En savoir plus | Dim 8 Mai - 18:16 | |
| Faire le point. Audric, tu t'es enfoncé dans la forêt profonde. Une chose te percute, tu ne vois pas quoi. Ta tête heurte un cailloux, pendant quelques instants tu n'entends plus ni ne vois plus, le choc a été trop important. Ce n'est que temporaire, mais ça tu ne le sais pas.Mais ton sens du toucher et tes sensations se sont décuplées. Décris la réaction de ton loup qui découvre qu'il ne voit ni n'entend plus. Insères-y au moins 30 mots d'ancien français (françois de l'époque des Lumières) que tu mettras en italique. Nightwish - The Islander
Force : 10 - Agilité : 20 - Endurance : 14 Audric était loin. Loin de tout, loin de tous. Au plus le temps passait, au plus il songeait au jour où ses pattes l'éloigneraient de sa meute d'adoption pour la dernière fois. Il aurait aimé confier à quelqu'un cet horion qui secouait son esprit ; mais Koda était sa seule véritable affidée, et il craignait de l'inquiéter. Pour rien au monde il n'aurait voulu lui faire du mal. Seulement, il lui faudrait partir ; car il sentait son esprit s'emboucaner à l'instar du ciel qui pesait sur sa tête. Ses pas le menaient sans qu'il n'y prenne grade, alors qu'il suivait distraitement quelques abattures à demi-effacées. Il n'avait pas l'esprit à la chasse. Seulement à la pensée. Il était morose. Agité au plus profond de lui. Cette forêt avait quelque chose de paisible dans son air lugubre ; l'ambiance qui y régnait l'éloignait des bisbilles et autres brimborions des apprentis qui partageaient sa couche. Plus de Daren cherchant à jouer les capitans, plus de capucinades ridicules. Audric n'était pas fait pour cette vie. Jouer à cligne-musette ne l'amusait pas, et il rageait d'être exclus des manœuvres de guerres. Oh, l'apprenti n'était pas idiot. Il savait bien ne pas être assez fort. Mais être tenu à l'écart lui était insupportable. Il enviait l'insouciance de Koda et les fanfaronnades de Leevi. C'était plus fort que lui ; il lui était impossible de parler ab hoc et ab hâc. Le jeune loup ruminait. Son esprit s'enfonçait dans les ténèbres. Il était pris d'un terrible caraude. Mais alors, soudainement, ses yeux quittèrent le carrairol. Il lui sembla qu'il partaient sur le côté, ainsi que tout son corps, et il lui fallut un instant pour comprendre qu'il avait été frappé d'un violent coup. Par quoi, où ? Les Hellhounds ? Son crâne heurta violemment une pierre, et il hurla de douleur. Tout son être était comme cabbit par une force inconnue, et ses oreilles bourdonnaient d'un étrange son nasillard. Il ouvrit les yeux, découvrant milles étincelles douloureuses, et les referma en glapissant pitoyablement. Que se passait-il ? Qu'avait-il ? Le temps passa. Un mélange de douleur et d'incompréhension. Tout lui semblait abscons. Enfin, il rouvrit les yeux. Rien. Le néant. Les ténèbres absolus. Les chalins avaient disparus de son ciel noir, de même que le douau qu'il avait aperçu devant lui quelques instants avant. Il était aveugle. Il lâcha un cri. Rien. Il était sourd. Tout son être fut envahi d'un désespoir sans nom. Il se sentait perdu, comme jamais il ne l'avait été. Et pourtant, l'apprenti n'avait fait qu'erré dans des sentiers égarés. C'était comme l'apogée de son escamanc intérieur. La matérialisation de ces démons qui le rendaient si efferé avec le monde qui l'entourait. Monde qu'il condamnait. Il se sentait hâve. Complètement démoli. Il aurait fait peur à voir. Et, comme si ça n'était pas assez, il sentit la guilée s'abattre sur son pelage ; il en fut surpris, car jamais il n'avait ainsi ressenti la pluie. Elle était glaciale et mauvaise, assassine. Elle lui faisait presque mal. Il posa une patte devant les autres et lâcha un cri inaudible sous le contact du sol ; car il lui semblait avoir littéralement jeté son membre sur celui-ci. Ses sensations étaient comme décuplées. C'était terrifiant. Il sentait. Il ressentait. Mais il ne pouvait rien. Ne voyait rien. N'entendait rien. Comme s'il percevait tout mais que le monde refusait de s'ouvrir à lui. Il le rejetait. Une telle réalité le rendait tout ébaubi. Jamais il n'avait été ainsi décontenancé. Il songeait à la fatalité. Aux blandices des apprentis plus vieux que lui. A ne jamais revenir chez les Navnik. A sa soeur. Au lapin qu'il avait dévoré plus tôt au matin. A la pluie. A l'oeil de Pandemonium. Au lait d'Anya. A cette forêt. A ce qui l'avait percuté. Aux champeaux qu'il parcourait avec sa soeur lorsqu'il était plus jeune. Jamais ses pensées n'avaient été si désultoires. Il était perdu. Respirer. Se concentrer. Il devait tout se remembrer dans l'ordre. Accoiser ses terreurs. Mais l'ire prenait le dessus. Ses grondements résonnaient dans sa gorge sans qu'il ne les entende, mais ils faisaient fibrer sa gorge dans une agréable douleur. Ses babines retroussées semblaient comme gelées par le vent qui fouettait son corps furieux. Son état le mettait face à la réalité. Il était différent de ce monde, qui ne lui permettait ni de voir ni d'entendre, qui se refusait à lui. Il était plus décidé que jamais. Audric devait faire sa place. Sa propre place. Sa volonté était Immarcescible. Son esprit était infrangible. Il n'y avait pas de temps à perdre. Déjà, l'ouïe lui revenait. Mais qui savait lorsqu'elle disparaîtrait à nouveau ? Rien n'était acquis. Ni le corps ni les sens. C'était à lui de décider de quoi il voulait s'armer. Tracer sa propre route. Ils allaient quitté les laies laissées par ses ancêtres. Sa mère. Son père. Son mentor. Ce n'était pas aux autres d'écrire son histoire .Il survivrait à toute malencombre et ne connaîtrait plus de telle malpeur. Il ne serait pas un maisnier ; il serait un roi. Il survivrait à toute malencombre et ne connaîtrait plus de telle malpeur.
(c) Tervilles |
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