Daria continuait ses recherches. Cette fois-ci, elle courrait. La louve ne désespérait pas de trouver quelque chose à rapporter à sa meute, car, bien que le gibier ne se montrât pas, il était certain qu'il se cachait. Aussi, Daria reniflait, fouillait et observait.

Tandis qu'elle sentait la base d'un tronc, elle repéra une odeur alléchante, et pas n'importe laquelle : celle d'un cervidé. Contente de sa trouvaille, le bras-droit remonta la piste de sa proie et la trouva dans une clairière. Cet endroit semblait épargné par la mort environnante, on entrevoyait entre les branchages sombres le ciel presque tout aussi noir. De ci de là, l'océan de nuages était parsemé de tâches oranges et rosées. Le cerf broutait quelques rares brindilles à ses sabots.

Daria se posa alors les bonnes questions. Comment allait-elle l'attraper ? A son allure, la bête paraissait jeune et robuste, et ses bois auraient tôt fait de la blesser si celle-ci décidait de charger. Il fallait donc être méfiante et stratégique.
Et si… mais oui ! Décidée, Daria bondit pour se montrer au cerf.

Comme prévu, l'animal s'enfuit en direction des profondeurs de la forêt. La louve courut derrière lui, profitant de la sensation que lui prodiguait le vent dans sa fourrure. Tandis que la bête continuait de fuir, elle ne fit pas attention aux cordages, qui étaient des vestiges de l'activité humaine, et aux ronces qui tombaient des branches. Les bois du cervidé se retrouvèrent bientôt empêtrés et ce dernier ne put donc plus bouger.
La louve sauta sur son flanc mais fut éjecté d'une secousse. Elle atterrit lourdement à terre mais contre-attaqua. Courageusement, il tenta de se défendre de Daria en ruant, mais le bras-droit réussit à l'achever.

Avec effort, Daria réussit à casser les solides bois de sa proie et la traîna vers le camp.

Daria parcourait inlassablement les terres hostiles de la forêt aux pendus. Elle marchait lentement, ses pattes foulant la poussière noirâtre qui tapissait le sol de ces bois. A force de marcher, elle avait mal aux pattes. Ses coussinets étaient meurtris par les pierres tranchantes et la dureté du parterre craquelé. Pourtant et à chaque instant, Daria refoulait son envie de rentrer au camp et s'efforçait de débusquer un animal digne de nourrir sa meute. La fatigue faisait trembler ses pattes. Tôt ou tard, elles refuseraient de la porter. Il fallait donc qu'elle fasse vite.

Continuant son chemin, haletant sous la chaleur, elle huma l'air à nouveau. Serait-ce l'effluve d'un lapin qu'elle sentait par là ? De toute manière, elle ne perdait rien à vérifier. Avec un peu plus d'entrain, elle se dirigea vers le fumet. Guettant les arbrisseaux et les hautes herbes, Daria chercha du regard un quelconque lièvre. C'est alors qu'elle en aperçut un. Maigrelet et élancé, il n'offrirait pas beaucoup de chair fraîche à la meute, mais c'était toujours mieux que rien. Aussi, la louve au pelage gris-blanc s'accroupit, attendant le bon moment. Son estomac gronda. Et si… ? Non. Ça ne serait pas digne d'elle. Elle refoula son envie de garder ce lapin pour elle seule et s'élança. Malheureusement, alerté par les grognements, il prit la fuite avant d'avoir vu la truffe de Daria. Bondissant à une vitesse surprenante, il tentait de semer son prédateur. Puisant dans ses dernières ressources d'énergie, le bras-droit sprinta sur quelques centaines de mètres. Mais tandis qu'elle courrait avec acharnement, sa vue se brouilla, et elle crut distinguer trois lapins à la fois qui s'éloignait de plus en plus d'elle. Epuisée, elle s'arrêta là. Avec rage, elle frappa le sol et poussa un hurlement de frustration.