5+6-3=8 ► Chasse réussie

Le jeune loup attendit de longues minutes avant de s'élancer. Devant lui, le lapin grignotait un vieux brin d'herbe isolé. Qu'est-ce que le rongeur faisait là, c'était la grande question. Mais le Dragon, malgré ses ambitions de grand chasseur, ne comptait pas cracher sur ce petit tas d'os qui lui fournirait un peu de protéines.
Les cachettes étant trop peu nombreuses, Pandémonium avait trouvé refuge derrière une voiture abandonnée ; il ne tarda plus à bondir hors de sa planque, tous crocs dehors, dans un grondement sauvage.
Le lapin, doté de réflexes bien plus vifs que le Dragon n'aurait pu espérer, esquiva la charge meurtrière d'un bond leste, et se mit à courir à toute vitesse, zigzaguant entre les boîtes de fer et les voitures aux jantes rouillées. Frustré par la facilité avec laquelle le rongeur l'avait dérouté, Pandémonium se jeta à sa poursuite avec ardeur. Il suivait les moindres gestes de sa proie, obliquant en même temps que lui, rasant les voitures et tournant au quart de seconde où il tournait. Il ne pouvait pas gagner en vitesse, à cause des zigzags de sa proie, mais ne perdait pas de terrain ; c'était déjà ça.
La lapin commençait cependant à ralentir : il n'avait trouvé aucune cachette où il aurait pu se protéger du loup affamé et commençait à fatiguer, au même titre que son poursuivant. En effet, Pandémonium commençait à avoir les poumons en feu.
Dans un ultime effort, le jeune loup poussa un peu plus fort sur ses postérieurs, allongea la foulée dans une rare ligne droite, et d'un bond puissant se jeta sur sa proie qu'il ne manqua pas.

7+6-3=10 ► Chasse réussie

Une fois sa première prise dissimulée dans un petit tas de terre, le jeune Dragon se remit en chasse. On n'allait pas l'arrêter sur une lancée aussi prometteuse !
Il pataugea de longues minutes dans la boue et les flaques d'eau qui se trouvaient un peu partout en-dessous de la route jonchée de cadavres de fer. Il fouina ça et là, à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, mais rien d'inerte ne semblait apte à le nourrir.
Un mouvement dans une flaque boueuse cependant, retint son attention : il s'approcha à pas de loup, les yeux rivés sur la surface encore ondulante de la flaque. Qu'est-ce que c'était que ça ?
Il attendit un long moment à côté de cette flaque, un moment si long qu'il crut avoir rêvé. Mais bientôt, deux yeux globuleux de batracien firent surface, et un coassement cocasse sortit de la gorge de la grenouille. D'un bond visqueux, elle sauta hors de l'eau, sur la terre ferme. Pandémonium bondit au même instant, se jetant vers elle ; mais il ne parvint qu'à attraper le vide entre ses mâchoires car la grenouille avait déjà sauté plus loin. Le jeune loup, prit par le jeu, suivit chacun des bonds du batracien, bondissant toujours plus loin, toujours plus habilement. Sa précision augmentait au fur et à mesure de la course-poursuite qui l'amusait follement. Il finit par attraper une patte gluante et ne fit qu'une bouchée du petit être visqueux.

4+6-3=7 ► Chasse ratée

Citation :

Tu chassais quand tu t'es pris la patte dans cette fichue crevasse presque invisible avec toute cette mousse et cette boue. Maintenant, ta patte est bloquée, mais avec un peu d'effort et un peu de temps, ça devrait aller. Sauf que du temps, tu n'en as plus. Tu viens de sentir dans l'air une odeur forte de chien puant. Tente de te sortir de cette situation, en faisant tout pour que le chien ne te voit pas et en espérant qu'il n'y ait pas d'humains avec lui ou pire, que ce ne soit pas un Hellhound...

La grenouille glissait toute seule dans son œsophage, mais le plaisir était de trop courte durée : il lui fallait de la viande, consistante et fraîche. Pandémonium remonta, non sans peine, sur l'autoroute ; il escalada de nombreux blocs de pierre avant de parvenir à remonter sur la route.
Une fois parvenu au sommet de son ascension, le jeune loup remarqua qu'une légère pluie s'était mise à tomber. Le ciel gris et lourd pesait lourdement sur l'horizon, et les nuages noirs n'annonçaient rien de bon. Il devrait se dépêcher s'il voulait éviter de se retrouver trempé jusqu'aux os. Heureusement, un corbeau se posa non loin de lui, sur l'une des voitures rouillées. Le jeune loup, heureux de cette aubaine, s'avança lentement jusqu'à l'oiseau. Malgré tous les efforts mis en oeuvre pour rester discret, le corbac le repéra et d'un coassement moqueur, se nargua de lui en s'envolant. Il se posa à quelques mètres à peine, lançant une provocation ouverte au jeune Dragon.
Attends de voir ce qu'il va t'arriver, oiseau de malheur.
Pandémonium chargea l'oiseau, qui s'envola à nouveau avec une certaine lourdeur, mais échappant sans mal au louvard. Il se posa à nouveau quelques mètres plus loin, dardant son oeil noir et narquois sur son poursuivant. Pandémonium changea donc de stratégie. Il s'avançait mètre par mètre, l'air désintéressé et nonchalant. Seule une flaque de boue le séparait du corbeau lorsqu'il bondit.

Le bond était puissant, mais la trajectoire assez peu précise : les pattes du prédateur avaient légèrement glissé sur l'asphalte, et il avait atterrit presque au beau milieu de la flaque boueuse. Ses crocs étaient parvenus à saisir l'une des rémiges du corbeau, qui parvint à s'extirper au prix d'une de ses plumes de l'emprise du loup. Pandémonium s'apprêtait à bondir de plus belle, mais il s'effondra pitoyablement dans la boue, retenu par une pression si forte au niveau de la patte arrière droite, qu'il était littéralement cloué au sol. En se retournant, le Dragon comprit qu'il s'était bloqué le postérieur dans une crevasse, masqué par cette boue immonde. La pluie commençait à tomber pour de bon, et le jeune loup lâcha un grondement de frustration. Il tenta de bouger sa patte à droite, puis à gauche ; rien ne venait. Il tira, mais l'emprise de la crevasse semblait inflexible.
Le jeune loup lâcha un soupir. Ce n'était pas sa journée.
Et une odeur bien reconnaissable vint achever cette idée reçue : un chien traînait dans les parages. Bordel, il fallait qu'il se sorte de ce merdier ! Pandémonium commença à réellement s'agiter dans tous les sens : ses pattes antérieures glissaient dans la boue, et malgré tous ses efforts, sa patte arrière sortait de cette foutue crevasse centimètre par centimètre. C'était trop long, beaucoup trop long. Et l'odeur du chien se faisait de plus en plus forte. Il n'avait pas assez de temps. Alors, contractant tous ses muscles, Pandémonium tira un peu plus fort, ce qui lui arracha un grognement de douleur mais aussi plusieurs touffes de poils. Ses membres tremblaient sous l'effort fourni.

La silhouette du chien apparut derrière le rideau de pluie. Il s'arrêta, les yeux braqués sur le loup en mauvaise posture. Il s'approcha en trottinant doucement, tête basse, les yeux brillants. Pandémonium gronda de toute la force de ses cordes vocales ; cela sembla intimider quelque peu le cabot, qui s'arrêta à nouveau. Mais le chien, malgré les menaces du Dragon coincé, comprit rapidement la situation en effectuant de grands cercles autour de lui. Ses cercles étaient de plus en plus rapprochés, il n'allait pas tarder à attaquer. Pandémonium avait cessé de gronder, il attendait l'offensive, tranquille.
Lorsque le chien bondit, Pandémonium était prêt : il se vautra sur le flanc et accrocha solidement ses mâchoires au chien qui passa par-dessus lui, entraînant le louvard dans une roulade qui lui tordit la patte, lui arrachant un gémissement de douleur. Cependant, Pandémonium était libre, désormais. Dépourvu de poils à la patte arrière gauche, mais libre. Le pelage du jeune loup doubla immédiatement de volume, et le chien sembla hésiter ; il était squelettique, et s'en prendre à un loup en pleine possession de ses moyens semblait être plus compliqué que d'attaquer un loup immobilisé.
Le clébard recula prudemment, avant de faire demi-tour et de repartir en trottinant, non sans jeter quelques coups d'oeil par-dessus son épaule.