Je me dérobe à mon nouveau statut de mentor pour m'éloigner des terres Navnik. J'ai un grand besoin de changer d'air, ces derniers temps, allez savoir pourquoi. Je n'ai jamais aimé les faibles, mais alors me ficher des louveteaux dans les basques, il n'y avait pas pire idée que celle-là. Pourtant, le premier entraînement s'est bien déroulé. Contrairement à ce que je pensais, les gamins n'ont pas été si mauvais, et se sont même montrés plutôt prometteurs. Ils ont peut-être un avenir, finalement. Mais trêve de tergiversation. J'ai bien d'autres choses en tête que l'entraînement de deux mômes faiblards et stupides, dont l'un est plus arrogant que le Prince et l'autre aussi faible qu'un nouveau né. Je m'approche d'une tanière de bois que je ne connais que trop bien, et j'entends à l'intérieur des mouvements suspects. D'abord à l'affût, je guette l'entrée de la tanière. Mais bientôt l'un des miens en ressort, et je comprends que je n'aurais pas à tuer aujourd'hui.

- C'est dégueulasse ici ...

- J'approuve.

J'attends qu'il tourne la tête et me voit, me régalant de la surprise sur son visage. Peut-être qu'à défaut de l'avoir jamais vu, je pourrais apprendre à le connaître dans un entraînement ?

L'animal immaculé me dévisage de longues secondes, comme cherchant à remettre sur mon visage un nom, une réputation. J'esquisse un sourire sardonique sans le quitter des yeux, le défiant d'oser avoir oublié qui je suis. Mais si rapidement je vois dans ses yeux que ma réputation me précède, sa voix elle, n'a rien de celle d'un trouillard impressionné. Je plisse les yeux en le fixant.

- Je suppose que si tu es là, c'est que tu sais ce qui t'attends si tu croises un loup dans mon genre. Entraînons-nous. Je ne te laisse pas d'autre choix que d'accepter.

Je lui laisse une seconde, rien qu'une, pour s'excuser et s'enfuir très vite. Je lui tourne déjà autour, les dés sont jetés.

- Un loup dans ton genre ? Quel genre ? Moucheron amputé de ses ailes ?

Mais je n'attends pas de réponse. Je bondis vers lui dans un grondement puissant et le percute de toute ma force pour le flanquer à terre. Je l'écrase sous mon poids et roule des muscles pour l'empêcher de se relever durant plusieurs secondes alors que mes griffes lacèrent ses flancs et ses épaules. Mes crocs, eux, cherchent à atteindre sa gorge. Si je ne tuerais pas, rien ne m'empêche de remettre ce garnement à sa place une bonne fois, pour qu'il se rappelle à jamais où se couchent les larbins. Je m'acharne autour de son visage alors que les coups pleuvent sur mon corps musculeux, mais j'encaisse avec rage et ne suis pas décidé à le laisser prendre le dessus ne serait-ce qu'un instant. Vivement, je dégage et m'éloigne d'un pas. Je lui laisse juste le temps de se redresser et repars à l'assaut, le percutant de nouveau d'un violent coup de tête avant de lui mordre l'encolure. Je le traîne en tirant et en reculant, et je le lâche pour mieux fondre sur lui de nouveau. Mes antérieures labourent chaque parcelle de son corps qui me tombe à portée et mes postérieures me permettent un équilibre certain que je n'ai pas l'intention de perdre face à lui. Il a voulu s'entraîner, je vais lui apprendre le sens d'un mot qu'il est loin de connaître aussi bien qu'il semble le croire.

Le blanc s'évertue à prendre le dessus, et je ricane intérieurement d'écraser un Général sous ma force. C'est qu'avec l'autre roussâtre, ce n'est clairement pas le même niveau ... Je m'élance sur lui malgré les premières douleurs qui fusent partout dans mon corps. Je percute son flanc de toute ma masse pour le faire basculer et je plonge mes crocs avec violence dans sa croupe que j'attire brutalement à moi en poussant sur son épaule. Je le retourne au sol, me place au-dessus de lu en une fraction de seconde et plonge mes mâchoires grandes ouvertes vers son visage, vers sa gueule que je capture entre mes crocs pour la fermer dans un claquement de crocs qui résonne à mes oreilles plusieurs secondes après le mouvement. Je le maintiens fermement au sol pendant un long moment, comme pour lui rappeler qui est le chef ici malgré nos rangs réciproques. Je l'écrase longuement avant de me retirer dans un bond brusque, plaquant mes quatre pattes sur son corps pour lui couper le souffle en reprenant mes distances avec lui. Aussitôt, ne lui laissant pas le temps de se relever, je fonds de nouveau sur lui et lui lance un violent coup de tête qui le fait rouler sur le côté. Je profite de son désarroi pour me balancer au-dessus de lui une seconde fois et lui mordre l'échine, alors que ses pattes viennent asséner à mon corps des coups toujours plus violents, faisant perler le sang sur l'extrémité de mes poils immaculés. Je serre la peau de son encolure entre mes crocs jusqu'à la sentir ses déchirer sous leur puissance et lorsque je relâche, la marque de mes mâchoires reste ancrée dans sa peau plusieurs secondes avant que le pli ne se résorbe contre son corps. Je m'élance en arrière, lui tourne autour lentement, le défiant du regard.

Il se relève lentement et me dévisage. Me déteste-t-il ? Quelle immense joie.

- Toujours pas fini de t'amuser à ce que je vois ...

Je ricane et affiche un sourire carnassier face à ce mâle blanc qui pense visiblement tout savoir de moi. Pourquoi cesser de m'amuser quand j'y gagne non seulement en progression mais aussi en pouvoir et en égo ? Je m'élance brutalement en avant, le percute avec une telle violence que son corps se mêle au mien pendant une fraction de seconde avant de voler en arrière, s'étalant dans la poussière. Je n'attends pas qu'il se relève et m'élance pour le frapper d'un violent coup de patte au niveau de la tempe, essayant de le sonner. Il reprend rapidement ses esprits et me flanque un coup de crocs d'une force colossale malgré sa faiblesse et je roule sur le côté pour éviter une autre offensive. Je me redresse vivement, prêt à en découdre une nouvelle fois. Je m'élance brutalement dans sa direction, tous crocs dehors et les yeux rivés à lui. Je cours sur quelques mètres avant que nos corps ne puissent entrer en collision mais je m'écarte à la dernière seconde et avant qu'il n'ait le temps de se remettre de l'effet de surprise, je le percute par le flanc pour l'envoyer roule au sol, mélangeant son pelage immaculé à la poussière sombre des lieux comme pour nous différencier clairement l'un de l'autre. Je gronde d'un plaisir sadique en m'avançant lentement vers lui, les crocs à découvert et le pelage hérissé sur tout le corps. Qu'il se relève, maintenant. Qu'il me montre ce dont il est réellement capable, le Général. Je le toise de haut en bas, le défis du regard et le pousse à se relever vite. Mais les secondes s’effilent et je suis las de cette entrevue qui s'éternise. Alors, sans crier gare, je tourne les talons et m'éloigne du mâle immaculé pour rentrer au camp. Plus tard, notre prochaine rencontre.