Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Les mois avançaient et je demeurais. Moi, Châtiment divin des loups de mon espèce. Epave délaissée par les hommes. Oui, je demeurais. Le temps et les soins de Manîthil avaient rendu mon corps plus solide. Les entraînements et les chasses avaient emplis mes muscles de force, d'endurance. Je devais continuer, je devais être patient, et un jour peut être, retrouverais-je une vie normale. Une vie calme, semblable à celle que vivait Arès avant moi.
Bien souvent en ces temps mitigés, je venais me promener sur la berge du Styx. Les flots et le courant apaisaient mon âme dont les blessures étaient encore vives. Donc les stigmates, étaient encore présents. Je regarde mon reflet au dessus de lui. Celui ci est déformé par l'eau qui s'écoule, ou bien est-ce mes cicatrices qui donnent cet effet. Je ne sais pas. Je suis là, et je demeure, un loup monstrueux dont les autres se méfie, le regarde de loin le critiquant. Qu'est - ce que ça change de toute manière? Je n'en avais que faire. Et c'est pour appuyer sur mes pensées, que, comme un écho au loup qui dort en moi, une voix m'interpelle.
- Eh, tu f'ra gaffe, ton cerveau essaie d'se faire la malle !
Mon regard perce les yeux de celui qui à parler. Je n'étais entouré que d'enfants ces temps-ci, et c'était épuisant, psychologiquement comme physiquement. Maelstrom était à lui seul une souffrance tellement sa façon d'agir me tapait sur le système. Je souffle.
- Ne t'approche pas trop, il pourrait te sauter dessus.
Qui était ce loup? Je ne l'avais jamais vu, jamais sentis. Il faut dire que les terres d'AFF étaient grandes, et les endroits inexplorés encore nombreux. Je n'avais rencontré que très peu de loups vivants en meute, et un pourcentage infime de solitaire. Cependant je pouvais ressentir que celui ci en était un, ou du moins, je le pensais. Je m'assis au sol, lui tournant le dos et admirant de mon oeil valide, les reflets du soleil sur le Styx. Si ce petit me voulait quelque chose, je le serais bien assez tôt.
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Mar 5 Avr - 22:51
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F: 15 - A: 17 - E: 27
L'air est froid dans mon pelage. Il réveille mes muscles en des frissons désagréables que vient empirer la vue du trou béant dans la tête de mon vis-à-vis. Je m'ébroue sur ma pierre, encore la tête à l'envers et le dos collé sur le froid de mon piédestal de fortune. Vivement le retour du printemps. Les saisons aujourd'hui sont de plus en plus rudes, de moins en moins propices à la survie. Comme si, si la planète a laissé durant des milliers d'années une espèce la foutre en l'air et la maltraiter à sa guise, elle était désormais entrée dans une rébellion des plus violente, impitoyable salvatrice de sa propre existence, définitivement combattante active contre ceux qui autrefois la dévastait sans aucune force de respect. Les saisons, les paysages, tout à changé et tout change encore de jour en jour. Plus que les guerres, le monde évolue de sa propre initiative, grandit de son propre chef. Je l'observe dans le plus grand silence alors que sa réponse acerbe résonne encore dans ma tête. J'écoute chacun des mots qu'il a à dire et je laisse les secondes s'écouler sans même feindre l'intérêt de ses paroles. Pourtant, au fond, sa répartie m'amuse profondément. Voilà un mâle qui ne se laisse pas marcher sur les pattes, un mâle qui n'a aucune intention de se laisser dominer et pourtant, un mâle qui n'est visiblement pas de ceux à jouer les tyrans. Enfin, après un long temps silencieux, je roule sur moi-même et me laisse tomber de ma pierre pour me redresser sur le sol froid et humide. L'hiver me gèle les pattes, c'est indéniable et inchangeable. Nous devons tous nous faire aux conditions climatiques déplorables que nous donne le monde.
- T'as participé à une guerre, un truc dans l'genre ?
Je m'avance vers lui l'air de rien, et comme si nous nous connaissions de longue date, comme si je n'avais aucune raison de me méfier de lui, je m'assieds à mon tour. A bonne distance, mais pas assez pour le laisser en paix. Et j'observe moi aussi, les mouvements du fleuve dans son lit de terre et de roche calcaire.
Le calme de l'eau était pour moi, un médicament en mon âme. Celle-ci qui était bousculer par les éléments, les événements. Je ne sais pourquoi, je pouvais rester ici à observer, jours après jours, le courant qui emportait avec lui, les stigmates du passé, les traces douloureuses de mon âme écorchée.
J'entendis le louvard derrière moi bouger. Il n'avait pas répondu immédiatement, et avait laissé un long silence s'installer. Je sentais ses yeux m'observer, comme tout ceux qui croisait mon chemin. J'étais la bête écorchée. Une véritable attraction pour les yeux. Et pourtant, rien de moqueur ne se dégageait de l'âme de ce loup, ni de son attitude.
- T'as participé à une guerre, un truc dans l'genre ?
Il venait de s'asseoir à mes côtés. Assez près pour que je comprenne qu'il était réellement intéressée, assez loin pour que je n'ai pas l'impression que mon cercle privé soit violé de sa présence. Je tourne ma tête vers lui, cependant, je ne le vois. Je sens seulement sa présence car il est du côté de mon oeil aveugle. Aveugle et barré...
- J'y ai participé, ou du moins le loup que j'étais à l'époque. C'est effectivement de celle-ci que je tiens ces cicatrices. Un vrai monstre, une bête de foire maintenu en vie par la folie humaine.
Pourquoi lui répondais-je? Le calme qui s'était insinué entre sa présence est la mienne était agréable, ce qui, m'étonnait quelque peu. Depuis quand n'avais-je pas été serein quand à la présence d'un de mes pairs à mes côtés? Cela devait remonté à un certain temps. Un temps qui m'était inconnu.
- L'as-tu vécu?
Je regardais de nouveau devant moi, connaissant déjà la réponse. Non, les solitaires ne participaient pas aux guerres de meutes. Non, Arès n'aurait pas du avoir sa place dans ces combats... Et pourtant... Pourtant, j'étais là aujourd'hui preuve vivante de la folie justicière d'un loup trop ambitieux.
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Mer 6 Avr - 13:17
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F: 15 - A: 17 - E: 27
Je l'observe en silence, comme si je pouvais répondre moi-même aux questions qui trottent dans ma tête juste en le regardant assez longtemps, avec une insistance non feinte.
- J'y ai participé, ou du moins le loup que j'étais à l'époque. C'est effectivement de celle-ci que je tiens ces cicatrices. Un vrai monstre, une bête de foire maintenu en vie par la folie humaine.
Un guerrier, donc. Un soldat probablement au service d'une meute, parce qu'il n'y a que les clans pour se battre de la sorte, au risque de laisser mourir leurs combattants. Un Sekmet ? Non, je l'aurais connu. Ou peut-être pas. Je reste silencieux, ne faisant aucun commentaire sur la "bête de foire" qui se tient à mes côtés et ne semble pas troublée par ma présence.
- L'as-tu vécu ?
Je regarde longtemps devant moi, silencieux comme la mort, calme comme l'eau du fleuve. J'ai fais la guerre, oui, mais pas ici. Pas sur le front des loups, et pas au service d'une meute.
- Je n'ai pas été sur les fronts dont tu parles. J'ai été abandonné par les miens très jeune et j'ai connu pas mal de choses, mais pas la guerre des meutes.
Ces foutus Sekmet, lâches et égoïstes. Un louveteau disparaît ? Peu importe, d'autres naîtront ! Eh bien voilà, le louveteau sacrifié est de retour, et il sera votre perte désormais. Ou tout au moins, celle de la mère qui l'a lâchement laissé seul grandir et apprendre. Je soupire mais je reste fixé sur l'eau qui court devant nous, imperturbable, observatrice silencieuse du monde et des carnages qui s'y déclenchent. Est-elle seulement atteinte par ce qui arrive autour d'elle ? Les légendes courent dans son lit, emportées avec le courant vers d'autres contrées plus lointaines. Des légendes que nul autre qu'elles ne connaîtra jamais.
De ce promontoire, j'observe tel un fantôme dont le temps s'est arrêté, le monde dans lequel ce corps est obligé de survivre, de subir.
- Je n'ai pas été sur les fronts dont tu parles. J'ai été abandonné par les miens très jeune et j'ai connu pas mal de choses, mais pas la guerre des meutes.
Abandonné par les siens? Ainsi donc ce monde n'avait pas de pitié que ce soit pour les jeunes comme pour les vétérans. Chacun connaissait leur part de souffrance, de haine et de colère. Mais après tout, quoi d'étonnant? Qui nous a promis que nous aurions notre moment de bonheur un jour? Qui nous a promis un seul instant, que nous serions heureux en ces terres? Personne. Car personne n'en a ce pouvoir. Que ce soit les loups, les aigles ou les hommes, seul le destin choisit de quoi notre futur sera fait, et de a quelles souffrances nous devrons faire face.
- Tu m'as l'air d'avoir un sacré vécu. Que dirais-tu de me montrer tes aptitudes? Je suis toujours curieux de découvrir de quoi mes compères sont capables. C'est ainsi que j'apprend.
Ce n'était là qu'une vague idée. Une possibilité d'essayer de combattre mon destin, mon avenir. Devenir plus fort pour mieux resister, n'etait-ce pas là ce que nous avions de mieux a faire?