévoilée et offerte à leurs assauts. J'enfonce profondément mes armes dans sa chair et y trace un sillon sanglant. Les ruades et les coups de griffes du coyote n'y changeront rien. Je lui arrache la gorge d'un brusque mouvement vers l'arrière. Le sang se met à couler à flot par la plaie béante tandis que la vie quitte le frêle prédateur. Je le traîne ensuite jusqu'au trou et le dépose à coté.

Après analyse de la situation, je décide d'acheminer mes prises jusqu'au garde manger de la meute avant de reprendre la traque. Lorsque ma besogne est achevée, je me remets en chasse et abats une belette avant de me lancer sur la piste d'un renard. Mais, un défaut d' inattention me coûte cher lorsque ma patte avant se prend dans un collet. Adieu le renard ! Je pousse un soupir d'exaspération exagérément théâtral et entreprends de me libérer de ce foutu traquenard. Maudits soient les hellhounds ! Maudits. Je parviens finalement à m'en libérer au bout d'une bonne dizaine de minutes d'un travail aussi douloureux qu'acharné. Je vais récupérer ma proie sans forcer sur ma patte et rentre sur le territoire d'un pas lent et prudent. Une mine renfrognée sur le visage. Direction le guérisseur. Quand, je vous avais dit que l'optimisme est mort depuis bien longtemps. Ou la guérisseuse. Il ne manquait plus que cela pour couronner le tout. Je me rends finalement compte que je suis surement en train d'esquisser une moue boudeuse digne d'un louveteau de trois mois alors je me ressaisis et revêts une expression parfaitement impassible.

Proies précédentes récupérées

Une nouvelle journée de chasse qui s'annonce. Les Hellhounds ont abandonnés nos terres mais non sans nous laisser de quoi nous empoisonner la vie. Existe il une espèce plus vicieuse que celle des bipèdes ? Enfin bref, ce n'est pas le fait de se plaindre qui y changera quelque chose. Je me dirige d'un pas nonchalant vers les berges du Styx et me mets rapidement en chasse une fois sur les lieux. Ma traque se révèle rapidement fructueuse puisqu'un lapin finit entre mes crocs ivoires bien vite suivi d'un mulot et d'une belette dodue. Je m'approche ensuite des eaux noires du fleuve maudit et parviens à en extirper deux poissons. Ma dernière prise est un renard relativement jeune.

Direction les berges calcinées du fleuve oublié pour une nouvelle partie de chasse que j'espère aussi fructueuse que la précédente. Je me surprends à adresser une prière silencieuse à Dame nature pour qu'elle m'épargne la rencontre avec un autre de ces foutus pièges humains. Ces pièges qui immobilisent nos chasseurs et épuisent les réserves de nos précieux guérisseurs. Je laisse mes sens de chasseur analyser la zone avant de commencer. Je parviens à abattre un aigle au moment ou il se jette sur un mulot et fais donc d'une pierre deux coups. Ma traque me rapporte une belette et deux castors et je termine en péchant un poisson dans le limon noirâtre.