Jauges:

L'odeur âcre du sang du soleil m'emplit la truffe lorsque je pénétrai dans un caniveau où des cendres des pluies brûlantes s'entassaient. Mes pattes soulevèrent des nuages de poussière à mon passage. Je levai la tête. Aucun astre tombant du ciel rougeoyant en vue.
Je continuais mon avancée dans la fosse en ruminant mes pensées. 
La vie était une suite interminable d'esquives des pluies du soleil et de chasse. Quelle pagaille. La cave soufflée me manquait tant...
Alors que je pénétrais dans un tuyau passant sous le niveau normal du sol, une peur m'envahit lorsque je sentis l'odeur ennemie.
Un Sekmet ! 
En vain, les espions avaient tenté de les trouver, sans succès. Peut-être étais-je sur leurs traces ! La peur fit place à l'excitation.
Je sortis du tuyau et j'eus le temps d'apercevoir une queue noir et blanc disparaître à l'intérieur d'une hangar. Vite !
Sans réfléchir au danger, je me précipitai à la suite de l'inconnu et pénétrai dans l'endroit.

Étais-je supposée être ici ?

Cette question me brûlait la cervelle. Pourtant je me l'étais pas posée lorsque je m'étais enfuie de ma nourrice; un moment où j'aurais dû y penser. Mais non, je suis encore louveteau, et comme vous le savez sûrement, les louveteaux, c'est avant tout... curieux. Et j'avais entendu parler de cette ville abandonnée. J'avais entendu parler des Esobeks. On racontait qu'ils venaient parfois ici. J'espérais ne pas en croiser honnêtement; de mon caractère confiante je n'aimais pas les conflits et je suis sûre que ça en aurait créer.
Je m'avançais, la truffe alerte, mais l'odeur des Pluies du Soleil couvrait tout, ou du moins presque. Pas facile de repérer si quelqu'un s'en vient ici.
Ce qui était le cas. Mais bien sûr, j'étais trop intriguée pour m'occuper de cette jeune louve de mon âge, qui me suivait. Je l'ignorais, je ne savais pas que j'avais quelqu'un à mes trousses. J'étais trop émerveillée par ce qui m'entourait, ce nouveau lieu que je venais de découvrir.
Car oui, je suis venue ici pour voir de quoi ça a l'air.
J'entrai dans ce qu'on appelait au Hangar. Mais c'est là que j'entendis des pattes se poser derrière moi. Je fis volte-face, inquiète.
"Il... Il y a quelqu'un ?" lancai-je, tentant de paraître pas le moins du monde effrayée.