Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Les jours se ressemblent, le temps semble à la fois long et lent. Tu errais dans les sous-terrains, là où vous étiez le plus en sécurité le temps que les Hommes cessent leur guerre incessante mais, tu le sais, vous ne pourrez pas vivre indéfiniment là où vous vous trouvez, vous devez sortir tôt ou tard reprendre ce qui vous est dû mais, comment ? Voici la question que tu te poses et, Astaroth ne semble pas prêt de vous contacter pour savoir la suite de son plan. Devriez-vous allez de vous même vers les Hommes ? Non, pas tant que vous ne serez pas entraîné ! Pas tant que vous ne serez pas prêt et avec un plan en tête ! Mais comment ? C'était du pur suicide que de foncer sur ces bipèdes armés jusqu'aux dents. Ils sont bien plus dangereux que les Hommes qui vivent sur ces terres ainsi que leur Traqueur alors, comment y faire face ? Puis il n'y a pas que cela … Il n'y a pas que cela qui te trotte en tête mais, un problème à la fois ou, un problème par jour sinon, tu finiras par devenir fou …
Ton errance te mène dans les tunnels où tu erres sans but, telle une ombre, une ombre marqué par le temps, une ombre fatigué par le poids qui pèse sur ses épaules, la haine, la trahison, la douleur, la peine … Trop de sentiments se succèdent et tu cherches encore et encore le bout de tout cela. Tu ne veux embêter ta compagne, en fait, tu as l'impression qu'une distance c'est formé entre elle et toi. Elle se fait plus absente, moins présente mais, toi aussi, non ? Et vos filles, tu veilles sur elle, tu les observes, t'occupes d'elle par moment mais, tu as tant d'autres choses à faire … Quand est-ce que la paix reviendra ? Enfin … A-t-elle été présente un jour seulement ? Non, jamais, jamais la vie ne vous a laissé respirer, Ô grand jamais même !
Puis finalement, tu t'arrêtes, tes oreilles se dressant sur le haut de ton crâne. Un présence dans ces tunnels … Tu humes l'air, tu reconnais peu à peu l'odeur … Une Sekmet … Zenobia. Marchant doucement à sa rencontre, tu finis par voir la silhouette de la louve se dessiner dans ces ténèbres et t'approches d'elle. Non loin d'elle désormais, tu inclines doucement la tête pour la saluer.
« Zenobia, que fais-tu par là ? »
La sentinelle faisait-elle un tour pour s'assurer qu'aucun danger ne se trouve pour la meute par ici ? Possible mais, tu préfères t'assurer que les membres de ta meute ne prennent aucun risque.
▬ Life is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing.
Zenobia errait. Comme à son habitude en fin de compte, et bizarrement ces derniers jours l'ex-territoire humain l'attirait plus qu'autre chose. Ses pas l'emmenèrent dans les profondeurs du tunnel où les membres de sa meute avaient l'habitude de si rendre, abris de fortune pour de nombreuses bêtes; loups y compris. Car au fond c'est ce qu'ils sont: des carnivores, des prédateurs, des bêtes sauvages. Et les bipèdes dans tout ça ? Dans quelle catégorie les classe-t-on ?
Cela fait des lustres qu'ils ont détrôné les loups du seuil de la chaîne alimentaire, pourtant sans leurs armes ils sont aussi faibles et frêles qu'un jeune faon. Zenobia, soupira, non un soupir d'incompréhension, mais plus un soupir de lassitude. Au fond, peu importe la façon que l'homme a de se comporter, ce qui compte c'est le résultat de ce qu'il est devenu. Et aujourd'hui la nature paye le prix de son erreur. Peut-être que s'il n'avait jamais existé tout le monde se porterait bien, mais il est là et il faut apprendre à vivre avec, c'est ainsi. Alors au lieu d'essayer de gagner un combat perdu d'avance, il serait peut-être temps de cohabiter avec.
Perdue dans ses pensées, la louve sursauta lorsqu'elle entendit la voix de son alpha.
« Zenobia, que fais-tu par là ? »
Un léger sourire aux babines, elle salua Hige d'un hochement de tête.
« La même chose que toi sans doute, répondit-elle. J'aime m'aventurer dans ces lieux, je trouve l'espèce humaine fascinante… »
Zenobia laissa sa phrase en suspens, elle savait que son devoir de sentinelle devait passer avant ses petites escapades, mais la sincérité était une qualité chez elle.
Un sourire étire tes babines aux paroles de la louve. Les Hommes la fascinent ? Il est vrai que certains loups voient en eux un être intéressant, intelligent mais, au vu des circonstances, au vu de ce qu'ils ont fait aux terres de ta meute, tu ne peux te permettre de leur faire la moindre éloge ou être attiré par eux, d'autant plus qu'ils sont la cause de la mort de plusieurs membres de ta famille ainsi que d'amis. Ne jugeant toutefois pas les goûts de la sentinelle, tu lanças un regard tout autour de toi. Si, il y a bien une éloge que tu peux leur faire, c'est qu'ils sont doté d'une intelligence des plus étranges. Il suffit de regarder tout ce qu'ils ont construit. De voir leur armes, leur peau changeante. Non, l'Homme est un prédateur intelligent, une intelligence différente de celle des loups mais, est-ce parce qu'ils peuvent utiliser leur pattes avant pour faire des choses que vous, canidés, ne peuvent pas faire.
Si les Hommes t'intriguent, actuellement, tu n'as que mépris pour eux et espères qu'ils finiront bientôt de s'entre-tuer pour que vous puissiez regagner vos terres. Dans quel état retrouverez-vous celle-ci ? Tu l'ignores mais, chaque jours, tu retournes à la surface pour faire le tour de tes terres afin d'observer l'avancer de ces Hommes à tête de loup métallique. L'aigle de fer n'est plus, cette tanière qui vous a abrité tant de temps, ravit par les Hommes, vous dépossédant de tout ce que vous aviez …
« J'avoue ne pas partager ton sentiment à leur encontre mais je peux comprendre qu'ils fascinent. En tant que chasseur j'ai pu croiser des animaux plus fascinant les uns que les autres, leur intelligence changeant, différente selon l'espèce. Les Hommes restent un prédateur que nous n'arrivons toujours pas à cerner et dont on arrive pas à comprendre les motivations. »
Pourquoi se font-ils la guerre ? Question stupide … Pourquoi les meutes se font-ils la guerre ? Pour les territoires et les proies, évidemment mais, pourtant, les Hommes sont capables de créer la vie, d'élever des animaux pour ne jamais manquer de nourriture, ils n'ont pas besoin d'étendre leur terre pour avoir plus de proie alors, quoi ? Bien des facteurs peuvent les motivés et, si il est normal qu'ils chassent ceux de ton espèce cherchant à les piller, tu ne comprends toutefois pas cette envie de vous éradiquer par moment et leur guerre incessante entre eux. Trop d'intelligence engendrait-il de la folie ? Possible car, on ne peut le nier, les Hommes sont fou …
« Puis-je t'accompagner dans cette déambulation ? »