Fjorgur Ҩ Cosmos

« Comment ? Semblerait-il que je ne sois pas seul ? »

Le loup noir se baladait tranquillement en ces lieux étonnants. Bien que vide de vie, il y en émanait une aura de paix. Cosmos ne pouvait donc y échappait. Son âme branlante le menait à chaque endroit qui pourrait lui permettre de se reposer. Être calme, se chercher sans embrouille. En ce moment, il prônait la tranquillité. Après s'être battu avec Atom et avoir subi des entraînements avec Fallen. Il voulait tout simplement, le plus honnêtement du monde, survivre ! Se retrouver dans un lieu vide ne lui ferait pas de mal. Bon, il faut être sincère, la solitude n'est pas franchement la solution... S'il voyait un autre loup se profiler au loin, il ne serait pas du genre à l'éviter. Et même pourquoi pas aller le voir de son propre chef. Mais, si celui ci se montre autant répulsif qu'Atom, il ne prendra pas la fuite. Et là aussi, il pense s'exprimer au delà des mots... Malgré que sa force physique ne soit pas vraiment au rendez vous... Pourtant, il était loin d'espérer que ce cas de figure se présente à nouveau... Il voulait partager, échanger avec un autre. Rien de bien méchant en somme. Il aimerait tellement rencontrer un loup de son âge, du même sexe, de la même meute et surtout qui soit gentil ! Tout ça, ensemble, c'est très très dur à trouver... Voir même improbable à en juger par ses dernières rencontres. Oui mais voilà, aujourd'hui, Cosmos était chanceux. Son rêve le plus cher venait d'apparaître devant ses yeux. Un loup, mâle, et physiquement, il paraissait du même âge... Jusque là, tout lui plaisait en lui. Alors, il prit le risque de s'avancer encore une fois vers l'animal. Il alla, décontracté, comme si la vie n'était pas grave. Mais cela cachait bien la peur du jeunot : tomber sur un monstre, encore une fois. Mais comme le diction dit, qui ne tente rien, n'a rien !
Il continua son avancée entre les bouts de murs parsemés un peu partout. Ils étaient plus ou moins gros, plus ou moins franchissables. Puis, lorsque le loup aux intenses yeux bleus arriva à la hauteur de l'autre, il put sentir l'odeur de la même meute, la sienne, les Sekmets. Il ne fit qu'en sourire de plus belle. Ainsi, cela le poussa à prendre la parole sans se soucier des autres détails.

_Bonjour... Je.. il reprit sa respiration, légèrement hésitant. Je suis Cosmos. Je suis venu à toi, enfin vous, parce que j'ai le pressentiment que nous sommes de la même meute et j'aimerais bien connaître un peu plus les loups qui la peuplent...

Mon dieu, qu'il espérait ne pas se prendre un coup de croc en pleine tête. Il était déjà assez marqué par des éraflures. Faire seulement copain-copain, s'il vous plait, priait-il au ciel.

La Ville en Ruines, charmant endroit en surface avec ses immeubles à moitié effondrés sur les murs desquels grimpaient du lierre sauvage ; moins charmant en sous-sol avec ses tunnels sombres et puants.

Fjorgur a beaucoup de mal à supporter la nouvelle demeure des Sekmet. Il y fait tellement sombre qu’une fois qu’on en ressort, on est aveuglé par les moindres rayons du soleil, sans compter l’écho sempiternel des couinements des rats et leur odeur répugnante. Fjorgur a plusieurs fois tenté de les chasser, mais les rongeurs intelligents se faufilent dans des endroits inaccessibles ou se réfugient dans des coins sombres dans lesquels Fjorgur ne mettrait les pattes pour rien au monde.

C’est donc tout naturellement que Fjorgur ne manque pas de se glisser en-dehors de leur nouveau refuge à chaque fois que l’occasion se présente, comme à cet instant. Le Chasseur respire l’air frais à plein poumons, assis sur un monticule de gravier. Mais "frais", n’est peut-être pas le meilleur qualificatif. L’air est lourd. Lourd de la pluie sanglante qui vient de tomber et qui tombera encore. Mais c’est toujours mieux que l’atmosphère moisie du métro.

Ayant assez profité de l’air extérieur, le Chasseur étire ses pattes et descend de son monticule afin de partir en promenade. La Ville en Ruines n’est malheureusement plus ce qu’elle était. L’herbe qui poussait dans les craquelures de la chaussée a été rongée par la pluie, de même que le feuillage des arbres et certains ornements humains.

Des bruits de pas se font entendre et l’odeur d’un autre loup Sekmet monte jusqu’aux narines de Fjorgur. Il se fige, une expression de terreur sur son visage. C’est sûrement quelqu’un qui vient pour me dire d’arrêter de flâner et de revenir au campement. Fjorgur craint qu’on ne lui retire tout bonnement le droit de sortir et qu’on l’oblige à chasser les rats dans les tunnels. Il se retourne brusquement, prêt à faire ses excuses et à décamper, mais derrière lui ne se trouve qu’un jeune loup de son âge avec un large sourire. Oh non, si ça se fait c’est une ruse … 

Fjorgur va commencer à parler, mais l’autre loup prend la parole avant lui :

« Bonjour … Je … Je suis Cosmos. Je suis venu à toi, enfin vous, parce que j'ai le pressentiment que nous sommes de la même meute et j'aimerais bien connaître un peu plus les loups qui la peuplent... »

Fjorgur se détend. Pas une ruse. J’ai eu la peur de ma vie. Il se sent alors soudainement gêné de sa réaction et tente de prendre une expression amicale. Il n’avait jamais croisé ce Cosmos, mais il semble être un loup … gentil.

Un loup comme lui.

« Salut Cosmos ! Je suis Fjorgur, Mémoire des Mondes, Chasseur de notre Meute ! »

Ses yeux d’ambres pétillent d’enthousiasme. Je viens de rencontrer un ami !

« Ne me vouvoie pas, nous sommes les mêmes ! Tu es nouveau ? Tu viens d’où ? Tu es de quel rang ? Tu as reçu quoi comme nom de la Lune ? »

Fjorgur en est presque au point de sautiller sur place, tant il est heureux de cette rencontre.

« En tous cas, Cosmos c’est joli comme nom. Tu penses quoi de notre refuge ? J’espère qu’on ne devra pas y rester trop longtemps, ça pue, il fait noir et c’est rempli de rats. »

Va-t-il jamais s’arrêter de parler …

« Salut Cosmos ! Je suis Fjorgur, Mémoire des Mondes, Chasseur de notre Meute ! »

Cosmos eut un smile à la Colgate quand il vit que le loup d'en face était aussi enthousiaste que lui ! Ah le bien fou que ça fait de se sentir à sa place ! Et mieux encore, il eut la bonne surprise de tomber sur un parleur ! Un vrai, un sympa et tout ce qui va avec ! Que du bonheur quoi !

« Ne me vouvoie pas, nous sommes les mêmes ! Tu es nouveau ? Tu viens d’où ? Tu es de quel rang ? Tu as reçu quoi comme nom de la Lune ? »

Wah lala... Ça fait quand même beaucoup de réponses à fournir. Mais bon. Et Cosmos ne pût faire autrement que d'arborer des traits tirés par quatre épingles nommées Joie, Bonheur, Plaisir et Sympathie. En bref, tout se qui fait l'amical. Il appréciait vraiment cette sensation, et en profita un maximum. Il se jura même d'essayer de la garder le plus longtemps possible ! Il réunit tout ce que Fjorgur avait pu dit, et posément, il essaya de tout répondre en n'en oubliant le moins possible.

_Pas de soucis, je préfère aussi le tutoiement ! Alors, oui je suis quand même encore un peu nouveau. Disons que comme je vagabonde un peu tout le temps, et que j'ai déjà une mauvaise expérience auprès d'une louve de la meute, j'y reste pas des masses... Ensuite, je vais te décevoir en te disant que je ne sais pas d'où je viens. Je suis strictement incapable de me souvenir... Il baissa les yeux au sol, comme dessus par lui même. Puis il les releva, enchaînant consciencieusement les réponses. Alors, chasseur, je suis à ton service dès que tu ne vas pas bien. N'importe quel état d'âme, je suis là. Guérisseur donc ! Il décocha un chaleureux clin d'œil et reprit, lancé. Et pour finir, mon nom de lune est... Roulement de tambour... Pour accompagner le geste à la parole, il tapa le sol de ses pattes antérieures, simulant un tambour quoi. Voix des Tourmentes ! Ok ok, je m'incline. Ce n'est pas aussi cool que Mémoire des Mondes...

C'est vrai, Mémoire des Mondes, ça fait rêver. On peut s'attendre à tout et n'importe quoi. On croirait qu'il a voyagé dans le... cosmos, ouais dans l'univers disons. Puis, pour reprendre - car il ne voulait pas couper court à la discussion en si bon chemin-, il prit un malin plaisir de gamin à lui retourner toutes les questions qu'il lui avait posé. Mais il n'en restait pas tant que ça, plus qu'une en somme.

_Et toi ? Tu viens d'où ? D'ici ? Et tu as quel âge ? Tu es jeune ? Parce que tu en as l'air en tout cas !

Ahaha ! Il en a rajouté une ! Bonne chance ! Et l'autre continua, comme un moulin à parole. Mais il faut faire attention, parce que Cosmos est très sensible à ce genre de maladie. La blabla-attitude, lui aussi est fan.

« En tous cas, Cosmos c’est joli comme nom. Tu penses quoi de notre refuge ? J’espère qu’on ne devra pas y rester trop longtemps, ça pue, il fait noir et c’est rempli de rats. »

_Ah ba euh merci... Le refuge ? J'ai vu, et en toute honnêteté, de l'extérieur ça m'a paru tellement peu accueillant, que je n'y ai pas encore foutu une patte... Oui, je sais c'est mal et je suis impardonnable... Mais vu ce que tu en dis, je crois que je ne vais pas avoir de remords longtemps, je me trompe ?

Fjorgur écoute attentivement Cosmos répondre à ses questions, les yeux pétillants d’enthousiasme. Ainsi donc l’autre loup est un vagabond Guérisseur qui ne se rappelle pas d’où il vient. Le visage de Fjorgur se ternit un peu après que Cosmos ait parlé de son nomadisme : cela veut dire qu’il ne restera sûrement pas longtemps … Mais pour aller où ?

Ses tracas s’oublient quand Cosmos en arrive à la révélation de son nom de Lune.

« Dis pas ça, Voix des Tourmentes c’est cool quand même ! Et puis ça te convient, avec ton rang de Guérisseur et tout … »

On ne peut pas dire que Mémoire des Mondes convenait vraiment au jeune Fjorgur. C’est peut-être un nom "cool" en surface, mais en-dessous de ça, il n’y a rien. C’est comme si on lui avait donné un nom au hasard. Mais enfin, là n’est pas le sujet.

« Et toi ? Tu viens d'où ? D'ici ? Et tu as quel âge ? Tu es jeune ? Parce que tu en as l'air en tout cas ! »

Fjorgur s’éclaircit la gorge et bombe le torse avant de répondre. Il adore raconter son histoire.

« Eh bien, à vrai dire, je ne suis pas né ici. J’ai été adopté par une grande guerrière qui m’a élevé jusqu’à ce qu’elle meure dans une grande bataille alors que je n’étais encore qu’un petit louveteau. Une nourrice a ensuite pris soin de moi jusqu’à-ce que j’entre en apprentissage. J’ai maintenant deux ans et voilà peu de temps que je suis un Chasseur confirmé ! »

Le meilleur chasseur. Rajouta-t-il pour lui-même.

Concernant le refuge, Cosmos lui répond ceci :

« Le refuge ? J'ai vu, et en toute honnêteté, de l'extérieur ça m'a paru tellement peu accueillant, que je n'y ai pas encore foutu une patte... Oui, je sais c'est mal et je suis impardonnable... Mais vu ce que tu en dis, je crois que je ne vais pas avoir de remords longtemps, je me trompe ? »

Fjorgur jette un coup d’œil derrière lui, vers l’entrée du métro qui se trouve à plusieurs dizaines de mètres.

« Haha, je comprends. Si je pouvais, je dormirais à l’extérieur, mais … »

Il fait une pause alors qu’il se rappelle le premier jour où les Sangs de Soleil ont percé le toit de leur ancien refuge, le prenant complètement au dépourvu alors qu’il était en train de dormir.

« … Je n’ai pas vraiment envie de me faire encore surprendre par ces pluies de malheur pendant mon sommeil. »

Il a un soupir nostalgique en repensant à son ancienne demeure.

« Tu aurais dû voir notre ancien refuge : on logeait dans un avion abandonné par les hommes ! C’était génial, et confortable en plus … Et maintenant il a été détruit … »

Les oreilles pendantes, Fjorgur jette un regard au ciel qui rougeâtre au-dessus d’eux.

« Foutue pluie. »