Guérisseur blessé

Force : 100 - Agilité : 100 - Endurance : 100

Papa était parti depuis déjà pas mal de temps, et moi je m’entraînais à rechercher des plantes, je commençais à mieux les reconnaître maintenant, j’avais même réussi à guérir ma patte la dernière fois. Je n’avais jamais effectué des grosses guérisons, mais avec de la chance, je réussissais à trouver de bonnes plantes et je commençais à découvrir comment m’en servir. Lorsque je le vis revenir dans la tanière du Styx dans laquelle il m’avait emmené il n’y avait pas si longtemps que cela, j’ouvris grand les yeux, tant ses blessures m’impressionnaient. Affolé, me mettant à couiner un peu, je me précipitai vers le loup qui était à présent mon père.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ! »



J’étais réellement paniqué, ne savant pas vraiment quoi faire, Emarok avait l’air de vouloir que je le soigne. Je hochais la tête en écoutant ses instructions. Les choses sérieuses commençaient. Il me demanda de prendre de la Camomille que nous avions préalablement fait séché. En même temp,s je prenais une grosse feuille de chêne et un pe de sève, que j’étalais ensemble sur ses plaies. Je commençais à appliquer d’abord la sève, puis, je mis les feuilles séchées, appliquées soigneusement sur les plaies de mon mentor. Mes pattes ne tremblaient pas, chaque geste était précis, j’avais repris mon calme, et je regardais à présent la plaie avec un tel détachement que je m’étonnais moi même, moi qui était presque au bord des larmes quand je voyais la moindre goutte de sang couler sur un pelage. Mais là, c’était différent, c’était ce que j’avais toujours voulu faire, soigner. La blessure n’était plus cette chose horrible et douloureuse, je ne m’imaginais même pas la douleur que pouvait ressentir mon père à ce moment là, trop concentré sur ce que moi j’avais à faire. Après avoir appliqué sur les plaies les feuilles et la sève, je me précipitais pour prendre la toile d’araignée délicatement ainsi quele grenat fané et la graine de pavot, que je posais à côté de Emarok sur une petit feuille. Précis, j’enroulais le museau doucement mais contentieusement dans la toile d’araignée, en faisant bien attention de ne pas la déchirer pour que le bandage soit plus efficace. Le saignement était déjà très ralenti par la pression que ce bandage exerçait. Puis, je pris sur ma patte le grenat fané et la graine de pavot que je glissais dans le grenat pour que ça passe mieux, je réduisait aussi un peu le grenat en le tassant, pour qu’il passe mieux dans la trachée. Je le donnais à Emarok pour qu’il l’avaler d’un coup sec.

Après tous ces traitements exécutés à la lettre selon les instructions de mon mentor et père, je m’écartais un peu, comme pour regarder mon « travail » de plus loin, savoir si j’avais bien tout appliqué sans rien oublier. Apparemment, ça avait l’air d’aller. Je poussais alors un long soupir, mais discret, comme si pendant tout ce temps j’avais retenu ma respiration sans même m’en rendre compte.

L’anxiété refaisait surface, je n’étais plus dans ma peau assurée de futur guérisseur. Mon problème, c’est que je lisais si bien dans les yeux. Je n’avais jamais beaucoup parlé, je n’en avais pas besoin, parce que je savais déjà ce qu’on voulait en lisant dans le regard des autres. Et je connaissais Emarok à présent, je savais, je voyais dans ses yeux que ce n’était pas tout, qu’il y avait autre chose de grave, et cela ne me rassurait pas du tout. Les pattes qui s’enfonçaient nerveusement dans le sol de la tanière, je plongeais mon regard dans celui d’Emarok , toujours à la distance que j’avais prise pour mieux observer ses blessures.

« Et Maintenant ? »

Guérisseur blessé

Force : 100 - Agilité : 100 - Endurance : 100

Emarok me regarda droit dans les yeux et m’annonça une nouvelle à laquelle je ne m’attendais vraiment, mais alors vraiment pas. Je déglutis un moment. Il allait falloir partir, selon lui. Nous étions déjà souvent au Styx et presque jamais chez les Esobeks, mais j’avais des amis là-bas, et la plupart du temps, j’allais les voir pour m’amuser. Il y avait surtout Saphir que j’aimais bien. Mais sinon, c’est vrai que finalement je n’avais pas beaucoup d’attaches chez les Esobeks. Je relevais doucement la tête, et regardais Emarok dans les yeux maintenant.


« Je suis tellement triste pour Kali... Et alors, on va devoir partir pour toujours ? Habiter là-bas avec Koda et Audric ? Et cette fille, Anya, c’est qui ? Elle est Navnik elle aussi ? Ca veut dire qu’on va devenir Navnik alors... »

Je frissonnais de stupeur.

« Mais tu sais les gens disent chez nous qu’ils sont méchants... Enfin, je ne connais personne là bas, alors je sais que tu m’as dit de ne pas avoir de préjugés sur ce que l’on ne connait pas mais papa... Est-ce qu’on va devenir méchants nous aussi ? »



J’étais un peu perdu, stupéfait, légèrement effrayé par ce que Emarok venait de me dire. Je ne voulais pas être méchant. Je ne voulais pas tuer des gens, les blesser, moi je voulais les guérir, tous. Sauf ces méchants de la meute de Chayton. Sauf celui là. Un jour, je le laisserai mourir. Je ne sais pas comment je vais faire, mais un jour je vais me venger de ce qu’il m’a fait subir avec maman. Mais cette haine, une haine que je détestais et je me détestais moi même de penser cela, cette haine je ne la vouais qu’à Chayton et sa meute. A personne d’autre. Je voulais sauver des vies, pas en prendre. Je ne voulais pas devenir méchant. Non... Pas devenir comme mon géniteur.

Guérisseur blessé

Force : 100 - Agilité : 100 - Endurance : 100

J'écoutais attentivement ce qu'Emarok voulait me dire. Je hochais doucement la tête. Il n'avait même pas à me proposer de rester ici. Je n'arrivais pas à m'imaginer une vie sans mon père, ce n'était pas possible. J'avais déjà trop été abandonné, alors je ne voulais pas quitter la seule personne au monde qui continuait malgré tout à m'aimer. Malgré mon ascendance, malgré le fait qu'un Sekmet soit mon géniteur, malgré le fait que maman m'ait laissé ici, seul, avec le guérisseur qui se trouvait en face de moi. Je fronçais les sourcils, un air contrarié, et clairement en train de réfléchir à ce que je deviendrai une fois Navnik. Car je ne pouvais pas rester sans mes frères et mon père. Et je ne voulais pas laisser mes frères seuls avec les vrais Navniks, que mon père entre dans la meute complètement ou non.


L'air sérieux, le front plissé, relevant la tête, comme si d'un coup j'étais prêt à supporter toutes les choses possibles et imaginables qu'on pourrait endurer ensemble, je lâchais :


" Alors je serais Navnik avec vous."


Doucement, je m'approchais de mon père et me blottis contre lui. A l'intérieur, j'étais encore un peu un enfant, qui avait tant souffert de manque d'affection au début de sa vie. Emarok avait su m'offrir la famille, le soutien, les murs porteurs dont j'avais besoin. Je le suivrais partout, je poursuivrais ma formation, j'aiderai mes frères dans leur nouvelle vie. Là sera notre avenir. Esobek, Navnik ou solitaire. Peut importe, tant que nous étions ensemble.