Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
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J'avance d'un pas nonchalant vers le territoire de la meute que j'avais intégré dès sa fondation. La meute que j'avais vu grandir et chanceler au gré des mois et des retournements de situation aussi rocambolesques les uns que les autres. La meute dont les leaders avaient tour à tour disparu puis été remplacé par d'autres. La meute dans laquelle je me sentais pleinement chez moi et ce depuis la première fois que j'avais posé une patte sur l'herbe tendre des terres entourant la chapelle. La meute qui avait vu la naissance de mon fils et l'adoption de ma fille. La meute qui m'avait vu grandir et m'élever dans l'abnégation et le dévouement. La meute à laquelle j'avais tant donné et tant reçu en retour. La meute dans laquelle Elerinna avait retrouvé la paix intérieure qui lui avait été arraché dès son plus jeune age par ces foutus Sekmets. La meute pour laquelle j'avais failli sacrifié ma vie et celle pour laquelle je n'hésiterais pas à le refaire encore et encore.
Mes yeux se ferment d'eux mêmes tandis que j'avance lentement sur le chemin que je connais désormais par cœur. Je ne sais pas comment je vais être accueilli et au fond je m'en moque comme d'une guigne. Tout ce que je sais, c'est que ce soir je rentre à la maison. Je me sens quelque peu fébrile à l'idée de revoir tant de visages familiers, de fouler de nouveau ces terres tout aussi familières. J'ai quelque peu peur de revenir et de constater que certaines personnes m'ayant été chères ne sont plus de ce monde. Je suis parti parce que la perte de la moitié de ma famille me faisait trop mal alors je ne sais pas comment je réagirais si je débarquais au milieu de la chapelle et qu'il manquait la moitié des visages présents avant mon départ. Probablement très mal j'imagine mais je ne pourrais m'en prendre qu'à moi même pour ne pas avoir été là quand il le fallait. Lorsque mes yeux s'ouvrent de nouveau sur les environs, je me trouve le long de la frontière de la dune de sable. Je me fige et reste immobile durant de longues minutes comme si j'étais paralysé par la perspective de mon retour alors que d'un autre coté je bouillonne d'impatience. Paralysé à l'idée de revenir sur les lieux ou les miennes sont mortes et disparues.
J'inspire un grand bol d'air malheureusement tout sauf frais et dépasse la frontière au pas. Le sable brûlant sous mes coussinets me rappelle bien vite que je meurs littéralement de soif et je me mets à trotter vers la rivière en observant les lieux avec attention. Je ne guette pas l'arrivée d'une sentinelle quand bien même je n'ai plus vraiment l'odeur de la meute dans mon pelage. Non, j'observe les lieux ayant servi de champ de bataille au conflit lupin le plus brutal que je n'ai jamais connu. Je ralentis l'allure et prends le temps de me remémorer bien des choses. Je me rappelle de la bataille en elle même, de la violence des assauts, des rivières de sang teintant le territoire d'un éclat écarlate. Je me souviens de mon apprentie et de son courage, de l'écrasante supériorité numérique de l'ennemi, du sacrifice de mon ancien ami, de ma défaite face aux gradés Esobeks et de ma quasi mort. Mais, la chose la plus importante et dont je me souviens le plus clairement est la bravoure des Navniks. Le courage exemplaire de mes frères et sœurs de meute et ce depuis le départ et un infime sourire s'imprime sur mon visage à l'expression sinistre. Tout s'est bien passé pendant mon absence, j'en suis persuadé. Helya a mené les nôtres d'une main de maître. Tybalt a fait ce qu'il avait à faire sans montrer la moindre once de pitié. Anya a terminé son apprentissage de guérisseuse, Djall a encore progressé et est une générale respectée, et quelqu'un de compétent à été nommé bras droit à ma place.
Je suis persuadé que tout va bien hein. Je pousse un léger soupir et me dis que je suis stupide car toutes les réponses à mes questions se trouvent là bas dans le foyer des Navniks. Pour l'heure, je m'avance jusqu'à la rivière et lape jusqu'à plus soif afin d'épancher la brûlure de mon gosier. Je me sens parfaitement bien là sur le bord de la rivière traversant le territoire mais également légèrement étranger ce qui est franchement paradoxal. Je pénètre dans l'eau fraîche progressivement et savoure à sa juste valeur la température de l'eau. Puis, je ressors de l'eau quelques minutes plus tard et m'ébroue furieusement avant de trottiner jusqu'à la dune la plus proche. Une fois au sommet, je laisse mes yeux dériver le long du panorama des terres me faisant face. Le coucher du soleil est somptueux mais a indéniablement quelque chose de mélancolique. Plus jamais je ne jouerais avec Nyssa, plus jamais je n'enfouirais mon museau dans le pelage d'Elerinna. La cruauté de ce monde n'a aucune limite.
Je devrais le savoir depuis longtemps mais bizarrement cela fait toujours aussi mal. Je dépose mon arrière train sur le sol et observe les environs comme j'avais encore l'habitude de le faire il y a quelques mois. Une odeur familière ne tarde pas à venir chatouiller mon museau et je laisse un soupir s'échapper de ma gueule. Je ne sais pas vraiment comment vont se passer les retrouvailles. Mais, je sais que la louve qui s'approche de ma position m'a profondément manqué durant les derniers mois. J'attends patiemment le dos droit aussi stoïque qu'une statue, bien campé sur mes positions. Prêt à essuyer une tempête ou au contraire à savourer la vision de ce visage à sa juste valeur.
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Mer 27 Juil - 23:36
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Djall & Ebène
C'est lorsqu'on a perdu quelque chose, qu'on se rend compte à quel point en avait besoin.
C'était un matin sombre. Le ciel était couvert. Les nuages arboraient d'énormes besaces noires menaçantes remplies d’électricité. Le soleil avait disparu, engloutis par la noirceur de l'orage. L'air était lourd et poussiéreux. Il faisait bien trop chaud pour que les loups puissent chasser, cela, Djall l'avait bien compris. En ouvrant les yeux à l'aube, elle avait abandonné l'idée d'une chasse, décidant de prendre la journée pour s'éloigner des marécages humides et étouffants. Elle s'était sentie nostalgique en repensant aux quelques lunes de paix que sa meute avait connue dans la vieille chapelle en pierre, à ce jour complètement détruite. Elle s'était donc laissée guider par sa volonté de se replonger dans le passé et ses pattes l'avait portée jusqu'à l'ancien territoire Navnik. Elle avait traversé marais et bois jusqu'à la dune de sable qui marquait le début des terres où avait habité sa meute. Ce fut à ce moment-là, qu'elle sentit la présence d'un autre loup, alors qu'elle posait la patte sur le sable brûlant. Elle eut l'impression de connaître l'odeur de ce loup non-loin. Elle finit par voir sa silhouette au sommet de la dune. La louve haute et large poussa sur ses cuisses musclées pour gravir le monticule doré en quelques bonds. Une fois là-haut, elle avait une vue imprenable sur les alentours. Seulement, tout son intérêt était porté sur le mâle, assis à quelques mètres d'elle. Elle le reconnut en voyant son visage. Le loup installé sur la dune de sable à observer l'ancien territoire des Navniks n'était personne d'autre qu'Ebène, leur ancien bras-droit.
Djall était immobile, comme figée dans l'instant, glacée par la surprise. Elle mit de longues secondes à croire ce que ses yeux lui montraient. Il n'avait pas changé. Il avait toujours aussi fière allure dans son manteau de poils noir. La tête haute comme à son habitude, il gonflait son torse et était imposant. Son regard brillait d'une lueur sage voire lointaine. La jeune femelle avança une patte, puis l'autre, ne voulant pas aller trop vite de peur que ce fantôme ne parte. Des émotions contradictoires se mêlèrent dans sa poitrine pour tourmenter son cœur. D'un côté, elle en voulait à Ebène pour avoir quitté la meute et pour l'avoir quitté, elle. Elle l'aimait tant que son départ lui avait brisé le cœur. Et d'un autre côté, son sang bouillonnait dans ses veines, sa tête lui tournait et ses flancs se soulevaient à une allure inimaginable tant elle était heureuse de retrouver son ami. Elle balança entre ces deux ressentis de longues secondes puis son cœur fit pencher la balance, trop excité par ses retrouvailles. Djall fit un bond pour se coller au corps immense et noueux d'Ebène. Elle enfouit son museau dans sa fourrure sombre, inspirant son odeur qui lui rappelait tant de bons souvenirs. La pauvre avait du mal à réaliser que son camarade était bien réel. Elle ne voulait pas briser ce moment si magnifique avec des mots qui auraient pu être maladroits. Elle préféra se frotter en silence contre l'épaule du vétéran, se délectant de ce contact qui l'apaisait terriblement.
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L'attente me paraît être absolument insoutenable tandis que l'odeur musquée de ma chère amie se rapproche un peu plus à chaque instant. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre et mon cœur se met à palpiter à toute vitesse dans mon poitrail tandis que mon sang pulse dans mes veines comme si j'étais en train de poursuivre une proie à travers les bois ou de combattre un ennemi acharné. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre mais je résiste à l'envie de me retourner pour m'élancer vers elle. Celle qui bien qu'entré récemment dans ma vie, y occupait déjà une place prépondérante. Mon cœur tambourine à mes propres oreilles mais je reste pourtant parfaitement immobile et impassible. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre mais c'est à elle de décider et non à moi. Si je dois essuyer une avalanche de coups de crocs et de griffes, des bousculades et des assauts meurtriers je les essuierais et encaisserais en silence. Parce que je sais pertinemment dans le fond que je le mérite. Et encore plus de sa part à elle. Oui, s'il y a bien quelqu'un qui puisse vouloir me transformer en charpie pour ma fuite précipitée c'est bien elle. Je ne l'ai même pas prévenu de mes intentions alors même que je suis intimement persuadé qu'elle m'aurait compris et qu'elle aurait pu accepter de me laisser prendre le large. Oui, je suis conscient de mériter ton courroux O toi ma douce amie. Mais, peut être qu'il n'y aura pas d'explosion de violence sur ma personne en ce jour si particulier.
Après tout Djall n'a jamais été une louve impulsive et brutale. Non, en fait il me semble qu'elle est de nature plutôt calme et réfléchie. Comme je pense l’être. Qui se ressemble s'assemble ne dit il pas le dicton. Enfin si je le suis encore, les épreuves de la vie ont cela d’intéressant qu'elles influencent le caractère. Elles peuvent vous renforcer et vous endurcir ou au contraire vous rendre plus doux. Dans mon cas la perte brutale et inattendue d’êtres aimés a eu pour effet de me rendre plus irascible et colérique. Je suis devenu plus prompt à l'emportement et à la libération de la sauvagerie que nous avons en chacun de nous. La rage de la perte je suppose. Néanmoins, je reste la plupart du temps le même. Celui que j'ai toujours été, un bloc de glace très observateur et maître de lui même. Pourtant en cet instant précis, je bouillonne intérieurement d'excitation comme un louveteau impatient. Je dois faire un immense effort pour ne pas bondir sur place afin de me retourner vers elle. C'est à elle de choisir le traitement que je mérite et à elle seule. Les crocs ou le contact. C'est la raison pour laquelle je me concentre sur le paysage désolé qui se présente à ma vue. Elle a presque finie de gravir la dune à présent m'indique mes sens. De toute manière, retrouvailles il y aura. Seront elles douces ou brutales ? Le mystère ne saurait dépasser les minutes qui viennent. Et puis au fond peu m'importe comment ces dernières se dérouleront. Le simple fait de croiser de nouveau ce regard empreint de lumière et de bonté, le simple fait de sentir ce corps familier près de moi, le simple fait me trouver près d'elle me suffira. Je ne saurais réclamer davantage. N'étant pas vraiment en position de le faire à mon goût.
Peu à peu l'odeur se fait plus forte. J'attends impassible même lorsque je sens qu'elle s'est immobilisé à quelques pas de moi. Finalement après de longues secondes, de très longues secondes, de bien trop longues secondes, la puissante louve semble faire son choix. Un seul bond fut suffisant pour combler la distance nous séparant au sommet de la dune. Djall se colla contre moi et son museau se plaqua dans ma fourrure de jais. Elle inspira longuement mon odeur comme pour s'assurer que je n'étais pas un mirage et ce geste ne fit qu’accroître ma culpabilité. Je prends à mon tour le temps d'inspirer son odeur si familière et laisse un sourire étirer mes babines tandis qu'elle frotte son épaule à la mienne comme elle le faisait si souvent avant mon départ. Je prends le temps de l'observer quelques instants. Sa fourrure est toujours aussi soyeuse et bien entretenue, sa carrure impressionnante. Je pousse un soupir de soulagement en constatant qu'elle n'est pas blessée, ni malade. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle va parfaitement bien puisque quelque chose dans son dernier geste me pousse à penser qu'elle avait bien besoin d'apaisement. Je me frotte également contre son épaule et enfouis à mon tour mon museau dans son pelage. Ni elle, ni moi ne souhaitons visiblement prendre la parole comme si cela risquait de briser la beauté de l'instant présent. Comme si l'une de nos voix risquait de souiller la magnificence de deux âmes liées. Pour ma part ce contact familier qui m'avait tant manqué sans même que je n'en prenne pleinement la mesure durant les derniers mois me donne la sensation grisante d’être déjà chez moi.
Plusieurs minutes se passent avant que je ne retire mon museau de son pelage et qu'elle ne fasse de même. Nos regards se croisent et elle peut aisément lire dans le mien tout le soulagement de la retrouver saine et sauve et la joie de la retrouver tout court. Je lui lèche le sommet du crane avec affection avant de lui dire dans un souffle : Qu'il est bon de te revoir ma sœur. Qu'il est bon de te revoir. Je me doutais bien que maintenant que j'avais pris la parole. Le jeu des questions réponses n'allait pas tarder à se déclencher. Et quel jeu puisque Djall devait très certainement être impatiente de me demander des comptes malgré le fait que la joie de mon retour avait pris le pas sur la colère de mon départ. Quant à moi, des dizaines de questions fourmillaient dans les méandres de mon esprit. Des questions à son sujet, à celui de la meute, de la guerre, de tout en somme. Ce qui semblait annoncer des bonnes heures de discussion bien remplies. Mais pour l'heure, je suis tout simplement incapable de rompre le contact avec ma sœur de meute. Je n'en ai ni l'envie ni la force. Je pourrais rester ainsi contre elle durant des heures.
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Sam 30 Juil - 13:01
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Djall & Ebène
C'est lorsqu'on a perdu quelque chose, qu'on se rend compte à quel point en avait besoin.
Djall resta un long moment blottie contre Ebène. Elle ne bougeait pas. Elle respirait doucement, pour ne pas souffler trop fort. Elle craignait que l'ancien bras-droit ne soit qu'un mirage. Elle avait peur qu'il puisse disparaître d'une seconde à l'autre. La louve sentit Ebène lui lécher le front et ferma les paupières pour profiter de ce contact tiède et doux. « Qu'il est bon de te revoir ma sœur, qu'il est bon, dit Ebène, le regard pétillant, l'air soulagé. - J'ai attendu ce moment depuis ton départ », répondit-elle en se serrant un peu plus étroitement contre le flanc du vieux loup. La jeune femelle décida de se ressaisir. Elle prit une inspiration profonde et recula pour faire face à son congénère. « Comment te portes-tu ? Où étais-tu ? Qu'as-tu découvert ? » questionna-t-elle en s'asseyant confortablement pour écouter Ebène.
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La chaleur de ce contact physique et amical est telle que je pousse un petit soupir d'aise. Ni ma sœur de meute ni moi ne souhaitions nous séparer comme si cette dernière avait peur que je disparaisse dans une des rares brises de vent venant caresser ce paysage désertique par cet été étouffant. Et moi comme si j'avais peur que ce pardon ne soit que tributaire de l'instant présent et que si je m'éloignais ne serait ce que de quelques pas Djall pourrait changer d'avis concernant ma personne. Ou comme si je n'allais pas de nouveau la voir jour après jour au sein de la meute. Mais, le domaine des sentiments n'est jamais rationnel. Pourtant, et malgré le soulagement, la joie et tout les autres sentiments s’entrelaçant dans mon poitrail en cet instant je savais que la meute n'avait pas vécu une promenade de santé depuis mon départ et je devais savoir. Oui, je devais savoir l'ampleur des épreuves, des défaites, des batailles. Histoire de savoir si je devais encore ajouter à ma culpabilité dévorante ou si la situation des loups sur nos terres était proche de la débâcle.
Malgré le spectacle de destruction que j'avais traversé en rentrant je refusais d'accepter, je refusais de ne serait ce que penser que tout était perdu. Bien que la domination Hellhound semblait écrasante et dominatrice. Je refusais d'imaginer que mes congénères avaient perdu l'espoir de gagner ce conflit en apparence impossible à remporter. Première preuve de cet état de fait, la plupart des loups semblaient se terrer dans l'attente du moment opportun pour frapper j'imagine. Deuxième preuve de cette soi disant inéluctabilité de la victoire Hellhound, la disparition du gros gibier. Un sanglier à se mettre sous la dent. Niet. Plus aucune trace de bison ou de bœuf musqué non plus. Non pas que j'en chassais beaucoup dans le temps. Ma préférence en la matière allant plutôt vers ces bons vieux sangliers. Le fait qu'ils aient réussi à faire disparaître autant de gibier en un laps de temps si court prouve bien leur dangerosité. Bien plus que leurs armes et leur folie meurtrière, c'est une telle capacité à jouer avec l'équilibre de la nature qui m'inquiète. Quoi qu'il en soit, j'inspire une nouvelle fois l'effluve de Djall comme si je souhaitais l'ancrer un peu plus dans ma mémoire sensorielle avant de retirer ma tète de son pelage. Je prends les devants et lui souffle à quel point je suis content de la voir.
Un large sourire étire lentement mes babines lorsque j'entends la réponse de Djall. Je ne mérite pas une amie telle que toi. Je le sais maintenant. Mais, je suis bien content que la louve serrée contre moi ne s'en soit pas rendue compte. Finalement, ma sœur de meute se détache de moi dans un éclair de lucidité. Comme si elle avait conscience du fait que si nous ne nous décidions pas de rompre cette accolade, elle risquait bien de s'éterniser. Je m'assois face à mon amie le plus confortablement possible avant de lui répondre : Je me porte bien Djall et je suis soulagé de constater que cela semble être également ton cas. Un léger sourire s'imprime sur mes babines avant de disparaître dans la foulée. Je ne sais pas vraiment comment lui dire la triste vérité. J'ai fui comme un lâche pour ne pas affronter la profondeur de ma peine. J'ai fui en entraînant les miens comme un paranoïaque. Je pousse un bref soupir avant de plonger mes yeux dans ceux de mon amie et de lui dire : Tout d'abord, je tiens à m'excuser d’être parti comme cela du jour au lendemain sans prendre la peine de te prévenir. Il arrive que la douleur pousse les gens à faire des choses stupides. Ma famille a toujours été mon univers et perdre ma compagne et ma fille d'un coup d'un seul... Je n'ai pas pu le supporter et j'ai disjoncté.
Mon regard quitte visage de Djall pour aller se poser vers un point à l'horizon. Je reprends après une longue minute : J'étais sur la route avec Daante et Rhaegar la plupart du temps. Nous avons fait un arrêt sur les terres de notre meute d'origine pour que le petit connaisse ses origines. Puis, nous avons trouvé un lieu relativement épargné par la folie des hommes dans les montagnes. Ce calme était tout bonnement divin. Tu aurais beaucoup aimé la vue et les hauteurs je crois.
Je gratte le sable à mes pattes et reporte de nouveau le regard sur celui de ma sœur de meute avant de conclure : Ce que j'ai trouvé. Je mentirais si je disais que j'avais retrouvé la paix intérieure. Disons, que j'ai trouvé que la fuite n'était pas la solution. Et toi parle moi de toi. Comment vas tu ?