Je m'étais réveillé dans ma tanière, comme chaque matin. Seul. Nous avions parlé, avec Drakariss, il y a peu. J'allais rejoindre sa meute. Oui, j'avais pris cette décision. Je vais la suivre, la suivre où elle ira, jusqu'où elle ira. C'est sans aucun doute stupide. C'est stupide en fait. Mais quand je suis avec elle, je deviens relativement... Irrationnel. C'est le bon mot oui, je n'arrive plus à réfléchir. Elle doit m'avoir ensorceler, par je ne sais quel pouvoir. Celui de l'amour. Oui, finalement, je sais quel pouvoir. Et je me suis laisser avoir, comme un débutant, souffrant aujourd'hui, toujours et encore, de cette terrible malade... La maladie d'amour.
Je pousse un long gémissement résigné, sortant de ma tanière pour aller faire ma recherche de plante quotidienne, explorant chaque partie du paysage pour en trouver les merveilles. Aujourd'hui, je m'aventure au loin, dans les terres du Nord. Les Hellhounds grouillent un peu partout mais je prends garde à moi. Le monde semble moins menaçant, moins effrayant, depuis que je sais que je ne serais plus seul. Oui, je le pense au fond de moi: je ne serais plus seul.

Je m'étire un instant, sur le chemin du retour, une aloe dans la gueule, trottinant. Une odeur flotte autour de ma tanière, celle d'un loup que je ne connais pas en ces terres. Je pensais que ça pourrait être Drakariss, une seconde... Un futile espoir peut-être. Non, au final, alors que j'arrivais à l'entrée de ma tanière, c'était un jeune loup qui fouillait dans mes affaires, y mettant un bordel monstre. Je laisse gonfler mon poil, et découvre d'un seul coup mes crocs, lâchant d'un voix tranchante.

- Retire tes pattes de mes affaires, petit.

Articulais-je sèchement, oubliant toute commodité. Il s'agit d'un pillard, les pillards n'ont pas mon respect, et encore moins quand ils touchent à mes affaires. Je faisais un constat d'un rapide coup d'œil, alors que le jeunot se tourna face à moi, la queue entre les pattes, gardant sous son ventre quelque unes de mes plantes. Je claque des mâchoires, reculant lentement.

- Sort de là, immédiatement, ou alors je te ferais partir par la force.

Mais ce dernier ne semblait pas de cet avis, et profita du fait que je recule pour me bondir dessus. Par réflexe guerrier, je me décalais sur la droite, tentant d'esquiver son attaque, qui se soldat par un coup de griffe dans ma patte avant gauche, sans doute destiné à mon épaule. Je gronde et fonce sur lui, plantant mes crocs dans la chair de son poitrail dans une morsure poignante. Il remue, se secoue, et me mord au niveau de la nuque pour me faire lâcher prise, ce que je fais. Finalement, je frappe d'un grand coup de tête dans la sienne, le sonnant. Je saisis une de ses pattes et alors le tire vers l'arrière, le poussant dans le ruisseau. Le sang coulait de mon poil gris, et je jappais à son attention, le plus menaçant possible.

- Passe ton chemin, voleur, ou je te perce la gorge.

Mon regard améthyste rencontra le sien, résolu, alors qu'il s'en allait, la queue une nouvelle fois entre les pattes. Il pourrait retenter une nouvelle fois, mais cette fois-ci, je le tuerais sans aucune hésitation... Je pousse un long soupire, regardant mes plaies. Rien de bien grave... Je soignerais ça rapidement, après avoir rangé la pagaille qu'il vient de mettre dans mon stock.