Un pigeon le nargue du haut d'un vieux building et Koschei a à peine le temps de se demander s'il devrait faire l'effort d'essayer de l'attraper que celui-ci s'envole vers d'autres horizons.
Je suppose que ça répond à sa question.

Décidément ce pigeon est bien décidé à l'ennuyer jusqu'au bout car voilà qu'il réapparaît tout fier sur le dos d'une voiture. Koschei saute pour tenter de l'attraper mais le bougre s'envole à nouveau. Ce pigeon ne s'en sortira pas comme ça.

Cette fois-ci il l'attrapera, ce pigeon insolent ! Il a suivi celui-ci jusqu'au toit d'un immeuble et le voit perché sur une gouttière comme le roi du monde. Mais à peine s'apprête-t-il à bondir que le volatile prend une nouvelle fois la fuite.

Koschei se tape toute la descente des escaliers et qui voilà qu'il trouve au pas de la porte ? Le pigeon ! En train de le regarder droit dans les yeux, le narguant. Ils se fixent ainsi de longues minutes avant que Koschei ne bondisse sur le volatile mais, une ultime fois, celui-ci retrouve sa liberté.

Un troupeau de daims est passé par là, fuyant sûrement les terres battues par les pluies acides où ils broutent habituellement. Koschei les voit s'arrêter dans une des rues principales, au loin, se disputant pour le moindre brin d'herbe qui parvient encore à sortir des crevasses qui serpentent dans les rues. Koschei tente de s'approcher du troupeau avec toute la discrétion nécessaire mais le vent n'est pas en sa faveur, le troupeau va le repérer dès qu'il sera assez proche.

Tant pis, il s'avance quand même autant qu'il le peut, sous le couvert des carcasses de véhicules et les débris de construction. Certains cervidés commencent à relever la tête, les oreilles et le nez frétillants, en alerte.

Finalement, Koschei bondit de derrière une voiture et s'élance vers le troupeau, qui se met immédiatement à courir pour lui échapper. Le loup essaie de repérer un individu plus affaibli, et il remarque une femelle à l'arrière qui perd déjà du sang à la cuisse à cause d'uen balle de fusil. Il bifurque vers celle-ci en accélérant ses pas, et saute au-dessus d'un lampadaire tombé qui lui bloquait le chemin avant de la rattraper. Le reste du troupeau a déjà pris de l'avance, il ne reste plus qu'elle qui est restée en arrière. Koschei prend appui avec ses postérieurs sur un tas de débris pour s'élancer sur sa proie. Il retombe sur celle-ci en plantant ses crocs dans son échine et la daine tombe en l'entraînant avec lui dans un roulé-boulé. Il ne lâche pas sa prise, jusqu'à ce que leurs galipettes lui cause de percuter un mur, les séparant.

Il se relève, un peu sonné, et la daine pendant ce temps là a déjà eu le temps de se remettre sur ses quatre pattes et de s'éloigner de quelques foulées ralenties par ses blessures. Koschei se relance à sa suite et la ramène au sol en plantant ses crocs dans son jarret, et, avant que la femelle ne puisse faire quoi que ce soit, il a déjà rampé jusqu'à la nuque de sa proie pour l'achever.

Le troupeau de daims est parti au loin, pas de pigeons en vue, pas d'odeur de rats ou de cadavres, plus rien d'intéressant à voir par ici.

Koschei retrouve la trace du troupeau de daims un peu plus loin mais quelque chose d'autre attire son attention : le pigeon qui se tient sur un vieil appui de fenêtre, en train de scruter l'horizon avec un air vindicateur. Il n'y a pas de doute pour le loup, il s'agit forcément du pigeon nargueur qui s'obstinait à lui échapper hier. Aujourd'hui, ça ne se passera pas comme ça.

Koschei détaille le bâtiment pour y trouver une entrée qu'il pourrait utiliser, et remarque un trou béant dans la façade de celui-ci. Il décide de s'y engouffrer pour voir ou ça mène.

Le trou mène dans ce qui devait être le hall principal du bâtiment, un endroit miteux aux murs couleur caca d'oie. Une cage d'escalier se devine qui devrait monter à l'étage de la fenêtre où le volatile est perché, mais un tas de débris bloque tout espoir de monter. Koschei fait alors le tour des autres pièces en espérant trouver un accès, et tombe sur une remise où le plafond s'est effondré en emportant avec lui des meubles qui se retrouvent maintenant dans un empilement qui n'est soutenu que par les murs étroits de la pièce. En grimpant sur cette pile, il devrait y avoir moyen pour Koschei d'accéder à l'étage supérieur en passant par le trou.

Ainsi donc le loup escalade les débris qui bougent sous son poids. Plusieurs barres et planches se brisent lorsqu'il pose la patte dessus et il manque à plusieurs reprises de tomber mais il tient bon, une patte après l'autre, tâtant chacun surface pour s'assurer de sa solidité avant de déplacer son poids. C'est une longue et fatigante ascension qu'il vient d'entamer, plus à cause de l'aspect bancal de l'ensemble que de sa hauteur. Il finit néanmoins par se hisser sur le haut de la pile : le toit d'une armoire en métal avec un beau cratère qui le déforme. De là, il lui suffit de se dresser sur ses postérieur, d'attraper le bord du trou, et de se hisser pour parvenir à l'étage.

Par chance, il est arrivé pile dans la pièce où se trouve le pigeon, toujours bien assis sur son appui de fenêtre. Koschei rampe jusqu'à celui-ci avec une lenteur exceptionnelle, sans faire aucun bruit sur le vieux plancher, la respiration ralentie au point d'en être presque coupée, jusqu'à ce qu'il arrive au niveau du pigeon, qui n'a pas bougé d'un poil. Là, il se redresse tout aussi lentement, s'immobilise un instant puis, avec la vitesse d'un serpent, lance ses crocs vers l'avant pour les refermer sur le pigeon qui couine de surprise et se débat alors que le loup serre les mâchoires de plus en plus fort, bien décidé à ne pas le laisser s'échapper, jusqu'à ce que quelque chose se rompe et que le volatile s'immobilise subitement.