Le jeune loup brun était parti faire un tour d’exploration. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas accordé un moment pour lui. Il était parti vers les Usines âcres, il n’était pas très loin, dans les fourrés qui se trouvaient aux alentours. C’est alors qu’il sentit une odeur étrange, une piste. Il sentit le sol, comme pour tenter de saisir qui avait pu passer par là. C’est alors qu’il comprit qu’il s’agissait d’un loup, mâle. Mais une chose était extrêmement étrange sur son odeur. Il semblait appartenir à un groupe de loup, mais aucune des trois meutes n’était identifiable ici. Pourtant, il ne pouvait pas en appartenir à une autre... Le nouvel Alpha Sekmet plissa légèrement les yeux. Il avait déjà senti une odeur telle que celle si, sans être celle d’une meute, ni celle d’un solitaire, une chose différente des deux. Il l’avait déjà sentie sur quelqu’un d’autre. Intrigué, Athos suivit la piste, jusqu’aux abords de l’Usine. Athos écarquilla les yeux. Non... Il ne serait pas entré là-dedans ! Le jeune loup brun se plaqua au sol, invisible dans les broussailles. C’était l’un des meilleurs chasseurs de toute la meute, il était passé maitre dans l’art de se cacher des proies, ou des hommes. Le jeune loup s’assura qu’il ne risquait rien à se découvrir, puis continua sa course jusqu’à l’usine. A l’entrée de celle-ci se trouvait un gros tas de cendres, dûes à l’explosion. Elle était toute retournée. Athos la toucha du bout de la patte et la renifla. Idéale pour se camoufler. L’autre loup était passé par là. Peut-être était il en danger en ce moment même. Athos, prit par l’urgence, commença à chercher l’autre loup, à moitié tapi sur le sol, pour passer inaperçue. Il était inutile pour lui de se couvrir de suie, il ne comptait pas du tout rester là dedans. Celui qui s’était roulé dans la cendre comptait rester dans l’usine pendant un moment. Mais avait-il conscience que les Hellhound étaient non loin !! Athos continua sa route, cherchant l’autre loup. Ses yeux bleu-corbeau comme la nuit ne reflétaient aucune lumière, et son pelage brun l’avantageaient dans ce milieu. Il entendit alors du bruit, un bruit brusque, sourd, comme si quelqu’un venait de bouger sans vraiment avoir réfléchi avant d’agir, dans l’urgence. Athos vit un loup le tirer et le plaquer au sol. Vivement, Athos se dégagea de l’emprise, sans agressivité néanmoins, car il avait senti que l’autre ne lui voulait aucun mal. C’était bien lui, le mâle qu’Athos avait pisté. Malgré la suie, Athos parvenait à discerner cette odeur caractéristique. Il comptait bien lui demander l’origine de tout ceci.



Athos fut très étonné des yeux qu’arboraient alors le loup noir, qui était légèrement plus petit qu’Athos. Ils étaient effrayés. Pas de voir un autre loup, non, mais effrayés pour cet autre loup qui avait pénétré ici alors même que les dangers étaient si nombreux. De sa voix basse mais saccadée, l’autre murmura :

- Silence....


Il était sérieux ? Silence, avec bruit qu’il avait fait en lui sautant dessus ? Cependant , Athos ne comprit pas pourquoi l’autre avait l’air si soucieux, que venait-il faire ici ?


- Qu'est-ce qu'un loup de meute fais dans le coin... C'est du suicide.


Encore étonné, Athos plongea son regard bleu-nuit dans ceux bleu-ciel de l’autre loup. L’odeur, encore cette odeur ! Et pourquoi se souciait-il de lui ? Ils vivaient aujourd’hui dans un monde où les valeurs étaient bien rares. Athos se sentait bien seul à les avoir d’ailleurs. A part peut-être Ebène, personne ne croyaient encore en ces idéaux du nouvel Alpha Sekmet. Et c’était cela qu’il comptait changer. Athos était venu ici d’abord par curiosité, puis, en sentant un danger pour le loup qu’il avait pisté. Un loup à l’odeur bien étrange. Sur un ton plus assuré et calme, mais tout aussi bas, Athos lança à son nouveau compagnon d’infortune :


« Toi, que fais-tu ici ! Les Hell trainent partout dans le coin, oui, tu as raison, c'est du suicide d'être ici, autant pour toi que pour moi mais j’ai suivi ton odeur jusqu’au tas de cendres, c’est pour ça que je suis ici ! Que cherches tu ici, et puis, qui es-tu pour venir trainer jusqu’à l’endroit où un éternuement fait effondrer un plafond ? ! »

Le jeune loup noir semblait prendre Athos pour un bleu. C’était peut-être dû au fait qu’Athos n’était pas plus âgé que lui, qu’ils semblaient tout deux être de beaux et jeunes loups qui ont désormais l’âge de faire leurs preuves. Cela aurait été vrai pour tout autre Athos, qui dès son enfance s’était entraîné plus dur qu’aucun autre pour devenir LE meilleur chasseur, puis le meilleur général, et enfin le meilleur Alpha. Athos joua alors le jeu. Peut-être que l’autre se méfierait de sa position d’Alpha. De toute manière, Athos ne trouva pas sur le moment utile de préciser qu’il n’était pas ce novice que le loup noir voyait. Athos n’était pas un vantard. Il n’avait jamais étalé ses capacités de chasseur, ni ensuite de Général, et il ne le ferait pas plus maintenant qu’il était Alpha des Sekmet.

Cette odeur sur Kobalt...


Et puis, Athos était un loup aux multiples centres d’intérêt, et il fallait dire que la recherche en faisait partie. C’était un très grand curieux, qui s’émerveillait devant chaque chose, qui en comprenait d’ailleurs très souvent l’utilité. Une fois, dans cette chapelle étrange aux vitraux explosés en de multiples cristaux brillants de mille feux, le jeune loup avait pu découvrir l’intérieur de ce lieu humain. Il avait été émerveillé d’abord par tant de beauté, la lumière de toutes les couleurs se reflétait sur les parois de l’édifice. Athos avait contemplé ces choses, et avait compris tout de suite d’où cette lumière venait. Les cristaux. C’était eux qui pouvaient transformer le soleil en arc-en-ciel de couleur sur les murs du bâtiment humain. C’était d’ailleurs ici qu’Athos avait fait sa première rencontre Esobek, l’alpha nommé Freux. Si Athos aurait pu ne pas avoir de ressentiment envers lui, car le loup était quelqu’un d’intéressé, comme lui, aux lieux humains, l’Esobek n’avait été qu’un piètre interlocuteur, qui était incapable de reconnaitre d’ailleurs à quel point sa meute était faible, meute de protagonistes pacifistes et étrangement sereins à chaque instant de leur vie. Athos n’aurait pu rester ainsi, il avait besoin d’action, de challenge. Oui surtout de challenge. Combien de fois s’était-il fixé des objectifs presque impossibles à atteindre ? Il n’aurait su les compter.

Ce nouveau challenge était à sa hauteur, et Athos regardait de son regard profond le loup tapit dans l’obscurité de l’usine à demie effondrée. Il ne lui fallut pas plus d’une fraction de seconde et un sourire presque sadique pour accepter la proposition du loup noir en face de lui. Oui, ils allaient rechercher quelque chose ici. Athos avait compris ce que l’autre faisait ici. Certainement cherchait-il des objets humains laissés ici. C’était fort possible. Athos ne pouvait qu’en profiter.
Sans un bruit, il retourna sur se s pas en plantant le loup noir derrière lui qui le regarda bizarrement. Athos repartait vers la porte d’entrée de l’usine par laquelle l’Alpha Sekmet avait pénétré. On aurait pu croire qu’il allait partir, s’il ne s’était pas fait aussi discret qu’une souris. Athos disparut derrière une grosse caisse en métal, si bien que l’autre loup ne le voyait plus. Car Athos était très observateur, il avait remarqué ce tas de cendres qui se trouvait à cet endroit. Doucement, il se mit se plongea dans la cendre et s’y roula très délicatement, sans faire aucun bruit, si bien que l’autre loup aurait très bien pu se demander ou l’autre était passé. La cendre était bien plus noire que la suie qui était assez grise. Ainsi, non seulement son odeur était camouflée, mais son apparence aussi, puisqu’il n’était pas noir comme l’autre qui attendait toujours là bas. Derrière le bloc de métal ressurgit un loup presque invisible dans l’obscurité de la nuit : Athos était devenu aussi noir que l’autre loup. A pas de loup, l’alpha rejoignit son nouvel acolyte. Il était prêt. En quelques secondes, Athos se retrouvait en face de Kobalt, les genoux à demi pliés pour ne pas dépasser des caisses environnantes.


Il était prêt.


L’autre était trop inexpérimenté pour les guider. Athos savait faire. Il avait fait plusieurs fois des multiples excursions au sein même du village des Hommes, sans une égragniture. Il connaissait parfaitement les Hommes, leur façon de faire, mais aussi leurs chiens. En espérant ne pas tomber néanmoins sur ces foutus Hellhound, plus bêtes que leur pattes, mais plus dangereux du fait de leur bombe sur le dos. Sauf si... Sauf si lui et Kobalt en trouvaient un et réussissaient à lui extraire la bombe ou simplement le tuer et le tirer. Il maitrisait la situation. En tant que Général, il avait fait de nombreuses excursions périlleuses. Il commença alors à se faufiler entre les caisses et à chercher en faisant signe à Kobalt de rester discret et de le suivre... Ce qu’il pourrait bien trouver ? Des objets utiles...comme de terribles chiens.

Athos avait une idée bien en tête. Il était déjà venu ici, avant que l’Usine n’explose et s’effondre, avant aussi que les Hell ne débarquent. Le coeur de l’Usine, c’était là où les Humains entreposaient des choses avant. C’était là où ils pourraient trouver des objets interréssants. Les choses avaient vraiment changé depuis l’explosion, mais peut-être Athos pourrait trouver à peu près cet endroit... Là, ils n’étaient que dans les locaux vers les longs corridors, Athos se repérait pour l’instant. Mais l’usine avait complètement implosé. Cela allait être difficile de se retrouver.

Athos commença ses recherches, d'un pas furtif, tel un serpent, il se faufilait entre les grosses caisses à moitié écrasées pour celles en métal, ou complètement explosées pour celles en bois. Athos essayait de se repérer dans les corridors. Ils avaient tant changé que se repérer était une tâche des plus difficiles. Cependant les humains faisaient souvent des marques au sol pour ne pas se perdre dans ce dédale énorme qu'était l'usine. Le béton qui formait le sol avait assez conservé ces traces. Le jeune loup essuya un peu de poussière par terre qui laisse apparaître une sorte de flèche jaune peinte au sol. Athos fronça les sourcils. Il connaissait cela. Mais la flèche menait, il lui semblait, vers la salle de contrôle des grosses machines, pas vers l'entrepôt du coeur de l'usine qui intéressait tant le jeune loup. Kobalt, derrière lui, alors que l'autre loup réfléchissait, indiqua à Athos des couloirs à moitié dissimulés par les effondrements. Athos remarqua au sol une porte enfoncée et rouge. C'était celle là. Athos hocha de la tête vers Kobalt pour lui dire que c'était effectivement cette direction et lui fit signe de le suivre. Il ne fallait pas faire le moindre bruit. En espérant que personne ne serait dans l'ancien entrepôt de l'usine....

Athos sourit, un sourire sarcastique, tellement ironique que le loup s'en riait de lui même.  Un homme était arrivé. Petit, mince, frêle, avec une arme néanmoins mais qui n'était, seul, pas la plus grande des menaces. Son frère était incroyablement ... absent. Il était incapable de se rendre compte si il y avait effectivement quelque chose dans ces ruines ou non. Hésitant; trouillard, il lança des appels humains pour savoir s'il s'agissait d'un des siens.  Non mon gars. Tu étais seul face au grand méchant loup. L'homme à masque étrange fit un demi tour sur lui même, il porta rapidement la main à sa ceinture. Malgré son apparence fragile et son comportement pour le moins froussard, il restait un Homme de l'enfer capable de contrôler les chiens pièges. Athos resta calme.  Plus un geste, plus une respiration. D'un coup d'oeil, il fit comprendre à Kobalt, jeune loup plus inexpérimenté, de faire la même chose. Ils avaient le choix. Laisser le bébé courir dans les mamelle de sa mère, apeuré, et aller chercher son chien et du renfort, pendant que Kobalt et Athos fuieraient  ou alors le tuer maintenant. Plusieurs problèmes.  Si ils le laissaient partir, l'homme ramènerait des Hommes plus courageux et des chiens qui pisteront les loups et dans les pires des cas arriveront alors à trouver les refuges des loups ce qui était inadmissible.  Cependant si l'alpha tuait l'homme et que les chiens de l'enfer trouvaient sa trace ...

Athos eut alors une idée.  Mais oui le sang ! La chaîne qu'Athos avait trouvée était pleine de sang de chien. Chien du village des Hommes ou chiens Hellhound en cours de dressage ? Peu lui important. Le tout était de  maintenir des soupçons sur quelqu'un d'autre.  Et aussi de récupérer l'arme sur lui... un bien pour lequel Athos aurait une arme de poids pour soumettre Astaroth à ses plans... Le tuer. Sa décision était prise.  Avec la suie, les chiens ne pourraient jamais deviner qui était l'auteur réel de l'assassinat de l'humain. Et avec la chaîne, Athos éparpillerait l'odeur du sang du chien, qui serait alors un bouc émissaire idéal. ..

Athos fit signe à Kobalt qu'il fallait distraire l'homme, pendant qu'Athis le prendrait à revers et lui sauterait à la gorge.  Autour de l'homme se trouvait d'énormes ... boîtes, des espèces de tonneaux. Athos commença à mettre le sang de la chaîne autour de leur cachette. Doucement, sans faire aucun bruit. Puis, il fit signe à Kobalt d'y aller, pendant que lui même se mit sur le promontoire, dissimulé dans l'ombre, s'apprêtait à sauter à la gorge de l'humain et le térasser...

Voilà. C'était fait. Le jeune humain au masque étrange était mort. Athos lui avait sauté à la gorge et l'avait saisi à la chair se situant juste en dessous du masque, qui par chance était dégagée grâce au choc. Athos était sur l'humain et le regardait toujours, alors que Kobalt commençait déjà à chercher autour avant de s en aller. Il est vrai qu'il ne fallait pas traîner. Dans peu de temps, d'autres arriveront. La cendre permettra de cacher leur odeur, mais l'humain trait mort. Mort, et pourtant il restait un danger, car bientôt ses partenaires le rechercheraient. Il fallait faire vite. Athos sauta du corps de l'humain et regarda autour de lui. Des cabas, des blocs contenant des choses inutiles pour eux, loups. Alors Athos partit derrière les grandes masses noires; ces grands bidons contenant on ne sait quoi. Ces humains avaient une de ces manies de stocker tout et n'importe quoi!


Athos commença donc à fouiller. S'il ne trouvait rien; il repartirait avec Kobalt.