Mauvais présage, pensa la guérisseuse alors que l'aube, qui d'habitude peignait le ciel d'ocre et de rouge, n'était plus qu'un mélange de rouge sanguin et de gris. Un amas de nuages jaspés de rouge s'amoncelait là, juste au dessus d'elle, amenant avec lui violentes bourrasques et désolation.

Ses vieux os frémirent cependant que des grondements tonnèrent dans le ciel, tel le rire macabre d'un géant en réveil.
Saletés, jura intérieurement la solitaire. Quoiqu'elle puisse dire ou faire, le Destin avait encore une fois usé de ses pouvoirs et allait faire pleuvoir des pluies ardentes et assassines sur elle ainsi que sur tous ses pairs.

Elle se réfugia en son antre et attendit. Les jours passèrent, la pluie commença à tomber, incendiant de nouveau la Ville. Elle craint un instant que son antre allait céder aux assauts des pluies mais, tout comme elle, la charpente tint bon. Elle resta le ventre vide durant tout ce temps, aucune escapade n'étant possible durant les instants de pluies qui étaient de plus en plus rapprochés.

Alors qu'une accalmie semblait poindre, la solitaire s'éloigna de son antre à la recherche d'éventuelle proie et, par la même occasion, évaluer les dégâts autour de son antre. Rien ne lui échappait. La pluie avait du faire de vraie désastre, mais pas ici. En la Ville, elle s'était contentée de grignoter ce qu'elle pouvait mais les bâtisses en pierre de l'époque Humaine opposaient une farouche résistances aux pluies affamées.

Soudain, une odeur. Ou plutôt, des odeurs.
La truffe de Mambo se plissa. Son odorat, aiguisé par des années de pratique, reconnut presque aussitôt l'odeur des Meutes.

Pourquoi viennent-ils donc importuner ma si douce existence ? , râla-t-elle en examinant les horizons. Au loin, un vieux bâtiment muni de grandes tours se tenait. A l'opposé, séparés de plus de cinq cents mètres, des murs de pierres entouraient une large pente qui semblait s'enfoncer dans les entrailles de la terre.
Il n'y avait pas un endroit que la solitaire n'eut visité en ces Ruines. Et elle savait ces deux bâtiments aptes à cacher quelque loup.

Elle n'avait pas peur de ces guerriers entêtés, bien au contraire. Ils n'avaient qu'à essayer de la chasser d'ici, de son chez-elle, et elle leur ferait goûter à ses crocs qui n'avaient pas perdu de leurs fermeté en ses sept ans. d'existence

La découverte des lieux m'enchantais guère. J'y avais déjà fais un tour lorsque j'étais en balade et y avait rencontré une personne qui a présent faisait partis intégrale de ma vie. C'était d'ailleurs assez frustrant à s'imaginer. Je soupirais alors que mon museau parcourait le sol. Les pluies qui venaient de s'abattre il y a encore quelques temps m'avait grandement affaibli et surtout, affamée. Je ne souhaitais en rien croisé ne serait-ce qu'un autre membre de ma meute, surtout que plusieurs odeurs flottaient dans les parages. C'était inévitablement quelque chose que je souhaitais éviter.

Alors que je marchais doucement, je m'arrêtais soudain, reniflant l'air. Je n'étais pas seule. Mais derrière toutes ses odeurs, j'en reconnus une familière. Le sourire me gagna les lèvres alors que je me dirigeais, tout de même avec prudence, vers cette odeur. Je me tapis derrière un rocher et observais. J'attendais que Mambo soit de dos pour bondir derrière elle, laissant mon rire résonner légèrement.

« Bouh ! »

On aurait pu croire à un louveteau heureux de revoir de nouveau celle qui l'aimait tant. Doucement, je me calmais et me concentra sur les odeurs alentours. Cela n'était pas de bonnes augures. Mes oreilles allaient et venaient, guettant le moindre bruit. Je n'aimais vraiment pas cette situation, j'avais l'impression d'être épiée, alors je surveillais mes paroles.

« Comment vas-tu, depuis la dernière fois ? »

Je m'adressais à Mambo, mais mes yeux étaient rivés sur les rochers qui pouvaient abrités n'importe qui.