Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Allez... Encore quelques centimètres... Avance encore un peu tes petites pattes... Fais-toi un chemin parmi les pierres... Rampe parmi elles... Roule sans en faire rouler... Le pelage blanc de Clélia n'était plus: il était devenu poussière, il n'était plus que saleté. Il était ébouriffé et en si piteux état que quiconque se serait désespéré à l'idée de le nettoyer. La queue de la petite n'était pas en meilleur état, en tant qu'extrémité du corps elle était peut-être même pire. Mais Clélia s'en fichait. Elle couvrait des yeux son seul objectif: la sortie. Allez... encore un peu... Tu y es presque ! À toi la liberté... La vie sauvage, celle des vrais loups ! La petite louve rampait. Elle se trainait dans la poussière, ignorant les petits cailloux qui lui déchiraient la peau du ventre, ignorant les poussières qui s'infiltraient dans ses yeux. Son corps chétif se trainant sur le sol donnait une piètre image d'elle: on aurait dit un loup mourant, essayant de se trainer jusqu'à un coin protégé dans un dernier accès de force. Mais Clélia, elle, sortait de cet endroit sûr, celui qui l'avait vu naître, celui où elle était reclue depuis sa naissance prématurée, celui où sa mère, Atom, la retenait prisonnière et la traitait comme une princesse coincée dans sa tour d'ivoire. Mais il n'existait aucun dragon, et il suffisait de faire quelques bons pour s'échapper. C'était l'objectif de Clélia qui, dans un souci de discrétion, avait choisi de ramper plutôt que de bondir. La limite était là, à quelques centimètres de ses yeux seulement, encore moins de ses pattes, qu'elle avait étendu devant elle pour mieux se tirer. Elle y était ! La sortie était là et lui tendait ses pattes de lumière !
« Clélia ! » L'interpelée tressaillit et se figea. Elle essaya de s'aplatir encore plus qu'elle ne l'était déjà. Sa silhouette chétive lui donnait l'air d'un animal écrasé. Elle était en piteux état; sa naissance lui avait laissé des traces indélébiles. Son mental, néanmoins, n'était pas en reste: mais celui-ci ne pouvait s'évaluer à vue d’œil. Un instant, le silence se fit. Clélia, dans sa naïveté de toute nouvelle-née, pensa qu'elle ne s'était pas fait prendre, qu'elle allait pouvoir recommencer à se trainer jusqu'à sa liberté. Elle se trompait bien évidemment; de gros yeux, derrière elle, la fixaient et ne la lâcheraient plus. C'était fini pour aujourd'hui. La prochaine fois !
« Oui, maman.. ? » Pas besoin de se retourner: elle savait qui étaient ces yeux qui s'étaient posés sur elle. Elle sentait la présence de sa mère derrière elle, elle reconnaissait son odeur, son aura, ce lien indestructible qui les rendait une. Elle ne se retourna pas. Elle se préparait.
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 3 Avr - 14:12
Pas un geste !
ft. clélia
F. 22 A. 22 E. 38
Elle est trop petite, elle n'a qu'un mois, elle devrait même en avoir moins ... Elle ne peut pas sortir, elle ne doit pas. Je ne veux pas la perdre, je ne veux pas qu'elle s'éloigne, je ne veux pas qu'elle suive les traces de ses aînés. Elle est différente, elle elle grandira avec moi. Elle je l'éduquerai moi-même, elle je l'aimerai. Mais pour le moment elle ne doit pas sortir, jamais. Je dois attendre qu'elle soit assez forte pour faire le voyage puis nous partirons de cette meute qui fût mienne. Elle est ma création mais n'en a plus le goût, plus l'odeur. Elle n'est pas la meute dans laquelle j'avais mit tant d'amour. Elle est devenue comme les deux autres, ce n'est jamais ce que j'ai voulu ... Je voulais qu'elle soit différente et pourtant elle est comme toutes les autres.
« Tu sais que tu ne dois pas sortir chérie ... Je t'ai dit que dans quelques jours nous voyagerons toutes les deux, mais pas encore. Je sais que ce n'est pas drôle mais je te promets que bientôt on pourra découvrir le monde ensemble ! »
Je sais déjà où nous irons: sur l'autoroute, là où j'ai passé toutes ces heures quand j'étais plus jeune. L'endroit est surélevé et les choses humaines nous protégeront du vent et des larmes en tout genre. Quand nous sommes à l'intérieur les ennemis ne peuvent nous sentir, j'en conclus qu'il en est de même pour les chiens et les Hellhound, et il est évident que c'est pareil pour les humains. Ces derniers ne sont plus vraiment un danger.
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 3 Avr - 15:38
Force: 3/100 Agilité: 8/100 Endurance: 9/100
La voix si douce de sa mère se glissa jusqu'à ses oreilles blanches et chétives, et elle se sentit tout à coup rassurée, en sécurité, et l'envie de s'en aller s'échappa aussitôt de son esprit. Elle se redressa alors, délaissant la position aplatie, et se retourna, faisant face à Atom. Celle-ci était une belle louve; elle était blanche, comme sa petite, et elle avait fière allure -contrairement à sa petite. Elle était un modèle pour Clélia, qui sentait un amour et une admiration sans faille pour sa génitrice. L'idée de sortir de leur repère s'en était allée, oubliée comme si jamais elle n'avait frôlé son esprit, et Clélia trottinait maintenant en direction d'Atom, les oreilles et la queue pointant vers le ciel, l'air curieux. Elle avait toujours ce regard rêveur et excité quand sa maman lui parlait de ce voyage qu'elles allaient effectuer toutes les deux, juste elles ! Elle ne comprenait pas vraiment quel en était le but, ce que ça allait vouloir dire, ce qu'il en serait des autres de la meute... Mais elle était impatiente de se lancer dans cette aventure avec sa mère. Quelle chance elle avait ! Elle savait que peu de louveteaux aussi jeunes qu'elle avait eu l'opportunité de vivre une aventure comme celle-ci avant elle; et elle en était fière ! Elle avait hâte de faire face au monde.
« Mais maman, quand partirons-nous ? Est-ce que le soleil sera levé, ou est-ce que ce sera la lune ? Et où irons-nous ? Nous verrons d'autres loups ? [...] » Un monticule de questions s'amassa dans l'espace exigu entre la mère et sa fille. Clélia, en posant la dernière, avait déjà sûrement oublié la première... Mais elle espérait que sa mère avait meilleure mémoire ! Elle se rapprocha encore d'elle jusqu'à se fourrer entre ses grosses pattes, se frottant contre l'épais pelage d'Atom et battant de la queue. Puis elle releva sa gueule de petit ange vers celle de sa mère, et murmura du haut de toute sa naïveté : « Maman, on vivra toujours ensemble, n'est-ce pas ? » Clélia envisageait mal une vie sans la présence de sa mère. À ce jour, d'ailleurs, la vie ne rimait qu'à ça: se réveiller et s'endormir contre Atom, et ne vivre qu'à travers elle.
Elle ne connaissait pas encore les difficultés et les dangers du monde. Elle avait frôlé la mort, pourtant, en naissant prématurément: mais qu'en savait-elle, elle, petite louve qui venait d'arriver dans ce monde ? Lui semblait-il anormal d'être si petite, si chétive ? Elle ne se sentait pas faible, elle ne ressentait qu'une constante excitation, une impatience continue de découvrir la vie, sans se douter le moins du monde de ce qui l'attendait derrière les murs de cette chapelle...
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 3 Avr - 18:30
Pas un geste !
ft. clélia
F. 22 A. 22 E. 38
« Mais maman, quand partirons-nous ? Est-ce que le soleil sera levé, ou est-ce que ce sera la lune ? Et où irons-nous ? Nous verrons d'autres loups ? [...] Maman, on vivra toujours ensemble, n'est-ce pas ? »
La petite est un vrai moulin à parole, mais c'est quelque chose que j'admire chez elle, entre autres ... La vie ne lui a fait aucun cadeau, mais pourtant elle n'en a jamais tenu compte. Elle se bat depuis sa naissance et continuera toujours de se battre. Elle a une force de caractère rare pour son jeune âge, elle doit à tout prix la garder. Elle ferra bien des rencontres, qui lui feront vivre bien des choses ... Elle changera aussi, tant physiquement mais mentalement. Mais ça ... Ça ça ne doit pas changer.
« On part dans quelques semaines Clélia, c'est promis. Je dois encore régler quelques choses. Lorsque nous partirons, le ciel sera orange ou rose, le soleil sera en train de se lever ... Tu pourras l'admirer changer lorsque nous marcherons. On ira là où sont nés Zéphyr et Zrael, loin d'ici. Tu pourras te faire plein de nouveaux amis, tu seras heureuse là-bas ! »
Nous n'aurons plus jamais à nous soucier de ces meutes et de cette diplomatie, plus jamais nous ne nous inquiéterons pour quoi que ce soit. Plus jamais je n'aurai à craindre pour la vie de mes si chers enfants.
« On restera toujours ensemble Clélia, quoi qu'il arrive, je te le promets. »
J'espère ne pas mentir. Je ne veux pas connaître une nouvelle fois la perte d'un enfant et je ne veux pas non plus qu'elle connaisse la perte d'une mère. J'ai vécu sans parents, elle vivra déjà sans père ... Je ne veux pas non plus qu'elle vive sans mère. La mort ne m'effraie pas, la perspective de la voir malheureuse, si.
« Sache que tu pourras toujours compter sur ta famille, Clélia. »
Clélia resta lovée entre les pattes de sa mère. De ses prunelles dorées, elle fixait la sortie de la chapelle, ce trou de lumière qui l'attirait tout en la terrorisant. Elle ne voyait que ces filets de lumière blanche, elle ne pouvait rien deviner de ce qui se trouvait dehors. La nuit, la lumière disparaissait et laissait place à la pénombre; mais cette obscurité ne faisait pas peur aux loups, et avant de s'endormir, Clélia fixait toujours les quelques étoiles qu'elle pouvait apercevoir briller, là-bas si loin... Et pendant qu'elle observait l'entrée de lumière, la petite louve écoutait sa mère parler. Elle buvait ses paroles, et chacun de ses mots se transformait en une image inventée dans son esprit: elle essayait de deviner ce qui l'attendait, d'imaginer les paysages et les loups qu'elle verrait, et elle se voyait elle, aux côtés de sa mère, parcourant des milliers de kilomètres sans jamais cesser de parler et de rire. Elle voyait ce lever de soleil qu'Atom lui décrivait, elle dessinait le dégradé de couleurs orangées et rosées qui décorerait le ciel, elle voyait les silhouettes de leurs futurs amis se découpant à l'horizon. « Tu seras heureuse là-bas ! » Ces mots résonnaient dans la tête de Clélia. Elle ne leur donnait pas vraiment de sens: elle se sentait déjà heureuse, cette joie constante à laquelle goûte chaque louveteau avant de se confronter à la vie et de perdre peu à peu ce sentiment. Le but devient alors de le retrouver; peu y parviennent. Atom semblait courir après un nouveau bonheur; Clélia, elle, née dans cet environnement, ne connaissait que celui-ci et n'imaginait pas qu'une autre vie était possible. Clélia battit un peu plus vite de la queue lorsque sa mère lui promit qu'elles resteraient toujours ensemble. Atom était son pilier, comme chaque mère l'est pour son enfant; mais le lien qui unissait ces deux-là était plus fort encore. « Sache que tu pourras toujours compter sur ta famille, Clélia. » Clélia avait une grande famille; mais elle n'en connaissait pour l'instant que les noms.
« J'ai hâte de partir, maman » déclara-t-elle en ne lâchant pas du regard l'entrée de la crypte. « Comment c'est, dehors ? »
La vision qu'Atom aurait de l'extérieur était certainement très différente de ce que Clélia s'imaginait...
Dehors …. Des bombes, des chiens, des hommes. La mort et la désertation. C'est tout ce qu'il y a dehors. Mais nous n'allons pas dans ce dehors là nous … Nous nous allons découvrir de nouvelles terres, plus loin, plus loin encore de là où sont nés Zrael et Zéphyr. Ce sera un monde différent, un monde meilleur. Je n'ai aucun preuve, mais je le sais et j'y crois. Il est important de croire en nos rêves, lui est mon seul rêve et j'y crois de tout mon coeur et de toute mon âme.
« Ce sera un monde merveilleux ma chérie. Il y aura des animaux, de l'eau claire et fraîche, de la verdure et des plantes de toutes les couleurs. Nous pourrons entendre les oiseaux gazouiller dès notre réveil, et la nuit chanteront les chouettes. »
Ce sera notre monde, rien qu'à nous deux, et personne ne pourra venir le briser. Clélia grandira sans crainte, je lui apprendrai tout ce que l'on m'a appris à moi aussi. Elle pourra être tantôt chasseuse tantôt guérisseuse, mais jamais au grand jamais guerrière ni sentinelle. Elle n'aura jamais à se battre pour quoi que ce soit, tout lui sera donné. Elle vivra dans un monde meilleur. Elle n'aurait déjà pas du naître ici, au moins elle grandira là-bas. Nous avons juste à attendre, un peu … Juste un tout petit peu. Je dois régler des vieilles affaires, puis nous partirons, nous laisserons tout derrière nous, sans aucun regret.
[/quote]
Invité
Invité
En savoir plus
Mer 6 Avr - 13:58
Force: 3/100 Agilité: 8/100 Endurance: 9/100
« Ce sera un monde merveilleux ma chérie. Il y aura des animaux, de l'eau claire et fraîche, de la verdure et des plantes de toutes les couleurs. Nous pourrons entendre les oiseaux gazouiller dès notre réveil, et la nuit chanteront les chouettes. » La voix d'Atom était si douce aux oreilles de Clélia... En l'écoutant parler, elle se sentait presque chancelante, appelée par le sommeil; mais elle luttait fort pour résister, car elle voulait en savoir plus, elle voulait que les secrets de la vie lui soient révélés, elle voulait tout savoir, tout connaître, et à ce moment-là elle aurait tout donné pour avoir une machine lui permettant de voir au-dehors, jusqu'aux contrées les plus lointaines. Elle n'avait pas cette machine, mais elle avait sa maman, et elle connaissait bien le monde de dehors.
Clélia imaginait dans son esprit le monde qu'Atom venait de lui décrire. Elle avait plantait les arbres, la verdure, elle suivait du regard les papillons et autres insectes qui voletaient tout autour, elle laissait les ruisseaux couler entre l'herbe fraîche et mouillée de rosée, et elle voyait ci-là des biches et des lièvres venir s'y désaltérer tout en prêtant l'oreille. Mais Clélia ne leur voulait pas de mal: ce monde était féérique, et l'harmonie était telle ! Elle aurait peur d'y toucher, craignant de le détruire.
« Ça a l'air d'être le monde parfait, maman... » Elle se voyait déjà, au milieu de ce monde, grandissant en jouant avec d'autres louveteaux, se faire des amis, avoir une vie palpitante et toujours heureuse.
Comment aurait-elle pu se douter que le monde qu'Atom venait de lui mettre en tête, n'existait que dans sa pensée ? Elle qui n'était jamais sortie de l'endroit où elle était venue au monde, elle était loin de se douter de la réalité de la vie autour d'elle. Comment une âme si innocente aurait-elle pu imaginer un monde froid, gris, un monde de mort, où tous les éléments vivants souhaitent s'entretuer, où rester en vie est un combat de chaque seconde ? Comment aurait-elle pu deviner qu'il valait mieux qu'elle reste là, dans cette crypte, et n'en sorte jamais ? Soudain, des bruits sourds, comme des balles, retentirent et résonnèrent autour de la chapelle. Ces bruits s'accompagnèrent bientôt de hurlements de chiens qui semblaient presque plus terrifiants encore; pourtant, ils n'étaient pas très éloignés de ceux des loups, mais ceux-ci vous glaçaient le sang. Clélia se recroquevilla encore plus sous la fourrure de sa mère, inquiète de ces bruits. Elle commença à trembler. Elle fixait l'entrée de la crypte avec méfiance et inquiétude, comme si elle comprenait à l'instant le terrible monde qui l'attendait, qui attendait de la blesser et de la détruire.
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 10 Avr - 12:19
Pas un geste !
ft. clélia
F. 22 A. 22 E. 38
Les bruits sourds, les bombes, les explosions, les cris. La peur. Encore, ça revient encore. Ils reviennent, rien de tout ça n'est pas terminé, ce n'est qu'un cercle vicieux. Je ne peux pas laisser Clélia ici, c'est devenu bien trop dangereux. La crypte n'est qu'un piège à rat et nous devons en sortir avant qu'ils ne viennent à nous. Je n'ai personne d'autre à sauver, Zrael et Zéphyr sont sortis, il ne me reste que Clélia. Dans une pulsion maternelle, je la prend par la peau du cou comme je le faisais quand elle était plus petite. Je ne veux pas prendre le risque de la perdre dans le chahut général, elle est tout ce que j'ai. Je dois l'emmener loin dans les terres, bien plus profondément que je ne l'ai jamais autorisé à aller. Je n'en ai aucune envie, mais plus important que tout : je n'ai pas le choix. Rester et mourir, partir et vivre. Le choix est vite fait il me semble, non ? J'ai promis à Clélia un monde de rêve et je tiendrai parole. Je ne voulais pas lui montrer ce monde-déchet, mais je n'ai finalement pas le choix. Ce n'est que temporaire, nous ne vivrons que quelques jours dans une tanière que je connais bien. Nous partirons ensuite, je lui ai promis, je me le suis promis. Nous ne vivrons pas dans un endroit si minable, c'est tout à fait hors de question. Ma fille mérite tellement mieux.