Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Pour retrouver sa mère et son frère, Djall décida de quitter la meute Navnik pour un temps indéfini. Ce nos jours, la voilà de retour sur la terre des loups, décidée à retrouver une place parmi les siens.
Djall slalomait entre les parties de la carcasse d’avion qui avait éclaté en plein vol et s’était éparpillée en mille morceaux. La poussière sur les morceaux de tôle enfoncés dans le sol attestait de la vieillesse de cette catastrophe. La louve déplorait que depuis tout ce temps, la situation ne se soit pas améliorée. La femelle revenait vers les terres des loups après une longue absence. Elle était partie un matin sans prévenir personne. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. Djall avait besoin de régler certains conflits avec les fantômes de son passé. En effet, celle-ci n’a toujours pas retrouvé ça mère à qui elle a des comptes à rendre ou son frère qu’elle n’a jamais connu. Lors de cette escapade prolongée, sûrement avait-elle eu l’espoir de résoudre ce problème une bonne fois pour toute. Seulement, elle avait fini par devoir rentrer sans pour autant avoir achevé sa quête. Elle se doutait que la menace de famine pesait sur les siens et qu’une aide supplémentaire ne serait pas de trop. Alors qu’elle trottait en direction du territoire des Navniks, le paysage qui s’offrait à elle était de plus en plus désert et stérile. La femelle fit une halte au sommet d’une colline de poussière pour s’orienter correctement, prenant le temps d’analyser et de mémoriser les changements géographiques que les hommes avaient pu infliger à cette zone. Les bunkers grisâtres et les aboiements dans le lointain finirent de la persuader que la guerre n’était pas terminée. Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale alors qu’elle se remit en route, plus prudente que jamais. Son périple touchait presque à sa fin mais elle ne voulait pas rentrer chez elle sans un cadeau pour sa meute. L’accepterait-elle seulement après tout ce temps ? Elle décida de faire une longue pause dans un coin de forêt à peu près épargné histoire de dégoter une proie quelconque à offrir aux Navniks. Djall se mit donc à traquer, le nez sur le sol et les oreilles dressées.