Une succession de foulées, qui s'enchaînent, s'enchaînent. Mon souffle est court, saccadé, alors que le mastodonte continu de me courir après, beuglant. J'ai tué ton petit, et tu n'es pas content, nounours ? Ne me fais pas rire. Je bondis vers l'avant, au dessus d'un tronc d'arbre, glissant à toute vitesse sur la droite pour me dérober de sa charge, qui s'enfonce dans le tronc. Animal imbécile.
Je continue ma course, je cours, je cours encore et encore, jusqu'à ne plus l'entendre. Je me glisse entre quelques bosquets, pour reprendre mon souffle, le sang coulant de mes babines. Pas le mien. L'adrénaline fait bouillonner mon âme. Le danger est présent dans mes veines. L'ours beugle une nouvelle fois, alors que je m'éloigne en trottinant, l'entendant revenir à la charge. Suis-je un parfait fou, ou un idiot ? J'entends le bruit des monstre de fer des têtes de chiens qui approche. J'étire un semblant de sourire, alors que je fonce à vive allure dans leur direction, poursuivit par l'animal de fureur.

Je les vois, les carapaces de métal qui avance en ligne droite. Je pousse d'avantage sur mes pattes, je fonce à vive allure, leur passant sous le nez. Le mastodonte me suit, le monstre de fer le percute et l'écrase avant de pouvoir s'arrêter. Je me stoppe, un instant, observant la scène de loin. Amusant, nounours. Dommage que tu ne puisses plus me divertir, à présent. Je pars à vive allure, avant que les têtes de chiens ne se mettent en tête de me poursuivre. Ce serait dommage.

J'approche de la sortie du bosquet, me posant alors tranquillement sur mes quatre pattes dressées. Mes jouets se cassent beaucoup trop vite, c'est ennuyeux à mourir. Je pousse un soupire, alors que l'odeur d'un loup se porte dans le vent. Un vert ? Tss... Comme si ça pouvait être intéressant. Il n'y a qu'à aller voir de toute manière. A-t-il vu la poursuite avec l'ours, se trouvant dans la zone ? Je me le demande.
Je le vois, avec ses hautes pattes, et son air... Tiens, un expression faciale que je ne connais pas. L'intérêt me caresse la truffe, alors que j'approche tranquillement de sa position, un air placide sur le visage.

- Et bien, ta gueule me plait, à toi. Quel est ton nom ?

Lâchais-je sans plus de présentation. C'est un compliment, venant de moi. Ouais, il a une bonne tête, une tête que je ne connais pas. Et un regard amusant. Quel est donc cette chose qu'il dégage.. Je suis curieux.

Il se tournait vers moi, lentement. Nous devions aisément faire la même taille, bien que je demeure plus épais. Je l'observe. Son regard, son rictus, son apparence, son aura. Celui-là n'est pas commun. Un met particulier. Peut-être de manière inconsciente, je me pourlèche les babines, me tournant légèrement de profil pour continuer à l'observer sans aucune gêne. Pourquoi serais-je gêné après tout ?
Sa voix claque dans le silence, me faisant lentement dresser les oreilles dans sa direction. Dieu ? Qu'est-ce donc que cette chose ? Je ne la connais pas. On ne m'a pas appris ce qu'était dieu.
J'entrouvre lentement les crocs, les laissant luire à la lueur du jour, répondant lentement à ses mots.

- Xyrion dans ce cas. Nomme moi Elrön.

Ponctuais-je dans les tons grave, avant de poursuivre.

- Qu'est-ce qu'un Dieu ? Je ne connais pas ce mots, les "miens" ne me l'ont jamais enseigné. Ils ne m'ont pas enseigné grand chose, à part le pouvoir de lire les visages, et de les transformer.

Je me tournais une nouvelle fois dans sa direction, m'étant rapproché de quelques pas, l'observant, curieux, bien que je ne traduise aucun sentiment. Je n'en ai aucun, de sentiment. Mais tu m'intéresse, le Haut Percher. Amuse moi. Apprends moi des choses que je ne connais pas.

FORCE : 9 - AGILITE : 13 - ENDURANCE : 6

Ma remarque sur dieu lui avait fait dresser les oreilles, alors qu'il semblait afficher un air autoritaire et heureux à la fois. Il semblait content que je le questionne, en effet. Je me posais à ma place, assis, dressant légèrement la tête dans sa direction. Allons le rouquin, je t'écoute, dis-moi tout. Et finalement, ce qu'il avait à dire n'était pas inintéressant. Donc dieu, est, selon ses mots... Parfait ? Miséricordieux, et ses décisions sont justes, implacables et irréfutables ? Sa parole est sacrée, et se doit d'être respectée, et accomplie ? Ce loup est définitivement étrange, littéralement. J'étire un sourire en l'écoutant. Il m'amuse. Finalement, je me redressais sur mes pattes tranquillement, lui faisant face.

- Et donc, toi, tu es un Dieu, si j'ai bien compris ? Et tes "fidèles" reçoivent la gloire éternelle ? Je n'ai jamais entendu parler d'une chose pareil.

Je me dégageais lentement de la conversation, trottant en direction de la forêt, avant de contourner un arbre.

- L'on m'a appris que la gloire vient du combat. Celui qui gagne est glorieux, celui qui perd est miséreux. Le faible donne pitié, le fort donne de l'admiration. C'est ce qu'on m'a appris. Ce que j'ai appris, au final, puisque je ne sais pas ce que sont que les sentiments. Il n'y a aucun "sentiment", dans ce que tu dis. Est-ce que cela fait-il aussi de moi un autre Dieu que toi ?

J'inclinais la tête sur le côté, revenant dans sa direction. Oui, c'était une bonne question, après tout. Suis-je un Dieu moi aussi ?

FORCE : 9 - AGILITE : 13 - ENDURANCE : 6

Je poursuivais en direction des arbres, réfléchissant. Au moins, je suis capable de réfléchir. D'user de mon esprit pour faire quelque chose de constructif. Plutôt qu'user d'un cœur de pierre. C'est ce qu'on me dit le plus souvent. "Tu n'as pas de cœur". "Comment peux-tu être aussi insensible ?". Ce sont de bonnes questions, en soit, les autres ont de l'intérêt à se la poser. Parce qu'ils ne comprennent pas. Et je ne les comprends pas. Nous sommes dans deux mondes à part, séparer par cette barrière illusoires que sont les sentiments.
Je ne me sens pas triste de ce constat. Car je ne ressens rien. C'est un constat, tout simplement, il n'y a pas de raison d'en rire ou d'en pleurer. Le roux sauta de son piédestal, venant me rejoindre sur mes pas, alors que j'hochais lentement la tête tout en marchant. Il avait la décence de suivre la conversation, même physiquement. Sa remarque sur le fait d'épargner une vie me fit tiquer.

- Pourquoi épargne-t-on ? Quelle est son utilité, une fois que la vie est épargnée ? Si nous tuons, la vie se perd. Si on la sauve, elle fuit. Je ne trouve pas cela... Intéressant.

Ponctuais-je, de manière plus basse, faisant lentement demi-tour pour me trouver face à face à nouveau avec le rouquin, les yeux dans les yeux. Il disait qu'il me comprenait, à propos des "sentiments", ces choses étranges que je ne connais pas. Comment pouvait-il me comprendre ? Ressent-il ce qu'ils appellent tous "la peur", "l'amour", "l'empathie". Ces choses là qui font que les autres sont vivants. Et que moi je suis mort de l'intérieur, cherchant une lueur d'amusant dans ce monde ennuyeux, sans même en retirer la moindre joie.
Je le regardais bondir en avant, gardant néanmoins un visage de marbre, blanc et froid, impénétrable. Lui semblait heureux. Il connaissait les sentiments. Sans doute qu'il ne les comprends simplement pas. J'inclinais moi-même la tête sur le côté, marmonnant.

- Faut-il être nécessairement au dessus des autres loups pour être un Dieu ? Je ne me considère que comme différent des autres. Car je ne suis pas comme eux. Car je ne suis pas comme toi non plus. Toi, je le vois, tu exprimes un sentiment qui s'appelle la Joie. C'est qu'il y a quelque chose de bien qui te traverse l'esprit. Qui te donne une bonne impression. Normalement, cette émotion vient quand les autres sont heureux.
Mais dans mon cas, je ne ressens rien. Je pourrais voir un loup agoniser, ou moi-même mourir de faim, je ne saurais avoir de sentiment comme la "pitié" ou la "peur".
Je ne ressens ni ne comprends ce que les autres ressentent. Cela me place-t-il au dessous, ou au dessus d'eux ? Ce sont de grandes questions...

J'étirais un fin sourire, tournant la tête sur le côté, regardant une forme d'horizon que peut-être seul moi est capable de voir.

- Il me reste la curiosité... Le Dieu de la curiosité pourrait me convenir, qu'en penses-tu ?

Je retournais mon regard sur le sien, calme, interrogateur.