Il n'avait pas l'air très satisfait de ce que j'avais pu faire, apparemment, il ne voulait pas simplement que je lui prouve que la peau était ... une peau. Alors il partit un instant, l'air contrarié, et me laissa seule. Libre. Je n'avais jamais été ni seule ni libre de tout lien. J'avais certes toujours cette espèce de carapace sur le dos et mon petit collier couleur argent, mais je n'avais aucun fil qui m'attachait, j'étais complètement libre de mes mouvements. Je regardai un instant la fenêtre, sans pour autant bouger de place, j'essayais de voir le "dehors" de là où j'étais. Tout à l'heure, j'avais pu rapidement apercevoir ce qu'était le monde extérieur, mais le soleil m'avait tant piqué les yeux que j'avais été un instant éblouie, la lumière du soleil contrastait tant avec celle des néons. Je restais là, assise, sans bouger, à attendre que l'Homme revienne. Malgré moi j'étais intriguée. Qu'allait il bien pouvoir faire?


La porte s'ouvrit, et une chose maigre à mourir entra dans la pièce. Cela ressemblait vaguement à nos chiens, ceux qui passaient faire les rondes dans les couleurs. Mais celui-ci était décharné, ses poils étaient d'un terne immonde, à multiples endroits on voyait la chair rose abîmée, scarifiée. Je plissais un peu les yeux. Ce n'était pas de la pitié que je ressentais. Non. Je ressentais de l'horreur pour cette chose étrange. Et surtout, pourquoi. Pourquoi le gardait-on ?

L'Humain était sévère avec le chien crasseux. J'en venais même à me demander pourquoi il ne l'était pas autant avec moi. Je lui lançais un regard... Peut-être... M'aimait-il? Moi, la toute petite loupiote née dans une cage, qui avait, selon ma mère et mon frère, failli mourir à la naissance.


Le chien s'approchait de moi. Il avait la rage au coeur, semblait même voir de travers, mais malgré cela, il m'avait vu. Il m'avait vu et voyait en moi son prochain repas tout offert, une petite loupiote trois fois plus petite que lui inoffensive en apparence. Je devais me battre pour survivre. Je devais me battre, pour que l'Homme soit content. Le chien passa à l'attaque sur l'ordre de l'Humain. Il se lança sur moi, mais j'étais petite et rapide, je lui glissais entre les pattes. D'un bond, je me retrouvais à l'opposé de lui, et commençais à m'élancer vers l'extrémité de la pièce pour qu'il ne m'attaque pas. J'avais beau être plus rapide et plus agile, il était bien plus fort et imposant, malgré son apparence rachitique! J'étais dans le coin de la pièce, apparemment piégée. Le chien immonde bavait déjà lorsqu'il se lança sur moi. A ce moment, je me baissait rapidement et passait entre ses pattes, rapide comme l'éclair, alors que l'autre se prenait le mur et s'écrasa par terre, sous le choc. Je m'éloignais vivement. Il se releva fébrilement, les pattes tremblantes, mais les yeux rouges, rouges de rage. Il s'élançait sur moi encore une fois, et ne se ferait pas prendre deux fois au même piège. Alors je passais à une phase offensive. La première, je me jetais sur lui, je fis mine de m'attaquer à son museau, mais je savais très bien que j'étais trop petite. Alors au lieu de ça, je me glissais entre ces pattes et, à terre, lança un grand coup de patte dans une de ses jambes les plus tremblantes, un coup bien placé dans le tendon, je savais que si je visais bien, le chien s'écroulerait encore une fois. Et c'est ce qui se passa. Le chien s'écroule à terre, alors que vivement je m'enlevais d'en dessous lui. Je lui sautais sur la figure et lui asséna un second coup. Il avait l'air sonné, alors rapidement, je me mis derrière l'Humain.


Le chien allait se réveiller, il était soit sonné soit tombé dans les pommes. Essoufflée, je m'étais mise derrière l'Homme, tremblante. C'était beaucoup d'effort pour une simple louvette à peine entrainée.