Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le souffle du vent ébouriffe légèrement mon pelage tandis que je patrouille le long des frontières du territoire d'un pas serein et discipliné. Les nuages se gonflent soudainement signe d'une averse imminente. Mes yeux se lèvent vers le ciel et étudient la voute céleste d'un gris des plus morne et désespérant. Aux dernières nouvelles, les lames de foudre se concentraient sur les terres du sud bloquant par la même l'avancée des envahisseurs et de leurs fameux Hellhounds dont la réputation de machine à tuer suicidaire n'était plus à prouver. Néanmoins, prudence est mère de sureté et je ne tenais certainement pas à perdre quelques touffes de pelage dans une averse carbonisante. Je reporte finalement mon attention sur les alentours et continue ma surveillance des frontières après avoir estimé que la pluie qui ne manquerait pas de tomber dans les instants qui allaient suivre n'était pas acide. Une grosse goute venant s'écraser sur mon museau confirma mon jugement et c'est au pas que je rejoignis le couvert des arbres pour m'abriter. M'asseyant confortablement sous un arbre aux branches suffisamment épaisse pour me protéger de la pluie qui bien que non acide n'est pas des plus agréable. Mon regard balaie les bois tandis que je laisse mes pensées dériver tel un radeau au milieu d'un océan turbulent. Mes pensées me ramènent vers le cadavre ambulant, le revenant rempli de haine ayant usurpé l'apparence de l'un des êtres que j'ai apprécié durant chaque seconde passé en sa compagnie. D'un loup pour qui j'aurais pu sacrifier tant de choses et peut être même ma propre vie. Mais, ce loup là était bel et bien mort et enterré. Du moins pour moi, j'avais mal au cœur en repensant à l'état de ce loup rempli de haine. Mais, la culpabilité se mêlait au rejet et à la déception. Ainsi, j'avais mal jugé Arès, il n'était pas le loup que j'avais cru qui l'était. Il n'accordait pas la moindre once d'importance à notre amitié. Qu'avais je été à ses yeux ? Le Navnik que l'on considère comme un ami pour se dédouaner des crimes des siens. L'impression d'avoir été floué enserre mon poitrail. Moi qui avais cru qu'il s'agissait de fraternité. Alors certes, j'avais utilisé à mon avantage son amnésie pour défendre la meute mais encore une fois je ne l'avais jamais appelé sur le champ de bataille, je ne lui avais pas demandé de se dresser contre son alpha avant cette bataille. Je lui avais dit que nous devrions tenter de tout faire pour faire avorter ce conflit. Il aurait pu en parler aux membres de sa meute, ou venir avertir ma meute du moment de l'attaque. Est ce ma faute s'il m'avait vu me faire tailler en pièce par ses amis ? J'ai bel et bien une part de responsabilité non négligeable dans son destin tragique mais m'accuser de tout ses maux est bien trop facile. Le gout amer que j'ai dans la bouche en repensant à Arès n'indique que trop bien ce que m'inspire toute cette histoire. La pluie cesse finalement au bout de quelques minutes et je m'élance à vive allure vers la frontière avec le territoire des Esobeks. Je la franchis sans hésitation. Je ne viens pas pour chercher les embrouilles ou pour aller les provoquer. Je n'ai aucune mauvaise intention. Je dois juste parler à Plume Rousse. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je le dois au sujet d'Arès. C'est en partie à cause du "meurtre" de ce loup que j'ai voulu l'abattre durant la bataille et que je l'ai détesté chaque seconde depuis ce bain de sang. Alors, je dois la voir. De toute manière depuis la réunion entre Navniks et Esobeks, les membres des deux meutes peuvent se balader sur les territoires voisins à condition de ne pas avoir d'intentions néfastes. Je m'arrête finalement au milieu du seul territoire Esobek que je connaisse car c'est le lieu ou j'avais rencontré la solitaire devenue bras droit avant de me faire expulser par une sentinelle légèrement fainéante et tète à claque. Ma posture est neutre et j'attends patiemment que la louve blanche me trouve. Je préfère ne pas alerter toute la meute de ma présence. On ne sait jamais sur qui on peut tomber même ici chez les Esobeks. Et, puis je suis persuadé que la louve effectue elle même des tours de patrouille. Tout ce qu'il me reste à faire est attendre.
La guerre avait laissé derrière elle des loups blessés, des loups retenus dans un laboratoire... Ils avaient alors réussi à mettre leurs différents de côtés pour enfin s'entendre et libérer ceux qui attendaient de sortir un jour de chez les Hommes. En observant l'état de ces loups qui étaient revenus du laboratoire Plume avait compris qu'ils avaient soufferts, ce qui ne l'étonnait pas puisque les Hommes étaient généralement des monstres... Puis, alors qu'ils pensaient que tout était fini, que tout était enfin devenu calme... Des nouveaux Hommes étaient apparus avec des chiens capable d'exploser sans aucunes raison et donc faire énormément de dégâts. C'était pour ça que la rousse faisait aujourd'hui le tour des terres Esobeks, observant les alentours en restant en état d'alerte... Il ne fallait pas qu'elle tombe sur un de ces chiens, auquel cas ils devraient encore le chasser.
Laissant échapper un long soupire elle continuait d'avancer, la boue couvrait ses pattes et de la pluie non "dangereuse" tombait sur son pelage. L'humidité ne se faisait pas encore sentir puisque la louve rousse avait un pelage des plus épais, du moins pendant ces saisons là. Accélérant la cadence elle avait sentit l'odeur d'un loup Navnik, une odeur qu'elle connaissait à force, c'était celle du Bras Droit qui accompagnait généralement l'alpha, Helya. Elle ne se montrait pas agressive car après tout il y avait désormais un droit de passage endre les deux meutes tant que les loups ne posaient pas de problème, et c'était une fois la silhouette du grand noir en vue qu'elle se permettait de stopper sa marche pour le saluer.
- Bonjour Navnik.
Elle ne connaissait pas véritablement le nom de ce loup, peut-être avait-il déjà été cité lors des réunions ou autre mais elle n'en avait pas gardé le souvenir. Prenant le temps de s'assoir elle l'observait alors, il s'était plutôt bien remis de la guerre tout comme elle au passage même si quelques cicatrices étaient encore visibles sur son museau, cela finirait bien par partir de toute façon étant donné que la repousse des poils cachait généralement le tout. Au final ce loup n'était peut-être que de passage mais elle préférait bien-sûr vérifier qu'il ne lui voulait rien, suite à cela elle reprendrait sa ronde.
Spoiler:
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Lun 28 Mar - 16:17
105/105/105
Le bosquet tortueux qui donnait son nom à cette portion du territoire Esobek portait parfaitement bien son nom. Car, les arbustes m'environnant bien qu'étant pour la plupart si calcinés que la couleur de leur tronc avait tronqué le marron noueux pour le noir profond semblaient former un entrelacs délicat de verdure formant à certains égards un schéma que l'étranger à ces terres que je suis semblait bien incapable de déceler. Quant au terme bosquet il devait surement convenir à une autre époque antérieure à celle de la guerre des hommes car de bosquet point de trace. Mes yeux dorés avaient beau se déplacer en tout sens et observer le terrain sous toutes les coutures tout ce qui se présentait à ma vue n'était qu'un amas d'arbres, arbustes et autres végétaux déracinés ainsi qu'une succession de souches qui avaient du en voir des horreurs infligées par les hommes. Témoins silencieux d'une ère de souffrance et de chaos. Deniers vestiges d'une époque oubliée durant laquelle tout était différent et surement plus simple. Mais, il m'arrive parfois de me demander si c'était le monde qui était plus simple ou si c'est simplement nous qui sommes devenu compliqué. Je me détourne finalement de mon observation détaillée des environs. L'air vivifiant du printemps emplit mes poumons dans une inspiration qui m'apprend la proximité d'une Esobek. Je me lèche rapidement le poitrail dans une toilette sommaire et prends une posture neutre et droite. Mon visage n'est qu'un masque impassible comme à l'accoutumée. Je tends l'oreille et repère les martèlements sur le sol signalant l'allure soutenue de la femelle Esobek. L'effluve se rapproche à vive allure et je ne bouge pas d'un iota parfaitement discipliné et sans aucune once de crainte, sur de ma bonne foi et des termes de l'entente entre les deux meutes.
La puissante femelle blanc-roux se présenta à ma vue et ralentit l'allure après m'avoir identifié. Celle ci ne montra aucune agressivité et stoppa sa marche pour me saluer d'un petit bonjour Navnik. J'incline légèrement ma tète dans un salut respectueux et lui réponds : Bonjour Plume Rousse.
L'alpha Esobek s'assit sur le sol et prit le temps de me détailler. Pensait elle à ce furieux face à face dans lequel nous avions failli nous entretuer sur le sable chaud de la dune ? Je prends quelques instants pour la détailler à mon tour et constate qu'elle a bien récupérée de ce combat durant lequel j'avais fait preuve d'une barbarie proche de celle d'un berseker. Son visage ne porte pas de traces visibles de mes assauts meurtriers et quelque part j'en suis soulagé sans même vraiment savoir pourquoi. Mon sentiment à son égard était empreint d'une haine profonde et mortelle il y a encore quelques jours et ce malgré mes efforts pour que ces terres connaissent une paix inter-meute durable et prospère. Néanmoins quelque chose avait radicalement changé la donne. Quelque chose qui me touchait personnellement et ne devrait pas manquer d'en faire de même avec elle car le loup en question avait été son général. Je ne sais pas si elle a ressenti de la culpabilité pour la supposée mort de ce loup que j'avais chéri dans ma mémoire et pleuré durant de longs mois et avec lequel je ne voulais désormais plus avoir le moindre contact. Mais, j'avais estimé qu'elle méritait de savoir. Qu'elle n'était pas une meurtrière, qu'elle n'avait pas à s'en vouloir. Et puis, si jamais ce dernier tentait de s'en prendre à elle, elle serait prévenue. Je prends finalement la parole, brisant le silence qui s'était installé : Je dois te dire quelque chose mais je ne sais pas vraiment comment le faire. C'est à propos. A propos d'un ancien ami commun si je puis dire.
Je prends un temps de pause pour chercher la formulation idéale mais ne trouve pas alors je plante mes yeux dans les prunelles bleus de l'Esobek, cherchant un moyen de parvenir à énoncer cela à voix haute.
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Sam 2 Avr - 11:34
Le guerrier noir
Ebène et Plume Rousse
Le loup noir était là à l'observer, il devait lui annoncer quelque chose mais quoi ? La louve ne savait pas, il parlait ici d'un ami "commun", il semblait chercher ses mots faisant par là une pause. Ceci devait-être important et la louve avait beau chercher dans ses souvenirs elle n'y trouvait guère d'ami en commun. Du moins, pas pour le moment... Était-ce un loup qu'elle avait autrefois rencontrer dans sa meute ? Peut-être que oui, peut-être que non... Ou alors celui-ci se trouvait-être un solitaire ce qui n'était pas chose impossible finalement quand on y repensait. Enroulant encore une fois sa queue autour de ses pattes elle prenait calmement la parole pour répondre au grand noir, après tout elle n'allait pas rester sans voix si ? Il fallait bien qu'elle lui réponde à ce brave loup qui s'était déplacé rien que pour la trouver.
- Bien je t'écoute, ne cherchez pas vos mots, dites ceci comme cela vous viens à l'esprit, ne faites pas de manière cela n'est point nécessaire.
Oui elle ne voulait pas qu'il s'embête pour elle même si elle appréciait le "geste". Ce n'était pas nécessaire, elle voulait simplement savoir ce qu'il y avait de si grave avec cet ami commun... Après tout cela pouvait aussi être un fantôme du passé que la louve aurait préféré oublier... Plaquant légèrement ses oreilles elle marquait le fait qu'elle réflexionnait, en même temps qui ne le ferait pas avec un tel genre d'annonce ? La chose devait cependant être relativement grave pour qu'un Navnik se déplace pour venir la voir... Ce n'était pas possible que cela soit anodin et c'était bien ce qui stressait très légèrement la rousse qui ne le montrait pas pour autant, elle gardait son grand calme comme elle avait apprit à le faire.
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