Trop faible, je suis bien trop faible. Mais si j'aime profondément ma soeur de coeur, que je ne laisserais jamais personne la toucher et que je donnerais tout y compris ma vie pour elle, je n'en ai pas moins une fierté de mal à nourrir et à protéger. Je me suis promis, sans en faire la confidence à Delta, de progresser et de rattraper le retard, la distance qu'elle a mise entre nous en s'entraînant plus que moi. Je vais devenir plus fort, plus puissant, et plus sauvage encore que je l'aie été jusque là. Je grogne en m'approchant de la tanière de mon Alpha. J'ignore encore si je la respecte. Sa meute me nourrit en échange de ma protection, la collaboration s'arrête là. Mais peut-être un jour trouverais-je un avantage supplémentaire à vivre ici, pour ces loups que je ne connais que si peu. peut-être aurais-je un jour une réelle raison de rester parmi eux plutôt que de partir avec Delta pour remonter dans les montagnes où mon frère semble s'être replié depuis des mois. Voilà la silhouette puissante qui se profile à l'entrée de la tanière, et je la détaille d'un oeil critique. Mérite-t-elle seulement la loyauté que je lui ai donnée ? En fait, la question ne m'effleure pas plus d'une seconde. Je lui laisse juste le temps de s'éloigne de l'ouverture avant de bondir puissamment à sa rencontre, la percutant de tout mon poids pour l'envoyer rouler au sol. Je ne lui ai pas demandé audience pour faire connaissance, je veux qu'elle m'apprenne ce qui me manque, qu'elle me transmette ce que je n'ai pas volé à d'autres. Je gronde avec sauvagerie, balançant mes crocs dans tous les sens pour tenter de l'atteindre. Peu importe ce que j'attraperais, je ne le lâcherais pas.

Un grondement sonore s'échappe d'entre mes babines, je sens le liquide s'écouler de ma première plaie autant que je le vois ruisseler sur le pelage de ma Leader. Je la fixe d'un oeil mauvais, déjà elle ne me plait pas. J'essaie d'ouvrir les mâchoires tout en retenant les jappements qui menacent de passer entre mes crocs pour indiquer à mon adversaire aveugle qu'elle me blesse. Je sens mes mâchoires serrées l'une contre l'autre avec une force colossale, et je me débats sous elle pour tenter d'échapper à son étreinte. Entravé entre ses crocs pendant d'interminables secondes, je fini par me rappeler du détail qui devra être ma force : son handicap. Je m'élance sur le côté, emportant dans mon élan mon Alpha brune, et je m'éjecte puissamment sur le sol en projetant mes postérieures dans les flancs de mon adversaire, plantant mes griffes dans sa chair tendre et griffant avec force tout ce qui veut bien s'accrocher à mes armes destructrices. Je secoue ma tête violemment, me blessant davantage entre ses crocs mais bien décidé à quitter son étreinte douloureuse pour me retourner contre elle. Pas comme ça que j'y arriverais, hein ? On va voir, Leader, si tu as les capacités que tu prétends posséder. Je me retourne brutalement entre ses crocs, m'arrachant un grondement de douleur, et je balance mes antérieures dans sa gorge pour accrocher mes griffes à son encolure et la forcer à reculer, l'empêchant de déglutir et même, quelques secondes, de respirer. Libre, je roule au sol pour me redresser d'un bond et lui sauter dessus tous crocs dehors, même si mes mâchoires me font un mal de loup.

Un grondement douloureux, la puissance de son crâne dans mon abdomen puis l'affreuse sensation de perdre ma patte entre ses crocs, alors que je me démène pour prendre de la distance avec la louve sauvage. Se rappelle-t-elle seulement que je suis l'un des siens ? Je me retourne d'un coup sec, emportant sa gueule plantée dans mon antérieure, et je m'écrase de tout mon poids sur sa tête en tombant sur cette dernière. Tordant dans le même temps mon antérieure jusqu'à sentir mon os menacer de céder, je jappe en serrant les dents et en grondant en même temps, ce qui donne un son vraiment étrange et pourtant bien réel. Je mords violemment dans sa gueule et serre mes mâchoires aussi fort qu'elle a pu le faire, lui offrant les mêmes plaies qu'elle m'a données plutôt. Je reste planté dans son museau en secouant de tous côté, bien déterminé à donner à mon adversaire et Alpha, ce qu'elle attend visiblement de moi. Si elle veut de la rage, je vais lui en offrir. Je m'écarte brutalement d'elle d'un bond agile, et je prends une courte distance avant de charger à nouveau pour la percuter de tout mon poids. J'écrase son flanc sous la pression de mes mâchoires, cherche son sang, sa chair pour la déchiqueter entre mes crocs meurtrier. Le guerrier te montrera, louve aveugle, ce qu'il sait faire. Je m'éjecte d'elle et gronde, claque des mâchoires en reculant pour écarter ses crocs assassins de ma propre peau, de ma propre chair. Je balance mes antérieures sur son poitrail pour la forcer à garder une certaine distance avant de bondir de nouveau, tous crocs dehors, cherchant à atteindre sa gorge une bonne fois pour toutes.

Un long silence suit ses ordres, je reste au sol, parfaitement immobile à la fixer. Les oreilles plaquées contre mon crâne, mon regard dur rivé à elle, j'écoute. Et puis, après quelques secondes, un ricanement s'extirpe de ma gorge et vient résonner dans l'air avec un écho sinistre. Je la fixe dans les yeux, d'un air défiant toute autorité.

- Essaies !

Et je me relève dans un bond brutal, poussant sur mes deux postérieures en jouant de sorte à ne pas utiliser mon antérieure très douloureuse. Je m'élance violemment sur elle, mêle nos épaules et plonge mes crocs puissants dans son encolure tendre que je décharne en un bel endroit, d'où le sang s'écoule entre mes babines ensanglantées. J'oublie la douleur, j'oublie la défaite, et je fonds sur elle comme un esprit endiablé, plongeant dans sa chair mes crocs meurtriers alors que mes postérieures me permettent un équilibre précaire grâce à son épaule sur laquelle je m'appuie de mes antérieures pour ne pas m'en servir et les blesser davantage. J'ai d'autres tours dans mon pelage, louve. Je lance mes griffes dans vers son corps malgré les douleurs violentes qui m'assaillent et m'épuisent, je lacère sa peau et son pelage pour le mettre presque à nu par endroits, et mes crocs s'acharnent à déchiqueter chaque parcelle de son être qui atterrit entre eux. Mes mâchoires sont ma dernière arme et de loin la plus redoutable. J'attrape la peau de son flanc, fine et tendre, et tire d'un coup sec pour la déchirer de son corps, lui infligeant des dégâts les plus douloureux possibles à défaut d'être réellement handicapant.