Le mâle venait d'arracher ce gosse à ce qui semblait être le cadavre de sa... mère. Il ne pensait pas trouver Kael'Thas ici non. A vrai dire, il ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, mais avait retenu son prénom pour la simple et bonne raison qu'il le trouvait joli. C'était tout. Par contre, la boule de poils avait l'air bien plus que simplement remuante. Elle était carrément chiante. Un peu comme lui. Alors, l'espion était plutôt habitué.

- Lâche-moi!

Aussi, il resta longuement sourd aux ordres répétés du gosse. Mépris de l'Aigle n'aimait pas qu'on lui ordonne quoique ce soit, et se faisait plaisir à pêter sur la tête de qui s'en donnait le droit. Sauf que là, il venait d'assister à une scène plutôt désagréable, et se baladait avec un louveteau qui allait devoir lui expliquer pas mal de choses.
Un coup de sa gueule, par une petite patte faible le fit s'arrêter.

- Dégaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaage.

Xyrion baissa les yeux vers la boule de poils ridicule qui se balançait dans sa gueule. Il ne touchait même pas le sol, de part sa petitesse, et la hauteur des pattes du roux. En fait, il était juste ridicule. Avisant un par-terre de mousse, l'aigle s'y rendit avant de lâcher le môme dessus, crachant quelques poils au passage. Il s'ébroua, et se tint quand même debout, histoire de prévenir la fuite de l'esobek.

- Bon, maintenant que je t'ai sauvé d'une mort certaine, tu peux m'expliquer ce que tu faisais si loin de la meute, gamin?

Il n'était pas dans ses habitudes d'être sévère, loin de là. Xyrion était plutôt un grand gosse. Mais là, ils étaient en territoire ennemi, et on pouvait leur faire la peau à n'importe quel instant.

Vraiment, ta mère s'appelle Atom? C'est bien pour toi.
Xyrion continuait de barrer le passage au gosse qui voulait absolument rejoindre le cadavre sans vie de sa défunte "mère" navnik. Il devait ramener ce gosse chez les esobeks. Plume Rousse n'accepterait pas qu'il le laisse seul à lui-même.

- Pourquoi me ramènes-tu là bas? Ils m'ont abandonné. Laissez pour compte. J'étais trop faible pour être des leurs et c'est ainsi que je me suis retrouvé seul dans un lieux maudits loin de tous et de tout. Pourquoi vous pardonnerais-je? Pourquoi reviendrais-je alors que d'honneur, personne ne possède? Comment peux-tu me forcer à aller en ces terres que je refuse de fouler. Je suis Kael'thas fils d'Atom. Laisse moi retrouver ma vraie famille!

Xyrion roula des yeux alors qu'il secouait la tête. Brusquement, il se baissa en montrant les crocs, et avança de façon plutôt menaçant vers Kael'Thas.

- Parce que je suis obligé. Je m'en fous de c'que tu es petit gamin immature. J'm'en fous comme de savoir qui était ta mère. J'la connais pas, j'te connais pas, et j'avoue que la seule chose que j'ai envie de faire là, c'est de t'arracher la queue pour te la faire manger!

Au moins, c'était chose dites. En grommelant, Mépris de l'Aigle s'assit, attendant que le môme se calme. Son oreille atrophiée ne bougeait pas, comparé à l'autre qui ne cessait de tiquer. Il claqua machinalement des crocs, en déblayant le sol avec sa queue rousse. Franchement! Il espérait au moins un merci de la part de cet ingrat! Qu'est-ce qu'il détestait les gosses vraiment! Eux et leur prétention à toute épreuve. Personne ne rivalise avec lui, parce que personne ne rivalise avec Dieu. Cela l'énervait qu'on pense pouvoir lui donner des ordres ou des conseils, alors qu'il était la création parfaite des cieux.

Le gosse n'avait apparemment pas du tout apprécié ses paroles. Tant mieux, ce n'était pas fait pour. Mais prenant un air hautement méprisant -l'imitant en fait-, Kael'Thas se redressa en crachant:

- Oui, tu n'es qu'un vulgaire chien obligé de répondre aux ordres. Tu ne sais rien faire d'autre. Et si tu blesses l'un des tiens, tu seras bannis à une vie de poussière loin de la meute, comme un traître et un moins que rien.

Un petit silence suivit. Puis Xyrion éclata de rire. Un rire moqueur, froid. C'était amusant, très amusant que ce petit tente de le vexer ou de le faire se sentir par mal par de vaines paroles. Oui, vraiment.
L'espion se rapprocha, un sourire sarcastique peint sur le museau avant de se pencher. C'est qu'il était si petit ce louveteau, qu'il aurait pu lui marcher dessus sans s'en apercevoir.

- Cela s'appelle la fidélité. De ma part. En échange, on me nourrit quoi de mieux? Ce n'est pas de la lâcheté, mais de l'intelligence. Toi, en revanche, tu n'es qu'un minuscule gamin -même pas un loup à vrai dire- qui ne connait pas sa place. Tout simplement parce que tu ne l'as nul part, alors tu tentes de te donner une contenance avec des paroles vaines et stupides, sans aucuns fondements. Tu vois? C'est ce que tu es Kael'Thas. Un gamin rejeté en manque d'attention.

Et bim, ça calme hein?
Il n'avait pas vu ce qu'il espérait être le faciès décomposé du petit, tout simplement car celui-ci était tourné vers le ciel. Et emplit d'inquiétude. Une inquiétude dont il lui fit part. Là tout de suite, le rouquin avait bien envie d'abandonner le chieur à son sort, l'enterré là, et le laisser se faire noyer et électrocuter par les ondes orageuses qui les menaçaient. Mais cela n'aurait pas été conforme aux règles de sa meute. Bien que personne ne l'aurait su.
Alors, d'un grognement, Mépris de l'Aigle prit la direction du campement esobek. Il fallait chercher une cachette, avant de se prendre le mauvais temps sur le coin de la figure.

- Amène toi, p'tite merde.