Un monstre, oui c'est un monstre. Elle est horrible, elle ne ressemble guère à un loup, elle n'a pas leur élégance, leur "beauté". Elle, elle est laide, elle a pour commencer le visage à moitié défiguré à cause de nombreuses cicatrices montrant que des vis ont autre fois été présentes à cet endroit... Elle le sait, elle sait qu'elle ne pourra jamais plaire puisqu'en plus de ça elle n'a pratiquement pas de poils, seul des touffes sont parfois visibles au niveau de sa gueule et de son dos. Mais encore si il n'y avait que ça elle ne serait pas à plaindre et ce qui va totalement la classifier comme étant "différente" est sa moitié de patte métallique, en effet la moitié de sa patte avant droite est une prothèse confirmant que cette brave bête semble avoir souffert.

L'enfer, vous croyez le connaître ? Vous pensez avoir subit assez de malheur pour dire que vous avez vécu l'enfer ? Laissez-moi rire, je vais vous dire ce qu'est l'enfer... L'enfer c'est cet endroit où on perd espoir, c'est cet endroit qui chaque soir vous rappel que vous n'êtes plus libre, que vous ne contrôlez plus rien... C'est cet endroit où chaque fois que vous y mettez une patte vous préféreriez être mort, être en vie étant en effet devenu un véritable calvaire pour vous... Être en vie signifie en effet accepter de souffrir et quand vous ne voulez plus souffrir il faut savoir faire abstraction de votre existence, de vos idéaux, de tout, tout jusqu'à être "rien". Ne plus être vous, ne plus penser, ne plus douter, ne plus résister... Tout délaisser, tout abandonner, laisser les choses se faire, tout simplement savoir accepter son sort.

J'ai vécu enfermé chez les Hommes durant des années, j'ai été leur "jouet". Au départ je voulais lutter, je me disais qu'au fond les choses n'étaient pas si mal puisque malgré tous ce qu'ils m'avaient fait subir j'étais en vie... Je me disais qu'ils allaient enfin en avoir marre de moi, qu'ils allaient me relâcher que j'allais pouvoir reprendre une vie normale, oui... J'y croyais, mais j'ai été naïve, j'avais oublié qui j'avais en face, je les avais eux... Les Hommes. Chaque jour je me répétais qu'on allait venir me chercher, que ma meute n'allait pas pouvoir m'abandonner et pourtant il fallait que je me fasse une raison... Ils m'avaient bel et bien oublié, eux qui avaient jurés de me protéger m'avaient abandonnés et ne viendraient sans doute jamais me chercher.

J'ai appris à haïr. Au fur et à mesure que le temps passait ma haine grandissait. J'étais passée de la douce et tendre à ce que les miens pouvaient qualifier autre fois de monstre, à ce que JE pouvais qualifier de monstre... Je devenais petit-à-petit détestable, je ne voulais qu'une chose qu'ils meurent tous, qu'ils paient tous pour ce qu'ils me faisaient subir, mais je ne pouvais rien y faire, j'étais dans cette foutue cage tout les jours à attendre que l'on vienne me chercher pour tester des choses sur moi ou encore remplacer des parties de mon corps pour voir comment celui-ci réagissait...

Est-ce-que j'avais peur ? Oui j'avais peur, restez des années dans une cage, dans le noir à attendre votre heure et vous verrez bien que la peur et la folie vous gagneront petit-à-petit et ça même si vous êtes fort "d'esprit". Puis est venu ce jour où d'autres loups sont arrivés, personne ne m'adressait la parole, en même temps qui voudrait m'adresser la parole ? Personne car je suis un monstre et surtout parce que je suis incapable de communiquer normalement, plus depuis tout ça... Lors d'un grand boum des loups ont surgit de nul part, le chahut le plus total avait envahie cette salle habituellement si calme, c'est là que j'en ai profité pour fuir, pour reprendre cette liberté dont j'avais été tant privée... Et ça au plus grand dam de tous.