Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
How does the earth around your feet Just slip away?
Koschei avait, plus que jamais, besoin de devenir plus fort, et certains de ses mercenaires en avaient encore plus besoin que lui. C’est pourquoi le Leader avait donné rendez-vous à Eredor, un chien-loup avec qui il n’avait pas encore eu le plaisir de faire plus ample connaissance, dans la Ville en Ruines, pour un entraînement qui leur serait bénéfique à eux deux. S’il avait choisi Eredor en particulier, c’est que celui-ci était un maillon faible chez les Mercenaires et que Koschei ne pouvait pas se permettre d’en avoir s’il voulait que son organisation survive à la guerre.
Ainsi le Leader attendait-il patiemment son employé, juché sur le toit d’un building. S’entraîner ici serait dangereux, car après tout l’un d’entre eux pourrait facilement tomber, mais cela ne rendait la chose que plus excitante et il espérait de tout coeur qu’Eredor rejoigne son point de vue. C’aurait été dommage que le chien-loup ait le vertige ...
"Faible", voilà comment il était perçu par son Leader, Eredor s'en excusait, après tout lui n'avait pas besoin de ses muscles pour survivre, contrairement à la plupart des loups qui l'entouraient, lui il avait un cerveau... Mais bon il n'allait pas refuser l'invitation de son supérieur, ceci aurait été des plus malpolis et il n'était pas comme ça, oh que non. Le chien loup était alors en train de se rendre sur le lieu de rendez-vous, au loin il apercevait déjà Koschei en hauteur sur le toit d'un bulding, oh que c'était génial il n'avait qu'une envie c'était de le rejoindre... Ironie, ironie... Que fais-tu. Dressant cependant ses oreilles pour paraitre sûr de lui comme il avait l'habitude de faire il observait les alentours avant de sauter sur un muret et de se hisser à la hauteur de son Leader qu'il saluait suite à cela d'un signe de tête.
- Bien, que m'avez vous concocté aujourd'hui mon Leader ?
Dans son regard se lisait une légère lueur malicieuse, après tout il n'avait pas peur de ce grand loup, seul le respect était présent ce qui faisait qu'il restait au sein de ce groupe assez spécifique au fond. Il attendait donc de voir ce que comptait faire le loup noir, sans doute allaient-ils se battre pour faire progresser leurs muscles et tout ce qui allait avec... Ce n'était pas une chose qu'Eredor appréciait grandement mais aujourd'hui il n'avait pas le choix, il allait devoir se battre parce que le chef l'avait décidé et quand le chef dit quelque chose, on l'écoute et on ferme sa gueule et aujourd'hui c'était ce qu'il faisait.
How does the earth around your feet Just slip away?
Koschei aperçut Eredor en contrebas qui s’approchait pour le rejoindre et le Leader attendit patiemment que son Mercenaire grimpe le retrouver. Une fois celui-ci arrivé, Koschei l’accueillit avec un signe de tête et un léger sourire, avant que le chien-loup ne prenne la parole :
“Bien, que m'avez vous concocté aujourd'hui mon Leader ?”
Koschei scruta le regard de son Mercenaire. Celui-ci n’était visiblement pas des plus enjoués d’être là, mais il avait quand même obéi aux ordres de son Leader. Il avait cette lueur dans le regard, celle de celui qui ne tape pas avant de poser des questions, qui réfléchit avant de foncer dans le tas, mais peu importe à quel point il fut intelligent et rusé, ce n’était pas ça qui allait le sauver une fois qu’il se retrouverait encerclé par des Hellhounds.
Le Leader se releva et se rapprocha du Mercenaire.
“Un entraînement basique, on se tape dessus jusqu’à ce que l’un de nous ne sache plus se relever, mais d’abord ...”
L’éclair d’un sourire malicieux passa sur son visage juste avant qu’il ne pousse Eredor sur le côté, en se retenant pour ne pas envoyer celui-ci au sol.
“Il va falloir me rattraper !”
Koschei démarra alors au quart de tour et se mit à courir jusqu’au bord du toit, d’où il sauta sur un building adjacent, et continua son sprint sur une dizaine de mètres avant de freiner et de faire volte-face pour voir si Eredor le suivait.
Eredor écoutait attentivement son chef, c'était d'ailleurs une belle première pour ce chien loup qui avait plutôt l'habitude de n'en faire qu'à sa tête. Et alors qu'il s'attendait à ce que le noir lui bondisse dessus celui-ci l'avait bousculé avant de l'inviter à le rattraper. Reprenant son équilibre pour éviter de se ramasser Eredor regardait le noir qui s'éloignait de plus en plus, sautant alors lui aussi de sa hauteur il s'élançait derrière le Leader. Le loup noir était beaucoup plus rapide que le brun mais il maintenait sa course tentant d'user du terrain pour pouvoir l'atteindre. C'est-alors que lui était venu cette idée de laisser au loup noir de l'avance pour pouvoir "deviner" l'endroit où il allait passer. Tandis que le chef prenait un chemin Eredor visualisait l'endroit où celui-ci se terminait, il coupait alors suite à cela par la forêt prenant donc un "raccourcis" pour arriver avec Koschei et le surprendre une fois sur place, en même temps il ne pouvait user que de sa ruse puisqu'il n'était pas dans la capacité de le rattraper autrement.
- Ceci devrait le faire.
Il avait alors agrandit un terrier de blaireau pour s'y faufiler correctement et se rouler dans les reste de poils que celui-ci avait laissé pour son nid. Le but était bien de masquer sa présence dans les lieux pour éviter d'être repéré. Une fois l'odeur "cachée" le jeune brun se planquait sur une légère hauteur où il pouvait voir si son Leader arrivait ou non sur place, si c'était le cas il allait avoir une belle surprise puisque le Mercenaire allait lui bondir dessus. Il avait en effet l'avantage d'avoir été un loup "errant" autre fois puisque sa connaissance des lieux était un énorme atout dans ce genre d'entrainement, contrairement à son physique qui pouvait-être comparable à la force d'une jeune louve, ce n'était pas très valorisant mais il ne fallait pas se voiler la face.
How does the earth around your feet Just slip away?
Voyant Eredor qui s’élançait à sa suite, le Leader repartit de plus belle. Il traversa le toit du bâtiment pour arriver à une vieille cage d’escaliers de secours et descendit ceux-ci à pleine vitesse. Une dizaine de volées de marches se suivirent avant que les escaliers n’arrivent à leur fin et soient remplacés par une échelle. De là, Koschei sauta à terre et continua de courir à pleine vitesse à travers les rues. Un coup d’oeil derrière lui lui affirma qu’Eredor ne le suivait pas, mais son museau en ressentait toujours l’odeur forte, indiquant donc qu’il était proche. Le chien-loup s’était sûrement mis en tête de couper son Leader, mais celui-ci allait s’assurer que cela n’arrive pas.
Continuant sa course et commençant à haleter, Koschei suivit une rue délabrée jusqu’à la sortie de la ville, d’où il aurait une meilleure vision de ce qui l’entourait. Il commença à jeter des coups d’oeil en toutes directions pour essayer d’apercevoir Eredor, mais rien, et son odeur disparu brusquement. L’avait-il devancé ? Le Leader ralentit un peu et s’embarqua dans un détour dans les environs de la ville avant de revenir vers celle-ci en reprenant de la vitesse.
Mais alors qu’il s’apprêtait à fouler de nouveau le bitume, quelque chose le percuta violemment et l’envoya rouler au sol, le souffle coupé. Koschei tourna plusieurs fois sur lui-même avant d’être arrêté par une voiture renversée contre laquelle il buta. Bondissant sur ses pattes, il vit la gueule d’Eredor tout près de lui et se prit à sourire. Malin, le chien, il avait réussi à prévoir son itinéraire et avait pensé à couvrir son odeur pour le surprendre. Ce n’était pas pour autant que le Leader allait retenir ses coups. Celui-ci se jeta sur le chien-loup sans lui laisser beaucoup de marge de manœuvre et visa directement le bas de son encolure, dans laquelle il comptait bien planter ses crocs.