Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 [Défi | Solo] Un instant à vivre.

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Ven 15 Avr - 18:05


Un instant à vivre.




Allure - Fallujah
Force : 9 - Agilité : 11 - Endurance : 8

Vous avez marché sur une mine. Vous avez entendu le *clic* de déclenchement alors que votre patte s'est posée sur le sol. Vous vous êtes immobilisés. La mine n'explosera que si vous levez la patte. Décrivez ce qui passe dans la tête de votre loup alors qu'il se rend compte qu'il a marché sur une mine. Panique-t-il ? Cherche-t-il un stratagème pour s'en sortir ? S'endort-il là où part-il en courant le plus vite possible ? Sachez que la mine n'explosera pas si votre loup décide de bouger, mais cela, il ne peut pas le savoir.

Lorsque on vivait en groupe, on devait renoncer à une certaine tranquillité ; c'était plus vrai encore si l'on était jeune et encore faible. Un jeune apprenti de cinq mois ne pouvait tout bonnement pas s'aventurer, seul, hors des terres de sa meute pendant des lustres. C'était dangereux, parce que tout loup n'avait pas de bonnes intentions, et que le monde était parsemé de pièges mortels.
Avoir peur ? Il fallait être idiot pour ne pas avoir peur. Se laisser terrassé par la peur ? Il fallait l'être encore plus. Pour rien au monde le jeune loup ne se serait privé de vivre à cause du danger. Il voulait grandir, évoluer, s'améliorer. Devenir plus fort, plus intelligent. Il voulait s'entrainer et connaître le monde. Il observait. Tout ce qu'il pouvait. De temps à autre, il chassait. Entre deux entrainement avec son mentor ou ses camarades, il partait se faire sa propre expérience. comme si le savoir qu'on promettait de lui offrir ne suffisait pas. Comme si ce n'était pas assez. Zèle, ou arrogance ?
La plaine de cendre avait un petit côté effrayant. Peut-être à cause des cadavres de métal immobiles, où des tissus coincés sous les décombres, cherchant désespérément à s'échapper en suivant le vent - vêtements sanglants, étendards lugubres, haillons putrides. Pourtant, il régnait ici un calme étrangement apaisant. Le calme après la tempête ? Un silence de mort. Tout à fait agréable. Seule la cendre s'avérait désagréable sous les pattes du jeune loup, noircissant son poil blanchâtre. Alors, lorsqu'il le pouvait, il escaladait les montagnes d'acier et sautait de monstre en monstre. Il se tenait un instant au sommet d'un char et, la seconde d'après, il mettait tout son poids sur ses postérieurs pour se propulser en haut d'un engin à chenilles éventré. Le temps de se stabiliser pour ne pas aller s'écraser dans la mer grise et sale, et il repartait agilement. Les pattes bien campées sur une créature de fer qu'il n'aurait su identifier, il mesura rapidement la distance qui le préparait du sol ; car les engins suivant étaient bien trop lointains pour qu'un si jeune loup ne les atteignes. Il s’aplatit les griffes crissant contre le métal, tâchant de ne pas glisser. Il bondit. Tout son poids résonna dans ses pattes, d'une agréable douleur, récompense de l'effort. Satisfait, Audric s'ébroua et s'avança dans la plaine. Peut-être faudrait-il songer à regagner le camp.
Clic.
Le jeune loup s’immobilisa, soudainement très droit. Mon fils, prend garde aux anciennes zones de combat. On y trouve pièges et bombes. D'horribles choses qui explosent si tu pose ta patte dessus. Tu mourrais en un instant.
Le loup a un sens tout particulièrement développé ; c'est l'instinct. Cet instinct qui lui permet, contrairement aux hommes, de savoir certaines choses. Et là, Audric Savait. C'était une mine. Une de ses choses qui pouvaient exploser. Il savait. Ne bouge pas. Ne bouge pas, ou c'est la mort. Toutes ses certitudes de force, toute sa fierté s'envolèrent, et il se trouva d'abord bien bête de se retrouver dans une telle situation. Tout étourdit. Un peu sonné. Son cerveau semblait figé. Mais par quoi ?
La terreur. Bouge d'un poil, et tu es mort. C'était terrifiant. Un peur à glacer le sang de la Blessure.
Allait-il mourir ?
Il allait mourir.
Comment ne pas mourir, lorsqu'on avait la patte posée sur une bombe ? Lorsque la moindre respiration trop forte pouvait éparpiller des millions de petits morceaux de loup à des dizaines de mètres ? Audric n'avait pas envie que son corps recouvre la cendre de viscères et de peau sanglantes. Mais comment s'échapper ?
Pas un geste. Ne pas céder à la panique. Rien, pas un mouvement. Respirer lentement. Ne pas paniquer.
Il allait mourir !
Non. Ne pas paniquer. Réfléchir. Garder la tête froide.
Il était certain de voir des centaines de bouts de chaires sanguinolentes couvrir le sol, tout autour de lui. Son imagination lui passait, avec un entrain macabre, le film de sa mort. Brutale. Atrocement douloureuse. Tout son corps se déchirant. Une patte là bas, à droite, près du char éventré. Une autre derrière lui, là où il ne pouvait regarder sous peine d'être réduit à néant. Plus de fourrure. Peut-être des morceaux de sa colonne vertébrale ci et là, tout autour de là où sa patte était posée.
Comment ne pas paniquer ?
Sa tête était soudainement très douloureuse. La fourrure ébouriffée, les yeux exorbités, il devait ressembler à un fou.
Mais un fou en sursit.
Mourir !
Se calmer. Fermer les yeux. Respirer. Faire le vide.
Devant lui, une étendue d'ombre. Il se concentra sur l'image de sa soeur. Sa voix enjouée et douce. Leurs jeux dans la plaine de grenats. Quelque chose d’apaisant, de calme. Une arme contre la mort. Il inspira, expira. Comptant chaque respiration, comme pour s'endormir les nuits d'orage lorsqu'il était petit. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Dix. Vingt. Quarante.
Il ouvrit les yeux ; tout son corps était endolori, crispé. Il craignait de voir ses pattes trembler. Il allait finir par bouger ; personne ne pouvait demeurer des heures immobiles.
Réfléchir. Il referma les yeux. Faire le vide. Plus rien. Plus d'ombre, plus de Koda, plus de mine. Rien. Seulement cette douleur lancinante que lui causaient ses muscles tendus. Elle le gardait sur terre. Empêchait la panique. Il lui fallait ignorer cette épée de Damoclès qui tranchait ses coussinets. Sa présence lui faisait perdre pieds. Et elle pourrait lui faire perdre bien plus que ça. La vie, peut-être ?
Ses pensées filantes le firent rire. La peur pouvait rendre euphorique ; il lui fallut un moment pour se calmer, car l'euphorie comme la terreur rendaient difficile la réflexion. Droit devant lui, une immense barre de fer. Elle formait un repère sûr et immobile, à une distance raisonnable. Audric inspira longuement, fermant encore les yeux. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Dix. Vingt. Quarante.
Il fixait maintenant la barre de fer. Il devait courir. Compter sur l'ancienneté du dispositif. Sur un retard de l'explosion. S'éloigner le plus possible de la mine. Le plus vite possible.
Une véritable fusée.
Il s'élança d'un seul coup, brutalement, appuyant du mieux qu'il pouvait sur ses pattes pour se donner de l'élan. Il bondit, projetant de la cendre tout autour de lui ; filant ventre à terre, il dépassa la fameuse barre de fer sans y prêter attention. Le temps semblait s'être arrêter.
Il franchis un petit tas de débris, sautant le plus haut qu'il le pouvait. La réception fut difficile et douloureuse. Il se releva, tremblant, tout étonné d'être en vie ; et entier. Jetant un dernier regard à l'endroit où il avait failli mourir, Audric fit volte face pour fuir la plaine, le corps endolori, les membres ankylosés, suivant la peur qui ne l'avait pas quitté. Comme si la mine était encore sous ses pattes. Comme s'il pouvait mourir à tout moment.




(c) Tervilles

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