Les jours passent et se ressemblent, les terres que je parcours sont les mêmes depuis que je suis née. Je ne me suis jamais aventurée sur d'autres terrains, bien trop méfiante de rencontrer trop congénères pouvant être agressifs ou en meute. Je me contente de vivre ici et là, vagabondant sur les terrains connus.

Aujourd'hui c'est jour de chasse, il faut bien que je me nourrisse quoiqu'il arrive. Personne ne le fera pour moi, je suis seule maintenant. Mes pattes embrassent la terre en silence pendant que je guette dans le plus grand des calmes une odeur ou un bruit qui pourrait m'indiquer une proie possible. Lapin, biche, serpent, rongeur... Peu m'importe, je ne suis pas difficile quand il s'agit de remplir mon estomac.

La faim tiraille les estomacs, mais j'y suis plutôt résistance. J'ai fini par m'habituer à ne pas spécialement manger tout les jours et réduire les quantités pour les cas de famine. Ainsi, je ressens beaucoup moins la faim et ses effets. La dernière fois fût un échec, aujourd'hui ne le sera peut-être pas. Je me tapisse dans l'ombre, guettant des proies potentielles. Il y a du bruit, des mouvements, mais pas assez proches pour créer l'effet de surprise. J'attends le bon moment, le moment décisif pour les tuer et les manger. Mon estomac est vide, mais calme, il ne fait pas de bruit. Je suis aplatie sur le sol toujours à l'écoute, camouflée parmi les broussailles. Je crois finalement entendre quelque chose. Il va être temps de bondir sur la potentielle proie, peu importe ce que cela peut être.

Je crois flairer quelque chose et suit la piste, ventre au sol. Je remonte l'odeur et finalement ne trouve qu'un marquage sur un rocher d'un loup déjà passé par ici. Zut, loupé. Je reste à l'affût attendant patiemment que quelque chose passe à proximité.

J'ai eu la chance d'attraper un lapin il y a quelques jours que j'ai pu fractionner sur plusieurs repas. Mais aujourd'hui il est temps de reprendre le cours de la chasse et tenter d'attraper quelque chose. Je sors de ma tanière au petit matin, l'aube se lève à peine et c'est selon moi le meilleur moment de la journée. Je renifle la terre en essayant de pister une odeur, je marche à pas de loups, silencieusement... Je peux marcher des kilomètres pour trouver une proie, la distance m'importe peu tant que je peux me nourir. J'aime chasser, j'aime me balader aux aurores dans une tranquillité totale et sereine. Mes pattes foulent le sol, je fais corps avec elle, je m'empreigne de celle-ci. Je suis prète à bondir à chaque instant si cela s'avère nécessaire.

L'aube se lève à nouveau et j'ouvre les yeux lorsque les premiers rayons du soleil semblent toucher la terre, épousant celle-ci. Je m'étire de tout mon long avant de sortir de ma tanière. Aujourd'hui je vais tenter de chasser plus loin, sortant de mon confort habituel. Je sors et m'élance dans une longue course pour aller plus loin. Mes muscles chauffent et tirent et je sens chacune de mes articulations en action. J'arrivais en territoire inconnu et ralenti le pas, tête basse et ouïe à l'affût. Je gratte un peu le sol de mes griffes, regardant de droite à gauche lentement pour essayer de repérer une proie, prête à bondir en cas de nécessité. Je crois soudain remarquer quelque chose, je m'élance à vive allure dans une course poursuite. Ma tête est basse, tentant de garder les yeux sur ce qui pourraient être la proie potentielle. Je vire à droite, manquant de tomber dans le dérapage, mais me rattrape comme il faut grâce à mes griffes lacérants le sol et la terre. Mes pattes avant donnent l'impulsion et mes pattes arrières elles donnent la force qui me fait bondir droit et loin.

Ma dernière chasse loin de mes terres n'a pas donné grand chose, malheureusement. Il est tard lorsque je décide de chasser aujourd'hui. Je ne m'en sentais pas l'envie ce matin, la fatigue l'important sur la faim. La longue course et la chasse du jour précédent m'ont épuisés et mes muscles me tirent, semblant par moment chauffer encore. Le soleil se couche, laissant place à une Lune resplendissante et illuminant juste comme il faut la forêt dans laquelle je chasse habituellement.

Je reste pour l'instant sur mes vieilles habitudes et élargirais seulement petit à petit mon périmètre de chasse pour ne pas risquer de me faire trop mal à force de temps. Petit à petit mes muscles se dégourdissent au rythme de mes pas foulant la terre et mes griffes rentrant dans le sol. Je ne sais pas quel genre de proies l'ont peut trouver de nuit dans le coin.

Je m'élance doucement, roulant des épaules et truffe basse pour tenter de renifler une piste. J'arrive au pied d'une souche morte et commence à tenter de la pousser, d'abord à l'aide de mes pattes avant en appuyant par coups, puis en poussant avec mon épaule de mon dos de côté. La souche bouge et j'appuie un peu plus fort, espérant y arriver. Au bout de quelques instants, le morceau de bois se déloge et fière de moi, je renifle un peu plus le trou béant qu'il laissa.

Soudainement, une ombre semble passer, je m'élance, sautant par dessus le morceau de bois pour courir à sa poursuite. Mes griffes accrochent la terre pour mieux contrôler mes mouvements, mes muscles chauffés ne tressaillent plus pendant ces quelques instants. Je réussis quelques virages avant de tenter d'attraper avec ma gueule ce que je crois apercevoir se cacher dans l'ombre du bosquet tout prêt.

Malheureusement, je rate la chose et ma gueule claque dans le vide. Tandis pour ce soir, cela sera pour une autre fois.