Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
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Il est temps d'agir
KOBALT & NOCTURNE & ABYSSSE
Je demeurais coucher, dans cet abris de fortune qu'était ma nouvelle demeure, dans la Blessure. Les choses avançaient, progressaient. Je dois contacter les alphas de chaque meutes pour les avertir de ce qui pourrait bientôt arriver. Je le sens dans mes tripes, chaque matin. J'ai un... Mauvais pressentiment. Je me redressais sur mes pattes, allant faire un tour. Courant dans les plaines, je finissais pas rejoindre le Styx, que je longeais à vive allure. La présence de Nocturne me devenait de plus en plus nécessaire, pour rester calme. Véga était introuvable, comme beaucoup d'autres loups que je connaissais, de près ou de loin. Nous perdions en nombre, et donc en force, à chaque instants. Je poussais un soupire, le souffle court, la respiration saccadée, commençant à ralentir à l'approche de la tanière de mon ami. Je me faisais le plus discret possible, avec le passage de convois Hellhounds, non loin, je préférais ne pas prendre de risques inutiles. Si Nocturne, ou même moi, nous faisons prendre, qui pourraient savoir ce que nous savons, et organiser un assaut? Je ne connaissais aucun loup capable de le faire. Au moins, si l'un de nous deux venaient à mourir, l'autre pourrait révéler le plan aux autres, et vice-versa. Oui, j'avais foi en notre plan, mais là, j'avais simplement besoin de sa présence pour oublier mes appréhensions.
Alors que j'approchais de la tanière, une odeur me fit l'effet d'une décharge électrique. L'odeur du sang, des chiens, de la folie. Un Hellhounds était-il dans le coin? Je sortais les crocs lentement, bouffant mon poil, grondant. L'odeur provenait de la tanière de Nocturne... Ou était mon ami? Et sa fille, Hel? Si ces monstres leur ont fait du mal... Je ne garantis pas ma santé mentale. Je claque lentement des mâchoires.
- Nocturne? Tu es là?
Le loup noir avait aussi pu capturer un Hellhounds, il en serait capable. S'il était là, il me répondrait. Ma voix tremblait malgré moi, sans que je ne puisse la contrôler.
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Nocturne
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Plus tôt dans la journée, le mercenaire avait fait la connaissance d'Abysse, la louve rescapée de hellhounds, mère de son futur filleul et compagne de son meilleur ami. Lorsqu'il s'était rendu compte de son identité, Miroir des Silences avait laissé sa méfiance lupine de côté pour aider la demoiselle. Faible, amaigri, affamée et haineuse, il l'avait porté sur son dos jusqu'à sa tanière. En même temps, elle était devenu un poids plume, et possédant une certaine masse musculaire, le corps l'encombrait plus qu'autre chose.
Nocturne la fit glisser doucement dans sa tanière, alors qu'elle se trouvait entre sommeil et éveil. Il attrapa un morceau de viande, et lui mit sous le nez, espérant qu'elle se nourrisse d'elle même. Mais alors qu'il patientait avec elle, tentant de la réconforter par sa simple présence - aussi désagréable et froide soit-elle -, qu'un mouvement à l'extérieur le fit s'hérisser. Pas question de laisser quiconque approcher Saphir de l'Aurore, non. Mais lorsque la voix de Kobalt vint tinter à ses oreilles, celles-ci se redressèrent sur son crâne, et il sortit à l'air libre, laissant Abysse seule un instant.
- Je suis là Kobalt.
Il avait sentit la voix tremblante de son compagnon, et n'avait pas voulu augmenter le stress qui devait peser sur ses épaules. En voyant Carnage de l'Ephémère, et en constatant qu'il allait bien, Nocturne se calma et s'approcha de lui.
- Je ne sais pas pourquoi tu es venu là. Mais ça devra attendre, j'ai quelque chose de plus important à te dire.
Son regard alla rapidement jusqu'à la tanière d'où Abysse ne semblait pas avoir bouger. Elle était faible, apeuré, fatiguée, et Miroir des Silences ne voulait pas infliger la vision de sa compagne ainsi démuni à Kobalt. Mais il le devait. Ils se sentiraient mieux tout deux. D'un mouvement de tête, il invita son ami à le suivre jusque dans les galeries de sa tanière. Il s'écarta alors, le laissant approcher la demoiselle qui ne semblait toujours pas y voir très clair.
Saphir de l'Aurore ou Abysse, était là le corps plongée dans la sombre cabane de pierre qu'était la grotte de ce loup noir. Noir comme lui, pourtant elle n'arrivait pas à remettre un nom sur son visage, il le lui avait dit mais ses oreilles n'entendaient plus, ou pas comme elles devraient entendre. D'abord méfiante, même agressive avec le personnage, cependant elle avait comprit par sa force qu'il n'était pas un ennemi mais un allié de taille qui lui serait utile pour se sortir de ce pétrin. Il semblait le connaître, a l'énonce de son nom son cœur n'avait fait qu'un bond car au fond elle ne désirait qu'une chose, le revoir. Ses pensés se balançaient dans son esprit comme des morceaux perdus dans le vide, ne lui faisant plus que mal qu'autre chose. Puis son corps s'était effondré sur le sol, affaibli et fragilisé de son aventure parmi les hommes. Elle ne ressemblait en plus rien à ce qu'elle était, ni physiquement, ni mentalement. Les bipèdes, ses monstres avaient eut un impacte si violent sur cette femelle que personnes ne pourraient croire de ce retrouver en face de cette guerrière si menaçante il y a encore peu. Ses yeux c'étaient refermé, le noir était désormais quelques choses d'extrêmement effrayant et déstabilisant. Elle avait peur de les rouvrir et de se retrouver sur cette plage qu'elle refusait de dormir.
Alors mi consciente, il la transporta facilement jusqu'à cet abri de fortune. Son corps encore endoloris, une douleur qu'elle ne ressentait plus depuis longtemps, traînant un morceau de viande sous son museau qu'elle regarde de manière incrédule. Aucune faim n'était là, elle n'avait envie de rien, pas même de reprendre des forces. Elle n'arrivait pas à se souvenir pourquoi sa carcasse avait atterrit là, pourquoi ce loup noir l'avait aidé. Pourquoi l'avoir traînée ici alors qu'elle vaguait sans but sur le béton de la ville en ruine qu'elle appréciait tant avant. Tout ça n'était qu'un flot de souvenir encore trop vague dont les morceaux ne voulaient semble t-il pas s'assembler. Quelques fragments étaient encore manquants, son esprit ne faisait aucun effort. Il était las et faible tout comme l'est son corps. Ses yeux toujours mi-ouvert continuèrent de balayer l'endroit, le loup et la viande. Ses pattes encore tremblante, une oreille bougeant, une odeur était bien là. Un inconnu ? A ses pensés oui, pourtant, elle la connaissait, n'ayant aucun souvenir de cette dernière. Un loup. Celui qu'était couché sur le côté calme se pressa de sortir sans un mot laissant la femelle dans l'incompréhension.
Le regard vide elle attendait. Les crocs découvert, son poil légèrement hérisser, son apparence n'en étaient pour autant pas menaçante, mais bien pathétique. Une louve sans le moindre intérêt, amaigri, affaibli, l'esprit fou, cassé, brisé en deux par les hommes. Se perdant de nouveau dans le fil de ses sombres pensés, une ombre apparut sous ses yeux. Un autre loup noir lui faisait face. Ses yeux bleus lui disait quelques choses, son cœur fit un bond dans sa poitrine, relevant tout son corps de l’amas de poussière, manquant de basculé au sol, la femelle bondit cependant sur le nouveau venu. Sa vision troublé, Abysse était persuadé d'avoir un ennemi sous les yeux, elle devait le tuer. Le détruite, le mettre en pièce. Bousculant violemment l'animal d'un coup d'épaule, elle place ses pattes avant sur son corps avant d'attraper entre ses crocs luisants la gorge qu'elle tentait de déchirer, ses griffes aussi se frayèrent un chemin sur son poitrail, tenant de l'éventrer. Le goût métallique du sang coulèrent sur ses babines tâchant son propre pelage déjà sale. Grondante a la fois satisfaite, a la fois frustré de ne pas le voir mort. Il devait mourir, c'est un ennemi.
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La voix de Nocturne me fit décrisper les crocs, alors que sa silhouette se glissait hors de l'abri de sa tanière. Ma poil se dégonfla instantanément, reprenant une allure plus neutre, mon regard s'apaisant dans le même coup. Nocturne avait le don de calmer mes angoisses, je crois... Un don très utile, j'imagine, surtout dans cette situation. Pourtant, l'odeur me dérange. L'odeur des chiens. Je tourne la tête de droite à gauche, scrutant l'horizon de tous mes sens. L'odeur venait de Nocturne, et l'incompréhension prit place dans mes saphirs. Finalement, il me répliqua qu'il y avait quelque chose d'important, de plus important que tout ce que je pourrais lui dire. Était-ce l’explication à son odeur? Je couchais mes oreilles sur mon crâne, le suivant à pas lent, lui emboitant le pas. Je glissais dans la tanière qui portait toujours cette odeur étrange, des effluves qui me gênent, me dérange. Même si je combats ma haine, elle n'a pas disparu pour autant... L'odeur des Hellhounds me donne toujours envie de vomir. Pourtant, quand mon regard se pose sur la masse au sol, en face de moi, mon cœur rate un bond. Une fourrure noire... Sale, abîmée, emmêlée, se trouve devant moi. Un corps malingre, rachitique peut-être... Ses pattes étaient fines, comme si toute la chaire qu'il pouvait y avoir s'en était allé. Ce loup, ou cette louve d'ailleurs, n'avait que la peau sur les os, c'était assez... Attristant, quand j'y pense. Je lève mon regard vers Nocturne, sans trop comprendre, puis... La masse semble bouger. Je détourne mon regard vers elle à nouveau, et ses Émeraudes se plantent dans les miens. Un nouveau battement perdu. Je ne réalisais pas encore... Quand ses crocs se plantèrent dans ma gorge. Par réflexe, mes pattes me poussèrent vers l'arrière, tentant de se dégager de sa prise. De la prise d'Abysse. C'était Abysse, elle était là, pendue à mon cou, mon sang coulant dans ses crocs. Hagard, je voyais, je voyais dans ses yeux. Cette même folie que je découvrais parfois dans mon reflet. Choqué, je recule encore, rapidement, je bondis sur mes pattes vers l'arrière, mais je suis incapable de lui faire lâcher prise, de la combattre. Est-ce réellement Abysse, ou simplement un fantôme qui vient me hanter? Est-ce... Un cauchemar?
Je gronde et secoue mon corps jusqu'à rouler sur le sol pour la faire lâcher prise. La douleur se répand dans mes membres, mais l'explosion mentale est bien plus forte. Mon sang coule sur le sol, j'ai l'impression que c'est mon cœur qui saigne. C'est elle, c'est bien elle. Même dans cet état, je la reconnaîtrais entre mille... Entre des millions s'il le faut. Je sentais sa rage et sa folie foncer une nouvelle fois dans ma direction alors que je l'esquivais, refusant de me battre. Ma blessure m'affaiblissait... Finalement, je pris appuie sur mes pattes arrière, encaissant une nouvelle attaque. Elle ferma ses crocs sur mon épaule, et moi, je serrais ma tête contre son encolure. Je dressais mes pattes avant pour la maintenir, l'enfermer dans ma prise, grinçant des crocs sous la douleur. - Abysse... C'est moi, Kobalt... Ça va aller maintenant...
Chuchotais-je à voix basse, lentement, rauque. Je devais contenir mes émotions, et ma douleur. Deux choses si... Difficile à faire pour moi.
- Ça va aller maintenant... Ça va aller...
Continuais-je de lui répéter, alors qu'elle me labourait l'épaule, projetant mon sang au sol.
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L'expression de Kobalt était de celle qui donnait envie de se justifier. Malgré tout, le noireau garda le silence jusqu'à ce que l'autre mercenaire pénètre dans la tanière. A son attitude, il devina que Carnage de l'Ephémère n'avait pas encore réalisé. Mais lorsqu'Abysse daigna bouger, les saphirs de son ami s'emplirent de tristesse et d'étonnement. Plus que ça encore, il était choqué. Choqué de la revoir vivante. De la revoir dans cet état. De voir son regard fou.
Quand elle bondit vers son compagnon, Nocturne ne bougea pas. Il se doutait qu'elle réagirait agressivement, il allait lui falloir un moment pour se remettre de tout ça. Ce passage de sa vie lui laisserait des séquelles douloureuses, et Kobalt allait devoir être là pour la soutenir. Seulement, lorsque le sang coula, le mercenaire eut pour réflexe d'attraper la peau du cou de la louve entre ses crocs, pour la tirer en arrière. Mais son ami la retint contre lui. Bravant le danger, dans le seul et unique but de ressentir la chaleur de la solitaire, Kobalt la retenait contre lui, alors que les crocs fous d'Abysse s'enfonçaient dans son épaule.
Miroir des Silences s'arrêta. Il aurait eu la même réaction avec sa compagne, avec Nymeria. Il ne l'aurait jamais repoussé, quit à en souffrir physiquement. Il savait son ami plus forte que la demoiselle, mais se doutait également que jamais il ne la combattrait. Aussi, écoutant son ami calmer par des paroles au ton qu'il ne lui connaissait pas, Nocturne recula de quelques mètres, assez pour que la guerrière ne ressente plus sa présence, mais restant suffisamment proche pour devoir intervenir en cas de pépin. Elle ne semblait pas vouloir désserer ses crocs, mais la fatigue et l'engourdissement gagnerait bientôt sa mâchoire, la paralysant momentanément. Et Kobalt serait libéré.
Le sang dégoulinant jusque sur le sol et ses pattes noires avant qui s’activent sur le pelage de la vermine qu’elle détient entre ses crocs blanc, à ses yeux il n’est ni plus ni moins un étranger menaçant. Du moins de ce qu’elle pense croire, elle ne reconnaît en rien chez lui qui pourrait montrer qu’il s’agit de son propre compagnon, aucune odeur ne lui vient dans le museau juste celle de l’amer odeur du sang coulant. Acharnant sa force, sa faible force restante dans l’éventrement de ce dernier le loup noir ne se laisse cependant pas aussi bien faire que la jeune femelle aurait put le croire. Son premier geste est de reculer et de se dresser sur ses pattes pour tenter de dégager la furie furieuse qui s’attaque à lui avec acharnement, puis il se secoue roulant sur le sol faisant lâcher sa prise, mais elle ne s’arrête pas là. Se redressant rapidement sur ses quatre membre, elle ébroue son corps de tout les côtés avant de bondir une nouvelle fois dans sa direction grondante. Cette fois elle attrape dans sa gueule une partie de son épaule, de son muscle. Plantant ses canines dans la chair qu’elle ouvre vivement. Une de ses pattes tente de donner un coup dans celle du mâle pour le faire tomber mais sa ne marche pas. Un geste venant même surprendre la femelle folle. Il resserre sa tête sur son encolure propageant une chaleur qui ne lui est pas inconnu puis ses pattes l’entoure, la maintenant collé contre le corps de l’étranger, il murmure et chuchote des mots aux oreilles de Saphir.
Fronçant des sourcils, ne lâchant en rien le muscle qu’elle continue de faire saigner longuement. Son esprit est en activité, cette chaleur la perturbe énormément, elle connaît ce type de geste, cette accolade. Pourtant ses souvenirs ne semblent pas vouloir l’aider, tentant de se dégager de son emprise, elle relâche la chair avant de donner un coup en arrière et de tirer avec son poids vers l’arrière pour tenter de s’enfuir de sa prise. Est-ce une ruse pour la perturber au point qu’elle ne sache plus se battre ? Non ça ne marchera pas sur elle. Tentant également de le mordre aux oreilles pour le faire lâcher, lorsqu’elle croise son regard azur. Elle s’arrête. Son corps se stabilise, le regardant. Plongeant ses émeraudes dans ses saphirs. Elle connaît également se regard, il ne lui est pas inconnu. Impossible de remettre un nom sur l’animal qui lui fait cependant face, dressant sur ses oreilles elle se répète inlassablement les mots qu’il lui a chuchotés.
« Kobalt… » Dit-elle dans un souffle tentant de se souvenir, puis enfin une pièce du puzzle semble revenir. Ses pupilles s’agrandissent, se rendant compte qu’elle vient d’essayer de le tuer. Bon elle en était loin, mais la femelle n’a pas été très douce non plus, venant collé sa tête contre la fourrure de son cou les larmes coulent tout le long de ses joues. A la fois triste et heureuse de le retrouver.
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Sam 28 Mai - 10:35
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Je tenais ma prise, fermement. Je ne voulais pas la blesser, mais je n'allais pas la lâcher non plus. Qu'elle m'arrache l'épaule tout entière s'il le faut, tant qu'elle me laisse mon cœur, ça me va, ça me va même très bien. Ma truffe rencontre son pelage sale, poisseux. Mes pattes serrent ce cou qui n'était plus aussi large qu'autre fois. Que t-ont-ils fait Abysse? Qu'ont-ils fait à nos enfants? J'ai tant de question, et pourtant, je ne peux pas avoir la réponse. Tant de questions qui viendront plus tard, quand tu seras à nouveau toi-même. Car tu le seras à nouveau Abysse. Tu seras à nouveau la louve forte, la guerrière qui ne se laisse pas abattre, qui veut toujours prouver qu'elle a de la force en elle. Prouve le moi Abysse... Prouve moi encore que c'est bien toi. Je gardais les yeux clos, bien que je sentais la présence de Nocturne, qui devait trouver ce spectacle plutôt... Pitoyable, quand on y pense. Elle tente de me dégager une première fois, et mon épaule douloureuse m'empêche de la retenir cette fois. Elle recule, se dégage, et je sens son souffle passer proche de mon visage. Je ne bouge pas, pas une seule fois... Je rouvre simplement les yeux pour la regarder en face. Elle me regarde... Elle sait. Je le vois dans ces yeux, cette lueur que je connais... Elle ne semble pas comprendre, et moi-non plus, je ne comprends pas. Comment pourrais-je comprendre ce qu'il est en train de se produire autour de moi. La douleur vive dans mon corps reste un rappel à la réalité plutôt convainquant. Elle se glisse contre moi, murmure mon nom, et c'est tout ce dont j'ai besoin... Je glisse ma tête au dessus de la sienne, donnant un coup de langue sur son front sale.
- Oui, c'est moi Abysse... Bon retour à la maison...
Ajoutais-je avec un sourire heureux, serrant mon crâne autour de son encolure, avant de jeter un regard reconnaissant dans la direction de Nocturne. Il l'avait retrouvé... Je crois que ma dette ne fait que de s'alourdir avec toi, mon ami... Mais je crois que je ne t'en serais jamais assez reconnaissant, pour celle-ci. Je la gardais contre moi, bien que le sang coule toujours de mon épaule. Je me recule, lentement, glissant le bout de ma truffe contre ses babines, réconfortant.
- C'est bon, tu es calmée à présent...?
Lui demandais-je, remarquant le bout de nourriture qui traînait dans la tanière. Il devait être pour elle, pour qu'elle reprenne des forces. Je la guidais lentement, avant de m'approcher de Nocturne en boitant légèrement. - Comment l'as-tu retrouvé Nocturne...? Que s'est-il passé ?
Je voulais savoir. Je souhaitais comprendre. J'espérais qu'il pourrait m'expliquer, ne souhaitant pas bousculer d'avantage Abysse, qui semblait déjà assez perturbée.
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Le mercenaire ne bougea pas, alors qu'il voyait les muscles de la louve se détendre. Elle finit par relâcher sa prise, se rendant compte de la situation. Son museau disparu dans l'encolure de Kobalt, alors que celui-ci dardait ses saphirs sur lui, le remerciant silencieusement tout en réconfortant sa compagne. Nocturne fit mine de n'avoir rien vu. Il n'aimait pas cette scène, cette ambiance mélodramatique. Cela l'agaçait. Par jalousie? Non. Si. Peut-être. A vrai dire il n'en avait aucune idée. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il aurait aimé pouvoir sentir la chaleur de Nymeria contre lui à cet instant. Mais depuis qu'elle lui avait déclaré son amour, le mercenaire ne l'avait pas revu. Dans un grondement, il finit par s'écarter plus loin dans une galerie, avant d'être retenu par la voix de son ami.
- Comment l'as-tu retrouvé Nocturne...? Que s'est-il passé ?
Il haussa vaguement les épaules. Sans doute que la louve n'était pas en état d'entendre ça. Mais il ne pouvait pas se permettre de la ménager. Il avait été assez gentil avec elle, assez diplomate. Face à l'autre mercenaire, Miroir des Silences ne tenait pas à paraître "gentil" ou autre adjectif doucereux.
- J'l'ai croisé dans la ville. J'ai deviné qui elle était, alors je l'ai ramené. C'est tout.
Il ne dit rien pour les chiots. Il ne dit rien pour l'état de la femelle. Il ne dit rien pour son passage affectif, ni pour son inquiétude. Nocturne était un solitaire, un mercenaire. Il écoutait mais ne parlait pas. Alors il ne dit rien.