Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Un bruit sourd me tira brusquement de mon sommeil. Les yeux à demi-clos, je bondis de mon lit pour saisir l'arme la plus proche et m'extirper aussi rapidement de mes couvertures. Malgré mon air très sérieux - en effet, un pyjama à quatre heure du matin, c'est parfait, - je sifflais entre mes doigts, appelant ainsi mes deux clébards. Ils étaient du matin, eux. A peine ai-je pointé le bout de mon nez dehors, qu'une masse de poils hirsute était en train de renverser une grande partie des poubelles du voisinage. Encore ces foutus loups ! Je fronçai des sourcils, m'élançant en avant et ordonnant à mes compagnons de pister la proie. Comme je l'avais prédit, le loup me fila tout d'abord entre les doigts, fuyant rapidement vers le Nord. Ni une ni deux, je courais à toutes jambes derrière, alors que mes chiens l'avaient presque attrapé. Enfin, presque... Il était rapide, le bougre ! Ce n'est pas si facile que ça, attraper un loup ! Sauvage, qui plus est ! Mais cette fois-ci, il ne reviendra plus pour fouiller dans les poubelles. C'est le bon côté de la chose.
Je redressais le viseur de mon fusil jusqu'à mon œil, pour encadrer la silhouette de l'animal qui cavalait dans celui-ci. Plus que quelques secondes, et il serait parfaitement centré... Un.. Deux.. Trois.. Bang !
« Merde ! »
C'était peine perdue. Il courait trop vite. Je soufflais, sifflant par la suite pour rappeler les chiens. Dire que j'aurais pu l'avoir. Qu'est ce que je suis con ! D'un air déçu, je retournais en arrière, direction maison, secouant mollement mon flingue. Mes compagnons de voyage baissèrent leurs oreilles, alors que je trébuchai sur le pas de ma porte. Décidément, cette journée avait clairement mal débuté.