Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Je m'étais levée tôt ce matin, pour chasser. Je devais le faire, sinon les autres ne pourraient pas partir sereinement en me confiant leurs petits. Sauf qu'aujourd'hui, je n'avais personne à surveiller: ils étaient tous auprès de leurs mères et pères. Plume était aussi beaucoup occupée, avec l'histoire des Hellhounds. J'aurais aimée la voir. Astral était dans la même situation. Moi aussi, dans mon rôle d'Intendante, je devais vérifier que tout se passais bien, que les petits n'étaient pas trop effrayée, que le garde manger se remplisse... Mais une fois tout ceci fait, je m'ennuyais un peu. J'avais envie de parler avec quelqu'un... C'est alors que je me dirigeais lentement vers la tanière de Nymeria. Je ne voulais pas la déranger, elle profitait de ses enfants après tout. Je dois être une égoïste... Oui, c'est sans doute le cas. Je me trouvais presque devant sa tanière quand cette idée me traversa l'esprit, alors que je m'apprêtais à faire demi-tour. J'étais égoïste de vouloir lui imposer ma présence, alors qu'elle peut profiter de ses enfants. Je poussais un léger soupire, collant mes oreilles contre mon crâne, débitée, et peut-être un peu déprimée aussi. je ne voulais pas être une gêne, pour personne... Mais je cherchais aussi des amis sur lesquels me reposer parfois. Mais je sais que je risque de les incommoder. Alors je ne sais pas...
Je rentre ma queue entre mes pattes, secouant légèrement la tête. Ne te laisse pas décourager Ivy... Allez! Je me retournais en direction de la tanière, essayant d'avoir l'air naturelle. Je glissais un coup d’œil à l'intérieur, essayant de trouver Nymeria du regard. Lorsque je la vis, je lui fis un petit sourire, en guise de salutation. Je ne voulais pas réveiller les petits.
Allongé près de ses quatre petits, enfin quatre … Pas tout à fait, en réalité, elle n'en possède que trois à elle dans ceux présent, Cadeyrn le petit pot de colle plein d'amour, Owen celui qui reste toujours silencieux comme son père et Tyrell, une petite aventurière de première. Nymeria avait mis au monde trois louveteaux aux caractères différents des uns des autres mais, c'est ce qui les rendait unique et spécial à ses yeux. Le quatrième, Nihdogg, est un jeune louveteau qu'elle a dû adopter. En réalité, personne ne sait les véritables origines de ce petit louveteau de quelques mois hormis Sköll et elle. Bien sûr, elle comptait mettre Plume Rousse au courant du lien de parenté de ce petit bout mais, pour le moment, elle préfère veiller sur lui. Cette petite boule de poil n'a pas eu un début de vie facile, manquant de mourir sous les crocs de sa génitrice son père, Koschei le leader des Mercenaires, l'en a tiré de ses crocs et est venu se présenter à elle pour avoir son aide quant à ce nouveau né en sale état. La louve s'était occupé de cette boule de poil meurtrie comme s'il s'agissait de son propre fils et, malgré elle, elle commence à s'en attacher …
Passant doucement sa truffe dans le pelage sombre de Oggy, les oreilles de la grise se dressèrent en sentant la présence d'un loup dans les parages. Humant l'air, elle reconnu l'odeur de Patte d'Ivoire, la sœur de Plume Rousse et de Astral. Son regard se porta vers l'entrée de la tanière et elle aperçu la silhouette de la louve rousse. Doucement, Nymeria se redresse, laissant ses enfants dormir paisiblement avant d'aller à la rencontre de la nouvelle Intendante et nourrice de la meute. Une fois face à celle-ci, elle hocha doucement la tête pour la saluer.
« Bonjour Ivy, qu'est-ce qui t'arrive, tu souhaites me voir ? »
Rare sont les fois où Patte vient la voir d'elle même, en fait, la louve est plutôt du genre timide et à ne pas oser aller vers les autres de peur de les déranger. Nymeria se reconnaît en elle lorsqu'elle vivait encore en tant que solitaire auprès de sa famille et du groupe de solitaire désormais probablement décimé à cause des pluies explosifs causés par les Hommes. La grise observe la louve. Au début, Nymeria avait eu pitié d'elle en apprenant que Freux, son ancien compagnon, l'avait laissé pour Plume Rousse. A cette époque là, Nymeria était encore solitaire, sortie fraîchement de chez les Traqueurs avec Plume et, la rousse s'était mise avec le gris après être passé Alpha de la meute. Nymeria n'y avait rien compris mais, elle n'avait rien dit, après tout ce n'était guère ses affaires mais elle avait eu de la peine pour Ivy …
Finalement, lorsqu'elle a retrouvé son fils, Keres, qui se trouvait au bon soin de Patte d'Ivoire lorsque Asak l'a trouvé dans les souterrains, puis, après avoir recueillit Reny, Nymeria commença à discuter un peu avec elle et c'est à ce moment-là qu'elles ont commencé toutes deux à se rapprocher. Nymeria l'apprécie et aimerait que Patte ai un peu plus confiance en elle, qu'elle cesse de s'écraser de la sorte mais, certaines choses ne peuvent être changé ...
Elle me jeta un regard, alors que j'inclinais légèrement les oreilles en arrière. Elle m'intimidait encore un peu, malgré notre lien d'amitié que je pourrais qualifié de fort... Oui, fort, c'est le bon mot. Je me décalais de l'entrée, lui laissant la champs libre pour sortir? Mon regard dériva lentement sur les boules de poils au fond de la tanière. J'aurais aimé vivre la même chose que Nyméria... Avoir des enfants à élever. Mes propres enfants, je veux dire. Qui seraient né de moi. Mais c'était un rêve impossible... Je savais déjà que je ne pourrais plus avoir d'enfant, car je les avais perdu... Ces bébés qui ne reviendront jamais. Je me laisse dériver, dans de tristes pensées, alors que la louve grise me parle, sur son même ton habituel. Je prend ça pour de la gentillesse, de sa part, de me traiter aussi doucement. J'apprécie son contact, puis c'est une femelle forte... Pas comme moi. Je bafouillais, un peu mal à l'aise sur le coup, essayant de remettre mes idées dans le bon ordre. - Heu... Oui, je... Je voulais te voir parce que je...
Je m’emmêlais les pattes, tapotant le sol du bout de celle-ci. Si je pouvais rougir, je crois que ça serait déjà fait depuis bien longtemps. J'inspire un peu, reprenant un peu de courage.
- Je voulais parler un peu avec toi... J'ai besoin d'un peu... De compagnie...
Je baissais la tête sur cette confession, me sentant soudainement très égoïste, une nouvelle fois. - Désolée de te déranger pour ça, je dois t'ennuyer...
Ma tête touchait presque le sol, apitoyée sous le poids de ma propre bêtise.
Comme à son habitude, Patte d'Ivoire semblait lutter avec elle même intérieurement pour réussir à formuler sa demande. Elle n'est pas le genre de louve à aimer déranger les autres, du moins, elle pense constamment déranger hors, ce n'est pas le cas. Nymeria se demande parfois ce qu'a traversé exactement la louve mais, peut-être ne le saura-t-elle jamais. La grise écoute son amie qui ne souhaitait qu'un peu de compagnie. Il est vrai que Ivy, hormis s'occuper des louveteaux, ne doit pas avoir l'occasion d'avoir beaucoup de compagnie de loup adulte. Souriant, Nymeria sortie complètement de sa tanière.
« Tu ne m'ennuie pas. Allons faire un tour, les enfants sauront s'occuper du petit dernière si jamais ils se réveillent. »
D'un mouvement de la tête, elle invite la nourrice à la suivre. Un peu de compagnie à elle aussi ne lui fera pas de mal, au contraire. Aussi solitaire soit-elle, parfois parler un peu lui procure un bien fou. Elle s'éloigna d'un pas tranquille de sa tanière, faisant confiance à ses enfants pour veiller sur le petit Nihdogg. Profitant que le temps soit doux et calme, Nymeria jeta un coup d’œil en direction de la sœur de sa meilleur amie. Dernièrement, bien des louveteaux avaient vu le jour et, Ivy devait avoir bien du travail avec eux, leur parents étaient souvent occupés. Noire était pleine de ce qu'elle avait appris et ne tarderait probablement pas à mettre bas, cela devait réjouir Reaven. Asak et Minuit avaient eu une nouvelle portée également et, Nymeria a pu les apercevoir de temps à autres. Les loups profitaient pendant qu'ils étaient en temps de paix, enfin … Temps de paix, c'était vite dit, avec la menace des HellHounds … Mais au moins, ils n'avaient plus de meute à combattre et c'était déjà un bon début. Même si la chasse est devenu difficile à cause du manque d'animaux dans les parages dut à une raison que la Bras Droit ignore, ils s'en sortaient plutôt bien.
« Alors, comment vas-tu ? Tu dois avoir pas mal de travail dernièrement non ? »
Nymeria tenta tant bien que mal de me rassurer, et je lui en étais reconnaissante. Lui offrant mon plus doux sourire, j'hochais rapidement la tête, lui emboitant le pas, alors que nous marchions tranquillement, le long de la colline escarpée. J'aimais bien cet endroit, bien que trop éloigné de la plus grande partie de la meute. Je me sentais toujours en sécurité, je savais que les sentinelles veillaient au grain. Il faudrait d'ailleurs que je prenne des nouvelles d'Echo, savoir comment ça se passe... Je lui avais proposé de rejoindre la meute, après avoir entendu son histoire. Et puis, j'aimais bien les histoires qu'il raconte aussi. Je le vois d'avantage comme un compteur d'ailleurs, plutôt que sentinelle... Mais il est peut-être un peu trop jeune pour ça. Je m'en rend compte de plus en plus avec le temps qui passe, mais je vieillis moi aussi. Nymeria est plus jeune que moi... Et j'ai l'impression de n'avoir rien accompli encore de ma vie. C'est peut-être parce que je ne pourrais sans doute rien accomplir et que je suis une bonne à rien. Non Ivy, positive... Essaye au moins? La grise tourna son regard dans ma direction, me demandant si j'allais bien. J'hochais la tête. - Oui... Les petits sont nombreux, mais ils grandissent si vite tu sais... Les tiens comme tous les autres. Et puis avec le manque de proie, il est difficile de gérer le garde-manger... J'espère simplement qu'on aura de quoi nourrir tout le monde...
Je pinçais des babines, me sentant mal à l'idée que nous poussions connaître une famine. S'il le faut, je pouvais me priver... Nous avons tellement de petits à nourrir, ils ont plus besoin de nourriture que moi. Mon travail était de veiller à ce que ça n'arrive pas... Et je compte bien faire en sorte que ça soit le cas.
- Et toi, avec les enfants et Sköll? Tout va bien? Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me demander hein! Je suis là pour ça!
Je lui souris affectueusement. Je voulais qu'on puisse échanger comme ça aussi calmement, et tranquillement. Avec les temps qui court, ça fait du bien...
Nymeria hocha doucement la tête aux propos de Patte d'Ivoire. Elle ne pouvait que confirmer ses dires. Trouver de la nourriture n'est pas une mince affaire et pour cause, elle même tente chaque jour de trouver de quoi nourrir la meute et sa famille. Les animaux se font rares, probablement à cause de la présence des Hommes venu de la mer et des HellHounds. Les loups doivent aussi y être pour quelque chose après le rude hiver passé, beaucoup on dû se ruer sur les animaux une fois leur retour fait. Nymeria elle même avait bien chassé à ce moment-là et elle s'était rendu compte que, peu à peu, les troupeaux s'éloignaient, se faisaient bien moins nombreux. Finalement, les loups récoltent ce qu'ils sèment mais, tant de loups se trouvent sur ces terres qu'il est difficile de nourrir tout le monde sans créer une pénurie de proie.
Continuant de marcher, traversant les collines, esquivant les trous causés par les explosions répétés des Hommes, Nymeria restait attentive aux paroles de Ivy. La grise sourit doucement à la nourrice, toujours à s'inquiéter de tout, toujours à vouloir aider les autres, comment peut-on vouloir à une telle louve ? Patte d'Ivoire ne pense qu'au bien des autres avant le sien.
« Merci Ivy, j'apprécie ton aide, pour tout ce que tu as fait pour mes enfants. Sköll essaye d'être un peu plus présent mais, difficile, il reste le Conseiller des Mercenaires. »
Nymeria n'a jamais cherché à cacher l'identité du père de ses enfants, même si ce dernier fait partie des Mercenaires, groupe de loup solitaire bossant pour tous ceux qui les paieront. Elle se fichait pas mal des avis des autres, elle était persuadé que son loup ne prendrait aucun contrat qui pourrait la mettre, elle ou sa meute, en mauvaise posture. Du moins … Elle l'espérait …
« Enfin en tout cas, c'est vrai qu'ils grandissent vite, trop même. A chaque fois je m'étonne quand je les vois. S'ils pouvaient rester petits par moment, ça me plairait bien ! »
Pouvoir les garder toujours auprès de soi, les câliner, dorloter. Oui, la grise a prit goût au fait de s'occuper de louveteau et, c'est probablement pour cette raison qu'elle ne refuse jamais de venir en aide à une petite boule de poil, tout comme elle l'a fait avec Nihdogg.
« D'ailleurs, je me suis toujours demandé, as-tu des enfants à toi ? »
Je comprenais bien son sentiment. Moi aussi, je souhaitais voir ces petites boules de poils rester douce, innocente et petite. Comme ça, elles étaient protégées du monde des adultes, de l'extérieur, des combats, de la violence, de la souffrance aussi. Oui, j'aimerais tant qu'ils restent tous enfants. Et que nous soyons les seuls adultes à devoir lutter pour eux. J'esquisse un léger sourire, heureuse de savoir que le mâle passait la voir assez souvent. Je craignais qu'elle puisse être malheureuse, ainsi séparé de celui qu'elle aime. C'est vrai que j'avais pu être triste, moi aussi... Mais c'était sans doute de ma faute, même surement de ma faute. Comme pour notre séparation... Au final, je n'avais pas su combler ses attentes. Plume était bien plus forte et belle que moi, c'est logique qu'il l'ait préféré. Je ne lui arrivais pas à la cheville, à cette sœur qui est la mienne, bien qu'elle ne s'en souvienne pas. Je m'en souviens, moi, je m'en souviendrais pour nous deux. La question de Nymeria me fit légèrement couiner de surprise, alors que je baissais la tête un instant. Mes propres enfants? Oui, il y a bien Mystborn et Tunivîel, mes enfants adoptifs... Je les aimais comme si c'était les miens, mais ils sont grands maintenant, et nous ne pouvons pas nous croiser tous les jours. J'affichais un regard un peu triste, trouvant finalement le courage de répondre à sa question.
- Mystborn et Tuniviel sont mes enfants adoptifs... J'aurais pu avoir d'autres enfants mais je les ai perdu, quand j'étais encore avec Freux... Je crois que c'est aussi une des raisons de notre séparation d'ailleurs... Enfin, c'est compréhensible de sa part. Je suis certaine qu'il est d'avantage satisfait avec Plume maintenant.
Je continuais d'avancer, même si mes épaules s'étaient légèrement abaissées. Au fond, je l'aimais toujours. Freux, j'entends. Mais il était avec Plume, Alpha qui plus est. Je devais oublier mes sentiments, même si le temps ne guérit pas tout.
- Je ne pense pas retrouver quelqu'un ni même essayer... Je ne dois pas être assez bien pour qui que ce soit...
Directement, Nymeria s'en voulu pour sa question. Les oreilles de la grise s'abaissèrent face à la mine de son amie. Elle avait touché une corde sensible, elle n'aurait pas dû, elle aurait dû se taire mais, en même temps, elle ignorait bien des choses encore, notamment sur les histoires de la famille de Plume Rousse … Nymeria la regardait, triste de voir Ivy ainsi. Elle ignorait qui était la progéniture de Patte d'Ivoire et, elle aurait peut-être dû ne jamais lui demander. Ivy avait adopté deux louves et, la grise tenta de comprendre la suite. Elle avait donc eu des enfants qu'elle a ensuite perdu ? Voilà un détail qu'elle aurait préféré ne pas savoir finalement … Désormais mal de faire ressasser de tel souvenir à la louve qui doivent être des plus douloureux, le regard dorée de la Bras Droit se porta ailleurs.
Comment aurait-elle réagit elle, si elle avait perdu ses petits ? Comment aurait-elle fait ? Elle se souvient encore du sentiment, de cette atroce angoisse, cette peur qui l'avait prit aux tripes lorsque Owen ne respirait pas à sa naissance. Elle crut perdre son fils à peine né mais, Reaven avait su le sauver et pour cela, elle lui était extrêmement reconnaissant …
Finalement, la louve reporte son regard sur la blanche à ses côtés. Celle-ci semblait si … Abattu … La voir ainsi réagir était triste mais, Nymeria comprenait, elle aussi pensait cela il y a plusieurs lunes encore …
« Tu sais, Sköll n'est pas mon premier compagnon. Avant lui, lorsque j'étais encore solitaire, j'ai rencontré un loup, Kenshin. Un loup beau, doux, toujours là pour moi mais, un jour, il s'en est allé pour retrouver son passé je crois. Il n'est jamais revenu. J'étais dévasté, je n'arrivais plus à avancer, jusqu'à ce que je croise Keres. Il m'a aidé à tenir le choc, puis il y a eu ta sœur, Plume. Sans elle j'ignore où je serais. Finalement j'ai réussi à me faire une raison et laisser mon cœur en aimer un autre. Même si Kenshin reste mon premier compagnon et premier amour, je ne l'oublie pas mais, j'ai tourné la page. C'est ce que tu dois faire. Ne penses pas que tu ne mérites pas cela, je suis sûr que, tôt ou tard, tu trouveras un loup qui saura prendre soin de toi. Tu n'es pas la cause de la perte de vos enfants, le destin en est la cause. Si Freux t'a laissé alors c'est qu'il ne te mérite pas, surtout s'il t'a abandonné après la perte de vos enfants. Pardonnes toi, pardonnes les autres et avances. Tu retrouveras la joie d'aimer. »
C'est ce qu'elle espère de tout cœur pour elle … Patte est une louve des plus adorable, elle mérite d'être heureuse comme Nymeria l'est. Il n'y a aucune raison pour que la blanche ne puisse pas retrouver un loup qui saura l'aimer et rester auprès d'elle sans l'abandonner.
Je sentais lentement l'humeur de Nymeria s'imprégner de tristesse, et mon regard dériva sur elle automatiquement, alors que le sien me fuyait. Je n'aurais pas dû dire ça, je le savais... Mes oreilles se collèrent sur mon crâne, ma queue se rabattant entre mes pattes, en signe d'excuse encore la Bras-Droit. Je l'avais rendu triste, je suis vraiment une bonne à rien, une nulle, une faible... Je ne devais pas m'apitoyer sur moi-même, non, c'est stupide. Je le mérite après tout, ma vie est comme ça, je n'y peux rien? C'était de ma faute, c'est de ma faute... Le regard de Nymeria revint vers moi, alors que je déglutis, baissant moi-même les yeux. Son discours, sans que je ne le veuille, me fit monter les larmes aux yeux. Parce que j'étais triste pour elle. Et en même temps heureuse qu'elle puisse ainsi s'ouvrir à moi sur ce genre de choses. J'étais aussi heureuse car j'entendais ces paroles comme des encouragements. Je réprimais comme je pouvais mes larmes, même si elles coulaient malgré moi le long de mes joues. Sans trop le vouloir, je me rapprochais de la louve, glissant mon museau dans sa fourrure dans un sentiment de grande reconnaissance, une brève étreinte mais qui au final est sans doute la plus douce et la plus réconfortante que j'ai connu depuis quelques temps. Je baisse un peu la tête, la voix nouée par l'émotion.
- Merci Nymeria... C'est gentil... Ça me touche beaucoup que tu dises ça...
Je levais une patte avant pour me débarbouiller mon visage rapidement, essayant de chasser les quelques larmes qui ne voulaient pas s'en aller, bien malgré moi? Je n'aime pas pleurer, j'ai l'impression d'être plus misérable que je ne le suis déjà.
- Je vais essayer... De suivre tes conseils.
Je lui offre un doux sourire, avant de répondre, le ton un peu plus enthousiaste.
- En tout cas, ce Kenshin est vraiment bête lui aussi! Il a raté une super louve...
Je continuais à avancer doucement, regardant l'horizon.
- Pour l'instant, je ne vois personne qui pourrait... Qui pourrait remplacer Freux... Peut-être parce que je n'ai pas assez chercher, mais... Je ne sais pas, aucun autre loup ne me fait ressentir la même chose que quand j'étais avec lui...
Patte d'Ivoire se rapprocha de Nymeria, venant coller sa tête contre sa fourrure en une accolade reconnaissante. Nymeria ne broncha pas, acceptant le geste. Son regard se fit doux et protecteur sur la louve rousse. Malgré qu'elle ai un ans de plus qu'elle, Nymeria sent le besoin de devoir la protéger par moment, de la préserver. La grise ne peut fermer les yeux face à des loups en détresse ou qui ont besoin qu'on les aide. Ivy fait partie de ces loups que Nymeria souhaite protéger. Elle se doutait que la nourrice peinera sûrement au début à se faire confiance, à tourner la page mais, elle y parviendra, Nymeria a réussi alors, pourquoi pas elle ?
Les paroles qui suivirent arrachèrent un sourire amer à la Bras Droit. A-t-il réellement raté une super louve ? En réalité, Kenshin est revenu, il a voulu la revoir, la ravoir mais, elle n'avait pas voulu, il était trop tard … Trop tard pour faire demi-tour, trop tard pour lui donner une nouvelle chance. Sköll était là, Sköll avait su faire renaître en elle les sentiments qu'elle avait tenté d'étouffer et désormais, elle était heureuse à ses côtés. Même si ses sentiments ont été mis à rude épreuve par le Mercenaire noir, Nocturne, elle était sûr que rien ne pourrait ébranler son amour pour son loup et, malgré toute l'affection qu'elle porte à Nocturne, elle ne peut le choisir lui …
Ses oreilles gigotent tandis qu'elle regarde droit devant elle avant de tourner la tête vers Ivy. Oui, si Freux est le premier amour de la blanche alors, quoi de plus normal qu'elle peine à l'oublier, à trouver meilleur que lui ? Nymeria la comprenait mais, elle savait aussi une chose, c'est que l'amour ne se cherche pas, l'amour vous tombe dessus, lorsque vous vous y attendez le moins …
« Il ne suffit pas de chercher pour trouver mais, d'attendre. Tu trouveras un loup, un jour alors que tu ne t'y attendras pas, tu verras, c'est ce qu'il m'est arrivé également alors que je pensais ne plus jamais avoir le droit d'être auprès d'un loup. Sois patiente et tu verras que toi aussi, tu auras une nouvelle chance. »
Je tournais la tête dans sa direction, buvant ses paroles comme des dogmes évangéliques. Un sourire heureux sur le visage, j'agitais la queue, me sentant bien sur l'instant. J'avais le sentiment que je pouvais accomplir quelque chose de bien, en suivant ses conseils. Car ils ne venaient pas de moi, d'une certaine manière. Je secouais la tête, chassant cette pensée, alors que je reviens à sa hauteur. Elle était tellement gentille avec moi, patiente aussi... Je ne savais pas comment la remercier, à part suivre ses conseils.
- Je serais patiente alors!
Je riais légèrement, le regard résolu. Peut-être que ce qu'elle me racontait arrivera. Je ne sais pas, je l'espère et en même temps pas. J'aurais l'impression de trahir Freux, d'une certaine manière... Mais en continuant de l'aimer, c'est Plume que je trahis. Je soupire intérieurement. Ces situations sont tellement complexes, ça serait tellement mieux si je n'étais pas là. Je relevais la tête, essayant d'oublier tout ça.
- Merci en tout cas, pour tes conseils et pour m'avoir écouter... J'ai l'impression de n'avoir fait que me plaindre...
Je lui souriais, lâchement finalement du fond du coeur. - Ça fait du bien d'avoir une amie... Puis je me rattrapais. Enfin, je te considère comme tel, tu n'es pas obligé de penser pareil. Après tout, tu es beaucoup plus proche de Plume que de moi, et ça se comprend... Enfin...
Je finissais par me couper, un peu honteuse. Je m'emmêlais encore les pattes. Encore.
Dans certains points de Ivy, Nymeria avait l’impression de se voir. Elle et son manque de confiance. Autrefois, Nymeria aussi avait peu de confiance en elle si ce n'était aucune. Avec le temps et, surtout depuis qu'elle est parmi les Esobek, elle a dû apprendre à se faire confiance, ne plus se dénigrer et, même si parfois elle doute de ses capacités, elle sait qu'elle n'a pas été choisi pour rien comme Bras Droit. Certes, elle est loin d'être experte en la matière, que ça soit pour conseiller ou autre mais, sa vie de solitaire d'autre fois lui permet d'avoir des avis plus neutre sur certaines situations et mieux juger par moment. Au début, elle peinait dans ce rôle, n'ayant pas pu conseiller comme il se doit son amie mais, désormais, il en était tout autre. Si conseil Plume avait besoin alors, elle lui en donnera !
La discussion semblait avoir apaisé la nourrice qui lui était reconnaissante. Souriant, Nymeria l'observait un moment avant d'arquer un sourcil face à ses paroles. Doutait-elle même de cela ? Que l'on puisse la considéré comme amie ? Patte d'Ivoire avait vraiment très peu d'estime d'elle même en croyant qu'elle ne pouvait être considéré comme amie par autrui. La grise se rapproche de la blanche lui donnant un petit coup de museau dans son encolure.
« Oui, je suis plus proche de Plume, elle est ma première amie et meilleur amie. Mais, ça ne veut pas dire pour autant que je ne te considère pas comme une amie, Ivy. Il y a plusieurs degré d'amitié et tu es tout aussi importante. Tu es la seule de la louve que je considère comme une sœur, tu es également mon amie, alors, n'en doute pas. »
Nymeria n'a jamais connu le plaisir d'avoir des frères ou sœurs, ces derniers étant mort né lors de la mise bas où tu as pu voir le jour. Elle ignorait quel genre de lien possédait des frères et sœurs mais, elle a l'impression de connaître ce genre de lien avec Plume puis, elle a pu l'observer aussi par ses enfants, aussi réservé soient-ils.
« Si tu as besoin de parler, n'hésites pas à venir me voir. Je te prêterais toujours une oreille. Si tu veux juste passer du temps pour te promener ou chasser, n'hésites pas non plus. Je ne suis jamais loin de toute manière. »
Je lui souris une nouvelle fois, ma queue battant l'air frénétiquement. J'étais heureuse... De savoir qu'elle voulait bien que je sois son amie. Même si je sens en elle la pitié qu'elle a pour moi, ce n'est pas trop grave. J'ai l'habitude, puis je suis trop heureuse pour penser à des choses négative. Je lui rend son coup de museau avec douceur, avant de m'éloigner un petit peu. J'ai l'impression que le soleil brille un peu plus fort à présent. Je me sens aussi plus légère.
- Je n'y manquerais pas Nymeria... Enfin, heu... Nym?
Tentais-je, un peu malhabile. Ce genre de situations me gênait un peu, mais c'était un détail.
- Toi aussi, si tu veux, tu peux venir me voir! Je ne suis pas peut-être pas de meilleur conseil mais je sais au moins écouter...
Je la saluais de la tête, ne voulant pas l'importuner plus longtemps. Elle voulait sans doute revoir ses enfants, et j'allais avoir du travail. Je me sentais motivée! J'allais chercher des choses aux alentours, à savoir si ça peut être utile un jour ou l'autre.
- On pourra aller chasser ensemble, un jour ou l'autre... Cela pourrait être amusant!
Je riais, un peu bête sur le coup. Mais je suis heureuse, je ne m'en cache pas! Il faut que je le raconte à Plume, le fait que j'ai une amie. J'étais fière de moi, d'une certaine manière...