Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Hel marche d'un pas tranquille, apaisée désormais dans ce lieu qu'elle a fini par connaître par coeur. Elle observe autour d'elle, cherche des plantes qu'elle pourrait ramasser et ajouter à sa collection. Il faudra qu'elle parle à son père bientôt, qu'elle lui explique ce qu'elle fait de ses journées, comment elle occupe son temps. Nocturne devrait avoir senti l'odeur d'Altaïr sur le pelage de la petite louve, mais il n'a rien demandé pour l'instant, et Hel hésite, elle a peur de le décevoir. La louvarde se perd dans ses pensées alors que le monde autour semble tourner sans elle. Quand soudain, une voix la tire de ses rêveries et lui fait dresser les oreilles. Elle tend chacun de ses muscles, écoute quelques secondes, perçoit des gémissements. Sans plus attendre, Hel fonce à travers les arbres. Hel connait bien les lieux, désormais. Elle visite peu, mais elle mémorise facilement. Lorsqu'elle arrive à l'origine du bruit, un corps étalé dans la terre attire son attention, la fait freiner des quatre pattes. Hel observe le jeune mâle à quelques mètres, qui semble souffrir terriblement. Le sang de Hel ne fait qu'un tour. Hel a peur de beaucoup de choses, mais pas de la souffrance des autres. Elle se précipite à son chevet pour constater sa patte ouverte profondément d'où l'ont peut apercevoir l'os. Hel frémit, mais réagit au quart de tour.
- Hel va t'aider !
Et sans attendre une quelconque réponse, la voilà partie. Elle sait où trouver les ressources nécessaires. Elle se précipite au pied d'un chêne pour y ramasser une feuille large et déjà séchée par la canicule qu'elle mâche avec énergie tout en rejoignant le blessé. Elle lui fait avaler rapidement la mixture sans lui demander son avis, avant de repartir rapidement. A coups de griffes, la petite louve arrache un bon morceau d'écorce du même chêne pour profiter de la force de l'arbre. Elle dépose l'objet près de l'inconnu avant d'aller chercher des toiles d'araignées. Et tandis qu'elle cherche, Hel découvre une tige de pavot, dont son mentor lui a parlé récemment. Avec précaution, Hel en extrait les graines et en fait gober une à son patient, pour ensuite repartir en quête des toiles précieuses en attendant que la graine fasse son effet. Lorsqu'elle revient équipée, le jeune mâle semble plus calme, la douleur est apaisée. Elle en profite pour déposer délicatement l'écorce sur la plaie ouverte, et enroule le tout dans les toiles d'araignées qu'elle manipule avec une grande délicatesse. Hel recule d'un pas et contemple son travail.
- Dormir. Hel a fini.
Mais, par précaution, la louvette s'allonge aux côtés de son patients et veille sur lui toute la nuit et le jour suivant, jusqu'à son départ.
Ressources utilisées : - Ecorce (immobilisation) - Feuille de chêne (désinfecte) - Toiles d'araignées - Graine de pavot (douleur)