Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Un jour, la vie s'illumine de bleu Le lendemain, il n'en reste que peu Tu crois en la chance et au Destin Mais la vie prend tout et ne laisse rien
Suite à ma première rencontre avec l'une des nourrices de la meute, me voilà puni et sous surveillance pour les quelques temps à venir. Pourtant, si je dois être sans cesse chaperonné du fait de mon statut de Prince, je n'en suis pas moins tout aussi aventureux que les autres louveteaux de mon âge. Et si Cosmos et moi sommes pour l'heure les seuls petits de la meute, il est dans ma tête inconcevable que je reste sage si longtemps. Je n'ai qu'un seul désir : découvrir le monde ! Alors, discrètement, je rampe à l'extérieur de la tanière sans réveiller Cosmos, et je m'éloigne petit à petit de cet endroit et de la surveillance accrue de la nourrice. Pas que je veuille lui attirer des ennuis, mais il est difficile de faire de grandes découvertes quand une adulte aussi imposante vous empêche de visiter les recoins les plus petits du monde ! Alors, c'est avec une immense discrétion que je m'éloigne de la tanière et de la crypte, passant par derrière pour ne surtout pas attirer l'attention des loups adultes qui se prélassent et vaquent à leurs occupations au centre de nos terres. Je finis par le mettre à courir pour échapper au plus vite à la garde, et je disparais rapidement entre les arbres sans me faire rattraper. Fier de mon stratagème, je note l'astuce pour ne pas l'oublier et pouvoir la réutiliser plus tard. Je m'enfonce dans les bois et cette fois, pour ne pas me perdre, je prends soin de frotter mon encolure à un maximum d'arbres pour retrouver mon chemin lorsque je voudrais rentrer. A défaut d'être le plus sage, je suis au moins capable d'apprendre de mes erreurs. Mais brutalement, alors que je m'apprêtais à découvrir un nouvel endroit, l'odeur de la nourriture attire mon attention et attise mes sens. Je me laisse guider par mon odorat, pour bientôt tomber sur un morceau de proie suspendu dans le vide. Je m'avance, l'endroit est exigu mais la viande est trop tentante. Je m'en empare vivement avec pour objectif de ressortir très vite, mais un bruit me fait bondir de frayeur et l'espace de restreint brusquement autour de moi, m'empêchant toute fuite. J'en lâche ma proie de terreur, alors que la panique prend possession de mon esprit. Pendant de longues minutes, je m'affole et me jette contre les parois pour essayer de me libérer, en vain. Bientôt, la peur laisse place à l'angoisse et de ma gorge s'échappe ma voix fluette pour appeler au secours.
Tu continues d'espérer malgré tout Que de là-haut le grand Manitou Aura un jour pitié de toi Et te rendra ce en quoi tu crois